Clinic n° 11 du 01/11/2019

 

L'événement

La période triennale d'obligation de DPC prend fin dans quelques semaines. D'ores et déjà, le résultat est connu. Cette année, ce sont encore 2 millions d'euros qui n'ont pas été utilisés pour financer les actions de DPC des chirurgiens-dentistes. Depuis l'obligation de DPC, 11 millions non utilisés ont ainsi été rétrocédés à l'État ! Car seuls 8 000 comptes ont été ouverts sur mondpc.fr par des chirurgiens-dentistes. Et, au total, 28 % des praticiens ont effectué...


La période triennale d'obligation de DPC prend fin dans quelques semaines. D'ores et déjà, le résultat est connu. Cette année, ce sont encore 2 millions d'euros qui n'ont pas été utilisés pour financer les actions de DPC des chirurgiens-dentistes. Depuis l'obligation de DPC, 11 millions non utilisés ont ainsi été rétrocédés à l'État ! Car seuls 8 000 comptes ont été ouverts sur mondpc.fr par des chirurgiens-dentistes. Et, au total, 28 % des praticiens ont effectué des actions de DPC. Autrement dit, 72 % de la profession ne respecte pas la loi...

Certes, le DPC a ses défauts. Mais un autre indice interpelle. Le FIF-pl n'a pris en charge que 11 000 journées de formation en 2017 alors que chaque chirurgien-dentiste libéral a droit à 3 jours de formation par an.

C'est dans ce contexte que la certification périodique des compétences doit être mise en place d'ici 2 ans pour la profession. Une ordonnance doit encore détailler la procédure à suivre pour appliquer la loi votée cet été. Auteur du rapport qui en est à l'origine, le professeur Uzan s'est voulu rassurant sur le dispositif prévu qui doit « refléter la vie et le parcours du praticien », lors du séminaire triennal de l'ADF en septembre. Parce que le dispositif est bâti sur « la confiance ». Confiance dans les professionnels de santé qui seront maîtres à bord pour définir le parcours à suivre tous les 6 ans. Ainsi c'est le Conseil national professionnel (CNP) qui définira et pondèrera les formations et actions susceptibles de compter dans le parcours, en plus des actions de DPC. Le CNP pourra, par exemple, décider de la place que tiendront les industries dans les formations. La procédure de certification périodique sera « simple » et pensée un peu comme « un contrôle technique qui n'immobilise pas le véhicule », prévient le professeur Uzan. En aucun cas elle ne pourra remettre en cause le diplôme ou servir de critère de rémunération ou, encore, classer les praticiens entre eux... Permettra-t-elle de faire revenir la profession vers la formation continue ? On l'espère. Car le législateur pourrait un jour se lasser de faire confiance quand les résultats attendus ne sont pas au rendez-vous.

Le sucre, le nouveau combat

Dans deux articles publiés le 20 juillet dernier dans The Lancet, des chercheurs(1) issus de 13 universités de 9 pays lancent un appel à « une action urgente et décisive » en faveur de la santé bucco-dentaire avec « une approche fondamentalement différente » qui mette l'accent sur la prévention. Les auteurs décrivent l'ampleur de l'épidémie mondiale de maladies bucco-dentaires, ses déterminants sociaux et commerciaux et ses coûts en termes de bien-être et d'impact sur la société. Bien qu'elles soient évitables, ces maladies persistent. Et comme pour la plupart des maladies non transmissibles (MNT), les affections bucco-dentaires sont chroniques et fortement structurées socialement.

Parmi leurs recommandations, les auteurs suggèrent de déplacer le modèle de soins centré sur le dentiste vers une approche d'équipe avec des intervenants non dentistes effectuant la majorité des soins essentiels. Les dentistes interviendraient pour les actes plus complexes. Mais les auteurs insistent surtout sur la mise en place de politiques de santé publique intégrées afin de lutter contre les facteurs de risque communs des maladies bucco-dentaires et autres MNT. Ils évoquent notamment le tabac et l'alcool mais mettent l'accent sur le sucre et les stratégies de l'industrie sucrière. « Il existe un besoin urgent... de restreindre et clarifier l'influence de l'industrie du sucre sur la politique de recherche dentaire et de santé bucco-dentaire », notent les auteurs.

(1) Peres MA, Macpherson LMD, Weyant RJ, Daly B, Venturelli R, Mathur MR, et al. Oral diseases : a global public health challenge. Lancet 2019;394:249-60. Peres MA, et al. Ending the neglect of global oral health: time for radical action. Lancet 2019;394:261-72.

Anne-Chantal de Divonne