Clinic n° 07 du 01/07/2019

 

L'événement

La table des négociations conventionnelles accueillera-t-elle un jour les représentants des patients ? C'est en tout cas le souhait de France Assos Santé. Cette association, qui représente officiellement les usagers de la santé, fait partie du conseil de l'Assurance maladie. Certains de ses membres interviennent dans divers groupes de travail. Mais la porte des négociations lui reste fermée. Est-ce par « méfiance » de l'Assurance maladie et des professionnels de santé...


La table des négociations conventionnelles accueillera-t-elle un jour les représentants des patients ? C'est en tout cas le souhait de France Assos Santé. Cette association, qui représente officiellement les usagers de la santé, fait partie du conseil de l'Assurance maladie. Certains de ses membres interviennent dans divers groupes de travail. Mais la porte des négociations lui reste fermée. Est-ce par « méfiance » de l'Assurance maladie et des professionnels de santé qui préfèrent négocier « entre soi » ? Féreuze Aziza, chargée de l'Assurance maladie à France Assos Santé, s'exprimait au cours d'une journée du Comident sur le futur du secteur dentaire.

Les négociations conventionnelles ne sont pas le seul cheval de bataille des usagers. Féreuze Aziza a déroulé les thèmes promus par son association dans toutes les instances, dont l'Ordre, dans lesquelles elle est présente. Les patients demandent à être associés à la décision thérapeutique. Car « l'échange » avec le professionnel de santé n'est « pas systématique ». Ils veulent pouvoir évaluer la qualité des soins. Il s'agit non pas de sortir du chapeau des évaluations type Google mais d'apprécier la qualité des soins à partir d'indicateurs « pertinents, bien cadrés et réglementés » et co-construits avec les professionnels de santé. Ils sont aussi attentifs à l'accès aux soins, aux restes à charge connus mais aussi cachés. Ils sont favorables à la e-santé mais aussi préoccupés par la rupture à laquelle elle peut conduire pour les populations les plus éloignées du système de santé.

Ils sont très favorables à la prévention, à l'éducation à la santé bucco-dentaire dès la petite enfance, aux examens systématiques de prévention en médecine scolaire, en médecine du travail et à l'entrée en Ehpad... Ce n'est d'ailleurs qu'au prix de cette politique que les patients accepteraient de s'engager dans une démarche vertueuse de prévention individuelle contre un meilleur remboursement des soins. Voilà un combat commun à mener avec la profession !

Anne-Chantal de Divonne
Foie et santé bucco-dentaire

Une mauvaise hygiène bucco-dentaire pourrait accroître de 75 % le risque de développer un cancer du foie. Des chercheurs de l'université Queen's de Belfast(1) ont analysé une cohorte de 469 628 personnes afin d'établir des liens entre la santé bucco-dentaire et le risque de cancers gastro-intestinaux (foie, colon, rectum et pancréas). Ces personnes ont auto-déclaré des problèmes bucco-dentaires (gencives douloureuses ou saignantes, ulcères de la bouche et dents manquantes). Sur une période de 6 ans en moyenne, 4 069 participants ont développé un cancer gastro-intestinal. Dans 13 % des cas, les patients ont signalé une mauvaise santé bucco-dentaire. Les auteurs de l'étude n'ont observé aucune association significative par rapport à un risque augmenté de ce type de cancer, sauf pour le carcinome hépatocellulaire qui est le cancer du foie.

Il reste maintenant à comprendre les mécanismes biologiques à l'œuvre pour développer le cancer du foie plutôt que les autres cancers de l'appareil digestif. Une des explications pourrait être liée au rôle du microbiome oral et intestinal dans le développement de la maladie mais de nouvelles études sont nécessaires. Une autre hypothèse prend en compte le fait que les participants qui ont un grand nombre de dents manquantes ont pu modifier leur régime alimentaire en consommant plus d'aliments mous et potentiellement moins nutritifs. Ce qui influence le cancer du foie.

ACD

(1) Haydée WT Jordão, Gerry McKenna, Úna C McMenamin, Andrew T Kunzmann, Liam J Murray, Helen G Coleman. The association between self-reported poor oral health and gastrointestinal cancer risk in the UK Biobank: A large prospective cohort study. United European Gastroenterology Journal juin 2019.