Clinic n° 05 du 01/05/2019

 

Presse internationale

L'essentiel

Antoine VASSALLO  

Le peroxyde de carbamide utilisé pour le blanchiment des dents provoque-t-il une augmentation de la rugosité de la surface de l'émail ? Le microscope électronique à balayage (MEB) et l'analyse profilométrique sont utilisés pour évaluer les changements morphologiques de cette surface. L'objet de cette étude in vitro est principalement d'évaluer si le blanchiment altère la topographie de la surface de l'émail en augmentant sa rugosité et s'il accroît, par là même, la...


Le peroxyde de carbamide utilisé pour le blanchiment des dents provoque-t-il une augmentation de la rugosité de la surface de l'émail ? Le microscope électronique à balayage (MEB) et l'analyse profilométrique sont utilisés pour évaluer les changements morphologiques de cette surface. L'objet de cette étude in vitro est principalement d'évaluer si le blanchiment altère la topographie de la surface de l'émail en augmentant sa rugosité et s'il accroît, par là même, la susceptibilité de cet émail à une recoloration par des colorants extrinsèques. Les changements de teinte sont évalués en calculant ΔE, à savoir la différence entre 2 couleurs mesurée par la distance entre 2 points dans l'espace chromatique CIELab.

Matériel et méthode

Quarante-cinq dents humaines extraites divisées en 5 groupes sont immergées pendant 15 jours à 80 degrés dans 4 solutions colorantes (vin, café, thé, sodas) et dans de l'eau qui sert de contrôle. Leur blanchiment est alors réalisé avec du peroxyde de carbamide à des concentrations différentes (20 %, 35 % et 44 %) et ΔE est mesuré à différents intervalles de temps à l'aide d'un colorimètre. Les dents sont ensuite replongées dans les mêmes solutions colorantes. Les ΔE mesurés après la première coloration sont comparés aux ΔE mesurés après le blanchiment et après la recoloration dans les mêmes solutions. Un examen au MEB est réalisé au départ, après coloration, après blanchiment et après recoloration, pour évaluer les changements de l'état de surface de l'émail.

Résultats et discussion

Après 15 jours, tous les liquides colorants testés produisent un ΔE supérieur à 2 qui est le seuil standard pour la perception d'une différence de couleur. C'est le vin qui colore le plus les dents. Le café et le vin causent significativement plus de colorations que le thé. Le soda n'est pas significativement différent du thé, du café et du vin. Il semble que les concentrations des agents blanchissants n'aient pas d'actions différentes sur les différentes colorations. À une concentration de 20 %, les changements de teinte observés sont semblables à ceux observés avec des concentrations plus fortes. Les résultats de l'analyse au MEB ne révèlent pas de modifications topographiques (rugosités et irrégularités) de la surface des dents après la coloration et le blanchiment, ce qui conduit à penser que le risque de recoloration superficielle n'est pas accru par le blanchiment.

L'ESSENTIEL

Dans les limites de cette étude in vitro, les résultats indiquent que les liquides colorants communs (vin, café, thé, sodas) produisent un changement de couleur sur l'émail avec un ΔE supérieur à 2, donc perceptible à l'œil humain. Le vin, qui contient de grandes quantités de polyphénols, est celui qui colore le plus les dents. Les différentes concentrations de peroxyde de carbamide utilisées pour le blanchiment dentaire ne montrent pas de différence d'efficacité pour la réduction des colorations. Comme il ne provoque pas de changements de l'état de surface de l'émail, il peut être déduit que ce produit n'augmente pas la susceptibilité à une recoloration rapide par des colorants extrinsèques. L'utilisation de concentrations de blanchiment plus élevées n'augmente pas l'éclaircissement des dents en fonction du temps. Les praticiens atteindront donc le même résultat avec des concentrations moins élevées tout en réduisant les risques de sensibilité.