Clinic n° 02 du 01/02/2020

 

L'événement

Préserver son cœur en se brossant les dents

Le lien entre une parodontite et des maladies cardiovasculaires est établi depuis plusieurs années. Il a été montré qu'une parodontite entraîne un risque deux fois plus élevé d'avoir un infarctus. Et que cette maladie de la gencive peut aussi être responsable d'un AVC ou encore d'une détérioration des valves cardiaques. Ce qui est moins connu, c'est le lien entre une mauvaise hygiène bucco-dentaire et une fibrillation atriale (ou auriculaire) et une insuffisance cardiaque, que montre une étude coréenne(1) récente parue dans l'European Journal of Preventive Cardiology.

L'étude a intégré 161 286 personnes qui n'avaient aucun antécédent sur le plan cardiaque. Les indicateurs d'hygiène bucco-dentaire de ces personnes (la présence de maladie parodontale, le nombre de brosses à dents, les raisons de la visite chez le dentiste, le nettoyage dentaire professionnel et le nombre de dents manquantes) ont été pris en compte. Au cours d'un suivi médian de 10 ans et demi, 3 % des personnes ont développé une fibrillation auriculaire et 4,9 % une insuffisance cardiaque.

Ces résultats montrent, selon l'étude, qu'un brossage des dents au minimum 3 fois par jour diminue les risques, de même qu'un nettoyage dentaire professionnel. La mauvaise hygiène pourrait être à l'origine d'une bactériémie transitoire et d'une inflammation systémique, qui provoqueraient la fibrillation auriculaire ou l'insuffisance cardiaque.

(1) Yoonkyung Chang, Ho Geol Woo, Jin Park, Ji Sung Lee, Tae-Jin Song. Improved oral hygiene care is associated with decreased risk of occurrence for atrial fibrillation and heart failure: a nationwide population-based cohort study. European Journal of Preventive Cardiology, 1er décembre 2019.

L'année 2019 s'est refermée sur un grand mouvement d'opposition à la réforme des retraites et à la mise en place d'un système universel à points qui supprime les régimes spéciaux et les caisses autonomes. Les libéraux de santé ne se sont pas mêlés aux manifestations du mois de décembre mais ont marqué leur opposition au texte du premier Ministre. Pas question pour eux de voir disparaître les caisses autonomes comme la CARCDSF avec l'instauration d'un périmètre du régime universel à trois plafonds annuels de sécurité sociale. Pas question non plus d'utiliser les réserves pour financer la convergence vers le nouveau système. Si rien ne bouge, les libéraux, derrière la bannière de l'UNAPL, se laissent la possibilité d'entrer eux aussi dans la contestation après la trêve des confiseurs.

La nouvelle année sera sans doute bien occupée par cette question des retraites mais aussi par la crise dans les hôpitaux qui ne cesse d'enfler depuis six mois.

Dans le secteur dentaire, l'année 2020 s'ouvre sur une page blanche et des questions. Comment patients et chirurgiens-dentistes vont-ils naviguer entre les trois paniers qui commencent à se mettre en place ? Quel sera l'impact du panier à reste à charge nul sur le renoncement aux soins dans le domaine dentaire ? D'aucuns anticipent une forte activité dans les cabinets. Quelle en sera l'intensité ? Les paniers plafonnés seront-ils un moyen de lutter contre la concurrence « sauvage » menée par les centres dentaires que l'on voit ouvrir à tour de bras dans les grandes villes ? Et puis l'instauration de prix plafonds qui ont été négociés avec l'assurance-maladie permettra-t-elle de revaloriser dans l'opinion publique l'image du chirurgien-dentiste soignant et non pas marchand ?

À suivre...

Clinic vous souhaite une belle et heureuse année 2020.

Anne-Chantal de Divonne