Clinic n° 03 du 01/03/2020

 

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JOURNAL OF DENTISTRY  

Traduit de Journal of Dentistry 2019 par Philippe FRANÇOIS

Introduction

La remontée de marge a été décrite et codifiée il y a près de 25 ans par Dietschi (également appelée en anglais Deep Margin Elevation ou Proximal Box Elevation) et est définie comme étant l'insertion d'un matériau en phase plastique dans des conditions strictes d'étanchéité afin de faciliter les étapes de restaurations directs ou indirectes ultérieures. C'est donc une technique de gestion de la limite sous-gingivale d'une restauration. Elle...


Introduction

La remontée de marge a été décrite et codifiée il y a près de 25 ans par Dietschi (également appelée en anglais Deep Margin Elevation ou Proximal Box Elevation) et est définie comme étant l'insertion d'un matériau en phase plastique dans des conditions strictes d'étanchéité afin de faciliter les étapes de restaurations directs ou indirectes ultérieures. C'est donc une technique de gestion de la limite sous-gingivale d'une restauration. Elle est présentée par certains auteurs comme une alternative non chirurgicale à l'allongement de couronne clinique lorsque celui-ci n'est pas souhaitable ou souhaité pour des raisons de délais opératoires ou de tropismes cliniques. Cette technique débattue avec vigueur depuis quelques années n'avait jusqu'à présent aucune publication venant apporter des informations sur ses performances à moyen/long terme.

Matériel et Méthodes

Entre 2007 et 2016, 197 restaurations partielles collées (RPC), céramiques ou composites, nécessitant la réalisation d'une remontée de marge, ont été réalisée sur 120 patients dans un cabinet libéral par un praticien ayant un exercice spécialisé et réalisant ses actes sous microscope opératoire. Ces remontées de marge ont été réalisées sur dents pulpées ou dépulpées, chez des dents ou la limite proximale était très sous gingivale et compliquait l'empreinte ou la pose d'un champ opératoire étanche. Ces restaurations ont ensuite été collées dans un second rendez-vous avec un protocole adhésif rigoureux. La qualité des restaurations réalisées a été évaluée selon les critères USPHS, à 58 mois en moyenne (écart de 4mois à 144 mois) par 3 évaluateurs calibrés et évaluées jusqu'à qu'un consensus soit obtenu entre eux. Le taux de survie des restaurations a également été calculé. (Pour rappel, une RPC est considérée comme survivante si elle est toujours présente le jour du contrôle indépendamment d'événements défavorables qui ont pu l'impacter (décollement, coloration importante...).

Résultats et Discussion

Le taux de survie estimé dans cette étude est de 95,9 %. La distribution des 8 échecs constatés était la suivante : 5 caries secondaires, 1 nécrose pulpaire, 1 alvéolyse sévère et une fracture. Aucune différence significative en termes de survie n'a pu être montrée sur les dents pulpées ou dépulpées, ainsi que lorsque la RPC était réalisée en composite stratifié de laboratoire ou en céramique. L'évaluation clinique a cependant permis de soulever un certain nombre de points intéressants. En effet, bien que cela n'impacte pas dans l'étude la survie des restaurations, dans 56 % des cas, le profil d'émergence de la remontée de marge est jugé radiographiquement acceptable alors que dans 44 % des cas il ne l'est pas. Enfin, il est à noter cliniquement, un vieillissement accéléré des RPC en composite.

Des limites peuvent quand même reportées pour cette étude bien menée : en effet, l'absence de groupe contrôle sans remontée de marge est dommageable. Tout comme d'aussi grands écarts de temps d'usage parmi les différentes restaurations inclues.

Signification clinique

Cette étude est peut-être l'une des premières qui permettra de réconcilier opposants et défenseurs de la remontée de marge. En effet, elle permet de mettre en exergue un certain nombre de points intéressants :

– Les échecs observés sont comparables à ceux observés lorsqu'aucune remontée de marge n'est réalisée.

– Lorsque la remontée de marge est bien réalisée, elle permet d'espérer un taux de succès clinique au moyen/long terme comparable à celui obtenu sur une dent n'en ayant pas nécessité.

– Il est à noter que le protocole de réalisation proposé dans l'article est extrêmement rigoureux pour arriver à ces résultats favorables (microscope opératoire, adhésif MR3...) et qu'aucune durée de réalisation de l'acte n'est précisée

– Cependant, elle n'est pas anodine et sans impact. Celle-ci ne doit pas être généralisée à tous les cas car le profil d'émergence de la dent est souvent difficile à contrôler. Elle est donc complémentaire à l'allongement de couronne clinique et répond à des indications.