Clinic n° 02 du 01/02/2020

 

Équipe et Espace

Stéphanie Huret et Anne-Laure Charreteur, toutes deux trentenaires, ont ouvert en janvier 2019 leur nouveau cabinet dans le quartier commerçant de Bercy au cœur de Paris, avec comme fil conducteur le numérique. Un leitmotiv qui se décline de la prise de rendez-vous au flux de l'imagerie et au travail prothétique selon le système « chairside ».

C'est un cabinet 100 % féminin et... 100 % numérique. Diplômées de la faculté de chirurgie-dentaire de...


Stéphanie Huret et Anne-Laure Charreteur, toutes deux trentenaires, ont ouvert en janvier 2019 leur nouveau cabinet dans le quartier commerçant de Bercy au cœur de Paris, avec comme fil conducteur le numérique. Un leitmotiv qui se décline de la prise de rendez-vous au flux de l'imagerie et au travail prothétique selon le système « chairside ».

C'est un cabinet 100 % féminin et... 100 % numérique. Diplômées de la faculté de chirurgie-dentaire de Paris V, respectivement en 2007 et 2009, Anne-Laure Charreteur et Stéphanie Huret se sont associées, depuis janvier 2019, sur la base d'une vision partagée du soin résolument tournée vers le numérique. Travaillant chacune trois jours et demi par semaine, elles ont ouvert leur cabinet à deux collaboratrices libérales, l'une est en train de préparer un DU d'implantologie et l'autre est assistante en prothèse à Paris V. L'équipe est complétée par deux assistantes qui travaillent principalement au fauteuil et gèrent la stérilisation. Il n'y a en revanche pas de secrétaire. Mais les patients sont orientés à l'entrée de la maison de santé, au premier étage de laquelle est situé le cabinet, dans ce quartier commerçant de la capitale, autour de la bibliothèque François-Mitterrand.

Les autres entités de la maison sont occupées par une pédiatre, un pédopsychiatre, un psychiatre, un médecin généraliste, un gastro-entérologue et un ophtalmologue, ainsi qu'un second cabinet dentaire. « Les locaux que nous avons repris étaient déjà utilisés comme cabinet dentaire, raconte Stéphanie Huret. D'un point de vue architectural, nous n'avons rien modifié. Nous nous sommes contentées de nous approprier les murs en modifiant la décoration à notre goût. » Contemporaine et sobre, la salle d'attente constitue une sorte de sas d'entrée à l'orée duquel les assistantes viennent accueillir les patients pour les conduire dans les salles de consultation. Le cabinet compte trois fauteuils et un petit bloc opératoire. « La masse salariale est un gros budget dans un cabinet, souligne Stéphanie Huret. C'est pourquoi nous avons choisi de nous passer de secrétariat physique et d'externaliser afin de privilégier les postes d'assistante au fauteuil. » La prise de rendez-vous peut se faire via les applications de prise de rendez-vous, mais également par un secrétariat téléphonique à distance. Les agendas des praticiennes sont partagés afin de pouvoir gérer en temps réel l'utilisation des salles, du matériel et le recours aux assistantes. « Dans le futur, nous envisageons d'avoir également un secrétariat pour recevoir les patients et gérer leur dossier, ajoute Anne-Laure Charreteur. Simplement, nous avons choisi d'étaler les investissements dans le temps. »

D'un point de vue juridique, les deux associées ont créé une société civile de moyens (SCM), qui est locataire de la société civile immobilière (SCI), dans l'attente de pouvoir en acquérir des parts. « Nous allons bientôt réaliser un bilan de notre première année d'activité en SCM pour voir si nous restons sur le même modèle ou si nous le faisons évoluer, indique Anne-Laure Charreteur. Il est vrai qu'une première année d'installation est très chargée, il y a beaucoup de choses à faire, du matériel à changer et des dépenses imprévues. » Ainsi, l'appareil cône beam a dû être changé, un investissement lourd qui n'est possible à réaliser qu'en étant au moins à deux. Le fauteuil de Stéphanie Huret est équipé d'un microscope, « indispensable » aujourd'hui pour faire de l'endodontie. Anne-Laure Charreteur, pour sa part, travaille beaucoup avec les loupes. Le bloc est utilisé pour l'implantologie. Si toutes deux sont omnipraticiennes, elles imaginent – dès qu'elles auront la possibilité d'agrandir les locaux en gagnant de la surface sur leur étage – créer des « petits pôles de spécialités » avec un endodontiste et un orthodontiste par exemple. «  À Paris, on est souvent cloisonné entre quatre murs, remarque Stéphanie Huret. Ce qui nous a plu dans ce projet est que la maison de santé est un bâtiment évolutif, et nous aurons probablement un jour l'opportunité de nous agrandir quand des praticiens partiront à la retraite. »

