Clinic n° 05 du 01/05/2020

 

CFAO

Nicolas PITON  

Ce cas clinique simple, réalisé en collaboration avec le laboratoire Horslab, a pour objectif de montrer une possibilité d'utiliser la CFAO comme moyen de faciliter et de simplifier le travail du laboratoire de prothèse tout en permettant aux différents acteurs de la dentisterie d'accéder à des procédés de fabrication répondant aux exigences et normes de qualité des dispositifs prothétiques de plus en plus drastiques dans le domaine dentaire.

Cas clinique

Une...


Ce cas clinique simple, réalisé en collaboration avec le laboratoire Horslab, a pour objectif de montrer une possibilité d'utiliser la CFAO comme moyen de faciliter et de simplifier le travail du laboratoire de prothèse tout en permettant aux différents acteurs de la dentisterie d'accéder à des procédés de fabrication répondant aux exigences et normes de qualité des dispositifs prothétiques de plus en plus drastiques dans le domaine dentaire.

Cas clinique

Une patiente d'une cinquantaine d'année consulte au cabinet car la stabilité à court terme de sa reconstruction en prothèse fixe du bloc antérieur au maxillaire est remise en cause par une mobilité terminale des dents piliers due à une parodontite terminale.

Décision thérapeutique

Le caractère urgent et le tableau clinique nous orientent vers une prise en charge au travers de l'élaboration d'une prothèse partielle immédiate provisoire ; la très grande mobilité du bloc antérieur nous oriente vers le choix de la prise d'empreinte optique. L'objectif second de ce cas clinique est également de montrer les avantages de l'utilisation de ces nouvelles technologies dans ce type de configuration dont l'issue peut être risquée et assez incertaine lors d'une prise d'empreinte par méthode conventionnelle physico-chimique.

Nous noterons une dysharmonie esthétique du sourire (fig. 1) et un inversé d'articulé entre 22, 23, 24 et 32, 33, 34 (fig. 2).

Étapes cliniques

Étape 1

La très grande mobilité du bloc antérieur nous oriente vers le choix de la prise d'empreinte optique à l'aide du scanner intra-oral Virtuovivo de Dentalwings Straumanngroup (fig. 3). Nous aurions pu également utiliser la Wow de Biotechdental (fig. 4) ou la Heron de 3Disc (fig. 5) ou encore bon nombre de scanners du marché permettant l'export .STL.

Nous obtiendrons 3 fichiers de scan à l'issue de cette séance : un fichier pour l'arcade maxillaire, un fichier pour l'arcade mandibulaire, un fichier de positionnement inter-arcade (fig. 6).

Étape 2

L'empreinte maxillaire subira un traitement dans un logiciel tiers dit freeware, ici Meshmixer de Autodesk, afin de pouvoir retirer virtuellement les dents vouées à l'avulsion future comme on meulerait les dents sur le plâtre d'une empreinte (fig. 7 et 8).

Le fichier ainsi obtenu aura la même relation inter-maxillaire qu'auparavant (fig. 9).

Étape 3

Envoie des fichiers au travers de la passerelle sécurisée Circle for Dentist après avoir rempli toutes les informations d'une fiche de laboratoire classique. Nom, prénom, date de naissance, schéma dentaire (fig. 10), choix châssis, matériau, forme et teinte des dents (fig. 11), observation, heure de rendez-vous, téléchargements des documents de scans d'arches et scans faciaux (fig. 12).

Étape 4

Réception des données et de la commande via la passerelle en ligne sécurisée chez le prothésiste, ici le laboratoire Horslab.

Ce dernier va pouvoir modéliser sur un logiciel de modélisation en ligne Circle for Labs nommé Lucy, créé par Anatoscope.

Ce logiciel, fondé sur un protocole assez intuitif d'étapes successives, permettra de placer les dents prothétiques idéalement (fig. 13), de positionner l'axe d'insertion global (fig. 14) et également de pouvoir effectuer le design de l'armature du châssis (fig. 15) des selles prothétiques (fig. 16 et 17) allant jusqu'au design des fausses gencives comme on le ferait en méthode conventionnelle en sculptant sur la cire (fig. 18 et 19) !

Le calcul de l'occlusion se fera de manière spéciale au travers d'un algorithme de calcul particulier et unique lié à ce software.

Étape 5

Envoie de la modélisation dans le centre de production où sera entièrement prise en charge la fabrication de la prothèse amovible obéissant aux normes qualitatives les plus strictes. Le laboratoire de prothèse se décharge donc de l'aspect lourd en logistique de la fabrication au sein du laboratoire. Les prothèses ainsi fabriquées selon un processus particulier, fondé sur des techniques et des matériaux connus issus en majorité de la méthode conventionnelle et personnalisables en fonction des demandes, seront retournées au laboratoire de prothèse pour inspection et caractérisation, retouches, modifications particulières du client avant livraison au cabinet dentaire.

Étape 6

Réception au cabinet des prothèses dentaires sur un modèle imprimé (fig. 20). L'aspect de l'intrados (fig. 21) et celui de l'extrados (fig. 22) sont satisfaisants et nous permettent de valider la pose.

Étape 7

Anesthésie locale puis avulsion simple des dents et curetage alvéolaire (fig. 23). Enfin, pose de la prothèse en bouche (fig. 24 et 25) et contrôle de l'adaptation très satisfaisant. Le sourire de la patiente confirmera le résultat (fig. 26).

Conclusion

Nous voyons donc au travers de ce cas clinique assez courant dans un cabinet dentaire que les difficultés liées à la réalisation de la prothèse adjointe sont largement diminuées.

Cette discipline très largement délaissée par nos laboratoires ces dernières années au profit de la prothèse fixée dento et implanto-portée revient sur le devant de la scène, l'aspect « besogneux » de la fabrication étant complètement effacé pour faciliter sa réalisation au laboratoire afin que les prothésistes puissent se concentrer sur d'autres postes de leur activité.

Le confinement que nous vivons actuellement face à cette pandémie covid-19 nous montre plus que jamais l'importance de la re-localisation des systèmes de production et de la certification normée drastiquement des dispositifs prothétiques fabriqués pour nos patients et nous-mêmes.

Ne nous trompons pas, le monde dans lequel nous vivons change très rapidement ! Nous avons des solutions nouvelles. À nous de les explorer !