Diagnostic esthétique
Jean-Christophe PARIS* Stéphanie ORTET** André-Jean FAUCHER***
*Exercice libéral
**Aix-en-Provence
***Exercice libéral
****Aix-en-Provence
*****Exercice libéral
******Aix-en-Provence
L'informatique et les logiciels dédiés s'insinuent dans le mode professionnel depuis de nombreuses années et notre spécialité n'est pas en reste. Le désir de quantifier la beauté est une quête de l'absolu qui fascine depuis toujours. Peut-on espérer, à travers une application d'analyse, faciliter la tâche du praticien ?
Nous allons, en détaillant 10 critères esthétiques essentiels, montrer comment l'application EASY© facilite le diagnostic et la résolution...
L'informatique et les logiciels dédiés s'insinuent dans le mode professionnel depuis de nombreuses années et notre spécialité n'est pas en reste. Le désir de quantifier la beauté est une quête de l'absolu qui fascine depuis toujours. Peut-on espérer, à travers une application d'analyse, faciliter la tâche du praticien ?
Nous allons, en détaillant 10 critères esthétiques essentiels, montrer comment l'application EASY© facilite le diagnostic et la résolution de cas complexes.
Dans un visage, le poids visuel du regard et celui du sourire doivent être identiques si l'on veut que le visage soit regardé comme un tout. C'est un critère difficile à mesurer car il dépend de nombreux facteurs. Il a donc été retenu un système d'isolation des traits faciaux moins importants dans l'expression pour en faciliter la lecture.
Le simple fait d'éclaircir les dents change le rapport d'équilibre dans ce visage. Il est donc important de comprendre comment le patient va appréhender son futur sourire.
À travers l'application EASY©, l'analyse du sourire se réalise sur 8 critères, parmi lesquels 3 vont être détaillés.
C'est la position des dents par rapport aux lèvres. Elle dépend du positionnement du plan frontal esthétique, de l'âge et du sexe du patient, de la longueur de la lèvre supérieure.
Classiquement, il existe 3 niveaux [1] :
• une ligne du sourire moyenne, où toute la surface dentaire est visible de même que les embrasures gingivales ;
• une ligne du sourire haute ou sourire gingival. Il est convenu de distinguer une gencive découverte de moins de 3 mm et des sourires plutôt dysharmonieux, qui découvrent plus de 3 mm ;
• une ligne du sourire basse, pour laquelle la gencive n'est pas visible. Ce type de sourire vieillit le visage.
La détermination du type de sourire se fait par l'appréciation du dentiste. Dans les niveaux « haut » et « bas », l'appréciation est négative (rouge) ou positive (vert). Par exemple, une ligne du sourire haute de plus de 3 mm est cochée « rouge ».
C'est l'ensemble des bords libres des incisives, des pointes canines et des pointes cuspidiennes de prémolaires et molaires. C'est la ligne de caricature des BD, le trait blanc sous les lèvres.
C'est la ligne majeure de la composition dentaire, qui ne peut s'apprécier que dans une vue du visage de face et se détailler dans une vue du sourire.
Outre la solution de normalité, le praticien peut été confronté à un PFE :
• trop bas, d'origine osseuse ou alvéolaire ou d'origine prothétique ;
• trop haut, associé à l'usure, au vieillissement ou à une lèvre supérieure longue ;
• oblique à droite ou à gauche, à différencier d'un problème d'asymétrie labiale ;
• inversé, très disgracieux, témoin d'une interposition linguale ou d'une égression des secteurs postérieurs non compensée.
Le soutien des lèvres est grandement influencé par la position des dents antérieures.
Les différentes situations dysharmonieuses que sont protrusion, rétrusion, pro-alvéolie, rétro-alvéolie ont, dans les cas sévères, une répercussion sur le tiers inférieur du visage.
L'appréciation de la position du bord libre des incisives centrales se fera aussi par la prononciation du phonème « F ».
Cet écran de l'application est plus une check-list qu'une analyse de l'occlusion et orientera le patient vers une thérapie occlusale combinée si nécessaire. Il permet de ne pas oublier de noter les parafonctions, les bruits articulaires, les zones douloureuses, les déviations, les béances et surplombs.
