Clinic n° 12 du 01/12/2019

 

ORDRE NATIONAL

Actu

Anne-Chantal de divonne  

Formation continue, pérennité du système de retraite, plateformes de rendez-vous, publicité, validité des diplômes étrangers, consultants de complémentaires santé, centres low cost... Pour sa deuxième rentrée depuis son élection en juin 2018, le président de l'Ordre, Serge Fournier, a fait le point fin octobre sur de nombreux dossiers en cours.

Un cadrage ordinal pour les plates-formes de rendez-vous en ligne

L'Ordre est en passe de trouver un accord avec la plateforme de réservation en ligne Doctolib pour que les spécialités des chirurgiens-dentistes s'affichent en conformité avec le cadre fixé par la charte de communication ordinale. Deux solutions s'offrait à l'Ordre pour mettre un terme à l'affichage de spécialités inexistantes comme par exemple « expert en implantologie » ou « spécialiste en esthétique dentaire » : la traduction du chirurgien-dentiste contrevenant en chambre disciplinaire ou l'établissement « d'une feuille de route » avec les plates-formes, a exposé Serge Fournier. La seconde solution a été « reçue favorablement » par Doctolib. À l'issue d'une prochaine discussion, la plate-forme devrait intégrer dans son propre système les qualifications définies par l'Ordre (3 spécialités et 9 compétences). Des pourparlers sont aussi en cours avec d'autres plateformes.

Un accord devrait aussi être trouvé afin qu'un spécialiste apparaisse en tête des propositions lors d'une recherche sur la plate-forme, plutôt qu'un praticien qui excipe une compétence particulière.

Réforme des retraites : le régime universel entraînera une baisse des cotisations

Une étude de l'impact des mesures du rapport Delevoye sur la réforme des retraites menée par l'Ordre montre que les cotisations des chirurgiens-dentistes vont baisser, et ce quels que soient les revenus. « Cette baisse a été chiffrée à 1 000 €/an pour un revenu moyen », a précisé Serge Fournier. Cet effet s'explique par le taux de cotisation très élevé du régime actuel en comparaison avec ce qui se pratique dans d'autres professions (les professions juridiques, les infirmières...). La création du régime universel ne devrait donc pas remettre en question l'exercice libéral de la profession, estime-t-on à l'Ordre.

L'institution tient surtout à tordre le cou à l'idée selon laquelle les jeunes générations n'auraient pas de retraite. Cette rumeur est « infondée ». La caisse de retraite emmagasine depuis 50 ans des réserves qui permettraient de servir 8 ans de retraites sans aucune cotisation. Et le dispositif actuel aménagé en régime universel peut servir les retraites pendant plus de 50 ans...

DPC : reprendre la main sur ce dossier

À l'approche de la fin de la période triennale de DPC le 31 décembre prochain, le président de l'Ordre prévoit que les conseils départementaux feront preuve de « mansuétude » à l'égard des praticiens qui n'auraient pas rempli leur obligation. Serge Fournier pointe les défauts du dispositif actuel qualifié d'« opaque », dans lequel beaucoup de sociétés de formations pourtant « vertueuses » ne sont pas agréées, le rôle de l'Ordre est cantonné aux sanctions et les confrères sont « perdus » ! Mais une évolution est probable. Des contacts ont été pris avec l'Agence nationale de DPC (ANDPC) afin de redonner à l'Ordre un rôle dans « la promotion de la formation continue ».

La profession est attachée à la plaque

« Les chirurgiens-dentistes ne se sont pas du tout approprié » la nouvelle charte de communication établie par l'Ordre il y a tout juste un an, remarque le président de l'Ordre. « On s'aperçoit d'un certain classicisme dans le raisonnement des confrères », a-t-il continué en notant l'attachement des confrères à la plaque. « Nous avons proposé des enseignes qui permettraient d'identifier les cabinets dentaires. Mais la profession n'aime pas la pub dans le domaine médical, elle a tendance à protester lors de l'ouverture de certains centres en vitrine et quand des confrères en font trop dans les médias. Elle aime bien protester mais n'aime pas s'aligner », note le responsable.

Centres low cost : « une profession, une déontologie »

« On s'étonne de l'éclosion de centaines de centres de santé dentaires sur tout le territoire, particulièrement à Paris et surtout à des endroits où on ne les attendait pas », a noté Serge Fournier en remarquant avec ironie que les administrateurs n'avaient pas lu les textes ! Le credo de l'Ordre sur ce sujet est « une profession, une déontologie », a martelé le président de l'institution, quels que soient le mode et le lieu d'exercice.

Des diplômes étrangers ne sont pas valables

L'Ordre s'inquiète du « grand nombre d'irrégularités dans le cursus » de certaines universités privées étrangères. Une commission de validation des diplômes recommande aux présidents de départements de « ne pas inscrire au tableau certains chirurgiens-dentistes qui ont fait leurs études dans certaines universités » que le responsable ordinal n'a pas souhaité nommer.

Une charte pour les « chirurgiens-dentistes consultants »

L'Ordre veut créer un statut pour les chirurgiens-dentistes consultants des mutuelles et des assureurs. Ces praticiens exercent « de façon cachée » au travers d'avis, de courriers et de commentaires « parfois désobligeants » sur des devis, explique Serge Fournier qui estime « important de référencer et d'encadrer les missions » de ces conseillers. Une charte de bonne pratique en cours de finalisation doit ainsi permettre « une régulation des rapports » entre les chirurgiens-dentistes et les complémentaires.

Violence faite aux femmes

Le responsable de l'Ordre a rappelé la mise en ligne depuis un an d'une formation sur les violences faites aux femmes qui est adaptée à la profession. Geneviève Wagner, membre du conseil national de l'Ordre, a rappelé que la loi oblige tous les professionnels de santé susceptibles d'être en contact avec des femmes victimes de violences à se former. C'est la raison pour laquelle cette formation est « simple, pratique, facilement accessible » sur le site de l'ordre. Elle est d'ailleurs l'une des pages les plus visitées du site ordinal.

L'assistant dentaire de niveau 2 : un dossier en sommeil

La création d'un statut d'assistant dentaire de niveau 2, qui faisait partie des priorités de l'Ordre l'an dernier, n'est plus à l'ordre du jour.

Le ministère de la santé, et plus particulièrement la direction générale de l'offre de soins DGOS, « a d'autres priorités » en ce moment, a indiqué Serge Fournier.

QUELQUES CHIFFRES...

• 50 % des collaborations sont inférieures ou égales à 8 mois. En 10 ans, la durée d'une collaboration a été réduite de 8 mois en moyenne.

• La région 'Île-de-France inscrit plus de praticiens diplômés à l'étranger dans l'Union européenne qu'en France.

• L'Île-de-France concentre également plus du quart des chirurgiens-dentistes salariés.

Au 1er trimestre de l'année 2020, l'Ordre mettra en place un observatoire des données démographiques et statistiques qui permettra un accès en temps réel de la situation de l'exercice.