Clinic n° 12 du 01/12/2019

 

De bouche à oreille

Frédéric BESSE  

frbesse@hotmail.fr

La recertification pourrait être une chance pour notre profession.

Dernière en date des contraintes administratives qui nous sont infligées, la recertification pourrait être une chance pour notre profession. En effet, nous serons tous notés un jour au sein d'un réseau, qu'il soit « social », fondé sur le partage bénévole d'informations, ou professionnel, appuyé sur des statistiques assurancielles (voir déjà notre Ameli). Or, chacun sait que les opinions diffusées sur le net sont plus influencées par l'aspect du cabinet, le fait que le praticien ne fasse pas mal ou la proximité d'un parking que par la qualité de notre travail ou la conformité du plateau technique.

Pouvoir présenter, sur notre site internet comme sur les sites des assureurs publics et privés, voire d'autres acteurs, un certificat de conformité du praticien et de son cabinet, équipe comprise, permettrait de remettre l'église au milieu du village et de tirer vers le haut l'image de toute la profession.

Tel qu'il vient d'être publié (mais on n'attire pas les mouches avec du vinaigre !), le projet n'est pas très contraignant même si, comme d'habitude, certains flous étaient « interprétables ». Il s'agirait de : formation continue tout le long de sa vie (obligatoire de toute manière), absence de signaux négatifs (condamnations, addictions, etc.), preuve d'une activité professionnelle..., jusque-là, que du bon sens. Mais aussi, plus inattendu, une démarche d'amélioration de la relation praticien/patient ainsi qu'une démarche d'amélioration de sa qualité de vie et de sa santé. Correctement « traduit », ce dernier point laisse augurer de magnifiques congrès au ski, en croisière et autres endroits de détente sportive...

Si tout paraît acceptable de prime abord, il conviendra néanmoins de surveiller de près les développements de cette idée, pratiquée couramment ailleurs (Belgique, États-Unis, Canada...). En effet, l'usage dans notre pays étant de passer d'un extrême à l'autre, il se pourrait bien que nous sautions d'une surveillance laxiste à un encadrement strict, voire étouffant.

Pour l'instant, le temps consacré à la recertification serait limité à 50 heures par an mais le CNO dispose d'autres sources qui parlent de... 30 jours par an sur 6 ans (sûrement une erreur, mais peut-être aussi un lapsus révélateur ?) et les praticiens travaillant moins de 4 jours par semaine seraient considérés comme... inactifs !

De plus, qui délivrera ces certificats ? Probablement l'ARS mais, vu leur temps habituel de réaction, quel délai s'écoulera, lorsqu'un praticien sanctionné se sera mis en conformité, avant qu'il ne reçoive son certificat ? Et comment seront retenues les sanctions en cas de faute légère : temps de formation continue incomplet, travail 3,5 jours par semaine, consommation régulière de psychotropes et autres substances addictives liées à une activité de loisir participant à la détente et au bien-être du praticien ? Dit autrement, devra-t-on s'interdire les vacances à la palombière ?

Une évolution souhaitable donc, mais à surveiller de près.