Clinic n° 10 du 01/10/2019

 

Réglementation

Philippe ROCHER  

Votre PCR vous a peut-être parlé du risque radon. Quel est ce risque ? Quel est le rapport avec la radioprotection ? Nous allons faire le point sur le risque dû à ce gaz radioactif plus présent dans certaines parties du territoire pour que, en tant qu'employeur, vous respectiez l'ensemble de vos obligations.

Contexte

Le radon est un gaz radioactif d'origine naturelle qui se forme dans le sous-sol. Il est présent partout en France et à des concentrations élevées dans les régions granitiques et volcaniques (Massif armoricain, Massif central, Corse, Vosges...). Classé comme cancérigène, il est la deuxième cause du cancer du poumon. Pour être précis, le danger vient de ses descendants solides, polonium 218 et 214 qui viennent se nicher dans les alvéoles pulmonaires. Sa concentration dans l'air dépend des caractéristiques du sol, du bâtiment et surtout de sa ventilation.

Les émanations de radon, jusqu'alors assez peu prises en compte, deviennent un élément à intégrer lors de l'évaluation des risques d'exposition aux rayonnements ionisants, a fortiori si le cabinet est situé dans une zone à fort potentiel radon.

Évaluation du risque

En pratique, seule une petite partie des cabinets dentaires seront concernés par le risque radon. Ce sont ceux pour lesquels l'activité professionnelle se fait en sous-sol (peu probable) ou au rez-de-chaussée de bâtiments situés dans des zones où l'exposition au radon est susceptible de porter atteinte à la santé des travailleurs. La configuration du bâtiment est connue de l'employeur, mais quelle est l'exposition au radon sur le lieu d'installation du cabinet ?

Le potentiel radon des communes est indiqué sur une carte disponible sur le site internet de l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire). Les communes sont classées en 3 zones. Si le cabinet est en zone 3, à potentiel radon significatif, il est fortement conseillé de procéder à des mesures de sa concentration dans l'air. Elles se font avec des dosimètres radon qui sont peu onéreux (quelques dizaines d'euros). Le mesurage se fera plutôt dans les parties basses du bâtiment, là où les descendants solides, à l'origine du risque, sont les plus présents. Dans tous les cas, il est important de bien suivre la notice et de privilégier un mesurage sur un temps assez long (2 à 3 mois), de préférence en hiver, lorsque l'aération est limitée.

À l'issue des mesures, si la concentration en radon dépasse le seuil de 300 Bq/m3, il faut mettre en œuvre des mesures simples permettant de redescendre sous ce seuil. Elles concernent notamment l'amélioration de l'étanchéité du bâtiment pour limiter l'entrée du radon et l'amélioration de la ventilation pour diluer ce gaz et ses descendants dans l'air.

Si ces mesures de prévention ne permettent pas d'avoir une concentration d'activité du radon dans l'air inférieure au seuil, il faut passer à une étape plus complexe : déterminer s'il y a des lieux dans le cabinet où l'exposition des travailleurs dépasse, en dose reçue, 6 mSv/an. C'est une étude qui ne peut être faite par l'employeur seul. Sa PCR doit pouvoir l'y aider.

Finalement, l'évaluation des risques doit être consignée dans le document unique. Elle sera transmise, de même que les résultats des mesures, aux professionnels de santé (médecin du travail...).

RÉFÉRENCES

  • IRSN. Connaître le potentiel radon de ma commune.
  • https://www.irsn.fr/FR/connaissances/Environnement/expertises-radioactivite-naturelle/radon/Pages/5-cartographie-potentiel-radon-commune.aspx
  • IRSN. Comment connaître et réduire son exposition au radon ?
  • https://www.irsn.fr/FR/connaissances/Environnement/expertises-radioactivite-naturelle/radon/Pages/6-Comment-reduire-son-exposition-au-radon.aspx