Clinic n° 05 du 01/05/2020

 

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Journal of Dental Research  

Traduit de J. Dent. Res. 2020 Traduction Philippe François

Introduction

Le COVID-19 est une maladie infectieuse émergente apparue dans la région de Wuhan (Chine) à la fin de l'année 2019. Depuis, cette maladie est devenue une véritable pandémie touchant notamment l'Europe et la France. En raison des caractéristiques propres à la pratique de la médecine bucco-dentaire, les risques de contaminations croisées entre patients et praticiens au cours d'actes dentaires est très élevé. Lorsqu'une prise en charge doit être...


Introduction

Le COVID-19 est une maladie infectieuse émergente apparue dans la région de Wuhan (Chine) à la fin de l'année 2019. Depuis, cette maladie est devenue une véritable pandémie touchant notamment l'Europe et la France. En raison des caractéristiques propres à la pratique de la médecine bucco-dentaire, les risques de contaminations croisées entre patients et praticiens au cours d'actes dentaires est très élevé. Lorsqu'une prise en charge doit être effectuée, des protocoles stricts et rigoureux doivent être mis en place pour assurer la sécurité des patients et des praticiens. Le but de cet article est de fournir des recommandations sur la prise en charge de nos patients pendant toute la période de l'épidémie.

Matériel et méthodes

Ce document est un avis d'experts. Il rapporte notamment les mesures organisationnelles et sanitaires prises à la faculté de stomatologie de Wuhan (berceau de l'épidémie) durant l'épidémie en Chine mais liste également les défis spécifiques posés par le COVID-19 dans notre pratique. C'est la première publication internationale à s'être intéressée aux problématiques causées par le COVID-19 en médecine bucco-dentaire.

Résultats et discussion

Les auteurs de cette publication font le point sur les éléments clés à savoir sur cette épidémie.

• Les deux modes de contamination majeurs sont aériens par gouttelettes ou par contact.
Dans les zones d'épidémie en Chine, seuls les soins dentaires d'urgence ont été pratiqués.

• Les équipements de protection individuels (masques chirurgicaux, visières non étanches) utilisés habituellement ne suffisent pas pour se protéger face au COVID-19. En effet, les instruments rotatifs (turbine/contre-angle) et ultrasons sont capables de générer des aérosols lors d'actes réalisés dans l'environnement buccal. Ainsi, l'équipement de référence face à ces gouttelettes et aérosols pour pratiquer des soins à risques semble : masques FFP2, surblouses, lunettes étanches. Le port de casaque n'est pas discuté dans l'article mais semble être une précaution supplémentaire à ajouter.

• Le nettoyage fréquent et régulier des mains est indispensable pour ne pas disséminer le virus dans son environnement de travail. Ce virus peut en effet persister sur une surface durant quelques heures à quelques jours (cela a notamment été confirmé depuis cette étude dans une publication dans le New England Journal).

• Les soins doivent se dérouler dans une salle isolée et bien ventilée. Cette salle doit être scrupuleusement désinfectée après chaque soin.

• À l'hôpital dentaire de Wuhan, 9 cas confirmés de COVID-19 ont été rapportés chez du personnel soignant ou administratif (sur 169 praticiens réquisitionnés pour les urgences). Il est peu probable que ces cas aient été liés à une contamination croisée patient-praticien.

• 700 patients ont été reçus physiquement durant la période de l'épidémie en soins d'urgence et plus de 1600 en téléconsultation. Avant toute consultation « physique », la prise de température et le questionnaire médical est indispensable pour écarter tout patient à risque.

• Avant tout soin invasif, une désinfection buccale au bain de bouche est souhaitable pour réduire la charge bactérienne.

• La substitution de radiographies intra-buccales (rétroalvéolaires/rétrocoronaires) par des examens extra-oraux (panoramique/CBCT) pour ne pas stimuler les sécrétions salivaires pourrait être intéressante en phase épidémique.
Les contre-angles (associés à des aspirations puissantes) sont à privilégier aux turbines pour générer le moins d'aérosol possible. La pose d'un champ opératoire (digue) est fortement conseillée pour limiter les aérosols lors des soins d'urgence.
Si des sutures sont nécessaires, préférer les sutures résorbables aux non résorbables pour ne pas faire revenir le patient pour la dépose des fils.

Pertinence clinique :

Cette étude montre que notre profession doit prendre des mesures particulières face à cette épidémie de COVID-19. Le médecin bucco-dentaire doit limiter ses actes aux strictes urgences dans ce contexte épidémique et mettre en place toutes les mesures possibles pour limiter les transmissions croisées (équipements spécifiques, limitation d'aérosols, téléconsultation...). En mettant en place toutes les procédures proposées dans cet article et mises en place au service de stomatologie de Wuhan, le risque de contamination est faible pour le praticien et les patients.

La majorité de ces propositions ont d'ores et déjà été reprises dans les directives annoncées par le gouvernement et l'ordre des chirurgiens-dentistes.