Il orientera la thérapie en choisissant la position thérapeutique (OIM, RC, NM), en proposant une éventuelle augmentation de DVO et un type de fonction qu'il faudra valider, ainsi que les guides en latéralité et incisifs.
L'analyse de la composition dentaire se fait en étudiant 8 critères, parmi lesquels 4 seront ici détaillés.
Le rapport de proportion largeur/hauteur des incisives centrales demeure un des critères essentiels du sourire. Il est classique de parler de centrales harmonieuses avec un rapport de 75 à 85 % [2], de dents trop étroites à moins de 75 % et de dents trop larges à plus de 85 %, ce qui est le cas des dents usées.
Statistiquement, les centrales mesurent 8,5 mm de large par 10,4 mm de haut [3].
Dans le cas de dents courtes, le rallongement peut être envisagé par le bord libre mais aussi par le bord gingival. Il convient de se référer aux résultats de l'étude du PFE pour prendre la bonne décision.
Il n'existe que très peu d'études sur les proportions harmonieuses que devraient avoir les dents avec le sourire.
Néanmoins, de nombreux sourires présentent des centrales sous-dimensionnées et, plus rarement, surdimensionnées.
Pour déterminer une proportion intéressante, 31 % semble être une bonne valeur [4].
Cette mesure se fait sur une photo de face, et non pas directement sur le patient, le biais étant évidemment la largeur du sourire, très différente entre un sourire timide et un rire aux éclats.
La couleur d'une composition dentaire est, après l'intégrité de celle-ci, un des critères les plus importants dans le souhait d'un sourire harmonieux. La couleur globale doit être déterminée, mais aussi les dyschromies individuelles d'origine intra-canalaire variée et les taches qui peuvent perturber l'harmonie du sourire.
Le choix final de la couleur dépend de nombreux facteurs : personnalité et désirs du patient, équilibre regard/sourire ou désir d'un sourire dominant, épaisseur des lèvres, couleur des yeux.
L'état de surface, micro et macro-géographie, doit être adapté à l'âge du sourire ; son évaluation au moment de l'étude donne des renseignements précieux au laboratoire.
Il existe classiquement 3 formes de dents (triangulaires, carrées, ovoïdes) et de nombreuses variations. L'évaluation de la forme existante se fera parmi ses 3 catégories, avec une appréciation positive ou négative en fonction de l'âge, du sexe, de la personnalité du patient [5, 6]. En effet, une forme carrée peut être appropriée chez un homme mûr et à forte personnalité et complètement inharmonieux chez une femme jeune et timide. Le choix d'une dent référence pour la forme est un élément important pour faciliter le travail du laboratoire.
Dans la future réalisation, il conviendra d'éviter les formes extrêmes, aussi bien dans les formes de contour que dans les usures ou l'état de surface pour éviter un effet caricature du sourire.
L'étude de la composition gingivale se fait à travers 6 critères, dont nous retiendrons que l'alignement et la forme des collets dans cet article.
D'un point de vue esthétique, la bonne santé parodontale ne suffit pas à assurer une esthétique optimale. L'harmonie de forme des collets individuellement (zénith déporté distalement pour les centrales et les canines, centré pour les incisives latérales) et collectivement (ligne des collets) est importante. En principe, incisives centrales et canines ont leurs collets alignés alors que les latérales ont leurs collets positionnés 0,5 mm apicalement.
Les centrales doivent présenter une symétrie de hauteur parfaite, surtout dans le cadre d'un sourire gingival. À partir des latérales et en se déplaçant vers les dents postérieures, les asymétries sont moins visibles et donc acceptables.
Les anomalies (collets plats, récessions, d'éruption...) sont notées individuellement en regard d'une ligne moyenne tracée entre les points les plus favorables.
Le dentiste doit se comporter en architecte du sourire : son traitement doit être fonctionnel, esthétique et durable.
L'auteur déclare être le créateur de l'application EASY.