Aujourd'hui, c'est au travers de son axe numérique que le cabinet se démarque. Un choix qui s'incarne notamment par la chaîne numérique ou « chairside », qui permet de fabriquer sur place un certain nombre de pièces prothétiques. La mise en place d'une chaîne numérique représente un budget d'environ de 100 000 euros, dont la moitié pour l'usineuse. Celle-ci est aujourd'hui située dans le couloir qui distribue les deux salles de soins et la réserve. Elle est enfermée dans un caisson qui absorbe les bruits et qui comprend des tiroirs de rangement pour les blocs de céramique. « On prend les empreintes numériques au fauteuil, explique Anne-Laure Charreteur. Ensuite, soit on réalise la prothèse au cabinet avec l'usineuse, soit on se connecte au prothésiste qui s'inclut complètement dans la chaîne. Au tout début, cela prend un peu plus de temps, mais la courbe d'apprentissage est très rapide et aujourd'hui, la chaîne numérique est tellement fluide que nous gagnons du temps et que nous offrons aussi plus de confort au patient. » En effet, celui-ci peut être traité, à chaque fois que c'est possible, en un seul rendez-vous. « C'est une méthode de travail complètement différente, commente Stéphanie Huret. Les rendez-vous sont beaucoup plus longs, ils peuvent durer jusqu'à une heure et demie. Nous passons davantage de temps qu'avant sans le patient à étudier son dossier, à analyser les images et à planifier le traitement sur ordinateur. Pour nous, les journées sont moins fatigantes, d'une part parce qu'il y a moins de passages dans le cabinet et que l'ambiance est plus calme, et d'autre part parce que c'est plus agréable de se concentrer sur moins de cas dans une journée, mais de manière très approfondie à chaque fois. »

L'approche numérique est aujourd'hui également indispensable pour fidéliser les collaboratrices, tant elle est devenue une évidence pour les jeunes diplômés. « Nous pouvons proposer aux collaboratrices un plateau technique complètement actuel qui leur donne envie de rester travailler avec nous », note Anne-Laure Charreteur.

L'investissement ne s'arrête pas à la question du matériel dentaire. L'équipement informatique se doit également d'être performant. Un prestataire informaticien s'occupe du cabinet et le logiciel est géré de manière externe. « Investir dans l'informatique reste rentable sur le long terme, ajoute Anne-Laure Charreteur. De toute façon, nous n'avons plus le choix. Sans ordinateur, on ne pourrait plus travailler ! On ne pourrait plus faire de radio ni même donner de rendez-vous. »

Pour les assistantes, l'adaptation à la chaîne numérique a également nécessité un apprentissage. « Il a fallu les former correctement pour que l'utilisation du matériel ne leur fasse pas peur et leur plaise », souligne Stéphanie Huret. Après avoir passé les six premiers mois « un peu la tête sous l'eau pour que le matériel marche et que le cabinet tourne bien », les deux chirurgiens-dentistes veulent à présent approfondir « le côté humain ». « On envisage d'instaurer des réunions un peu systématiques avec toute l'équipe pour créer de la cohésion, maintenir la bonne ambiance et prévenir les tensions, en fluidifiant l'ergonomie de travail », note Anne-Laure Charreteur. Avant d'envisager ensuite d'agrandir l'équipe.

Véronique HUNSINGERON AIME

Le calme du cabinet, la fluidité du travail, la qualité des équipements et la réflexion transversale sur le numérique.