Vu par les internes
Face à une égression consécutive à un édentement non compensé, le praticien peut choisir d'effectuer des gestes plus ou moins invasifs sur des dents cliniquement saines. L'importance de l'égression peut indiquer l'extraction, un camouflage prothétique ou, comme dans le cas suivant, l'ingression orthodontique (tableau 1).
Dans le cadre de la permanence d'accès aux soins de santé (PASS) de l'hôpital...
Face à une égression consécutive à un édentement non compensé, le praticien peut choisir d'effectuer des gestes plus ou moins invasifs sur des dents cliniquement saines. L'importance de l'égression peut indiquer l'extraction, un camouflage prothétique ou, comme dans le cas suivant, l'ingression orthodontique (tableau 1).
Dans le cadre de la permanence d'accès aux soins de santé (PASS) de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, une femme âgée de 40 ans se présente à la consultation de médecine bucco-dentaire de L. Quenum. Le motif de consultation est une réhabilitation prothétique suite à la perte des dents postérieures mandibulaires (fig. 1). La patiente ne déclare aucun antécédents médico-chirurgical. Elle présente des soins conservateurs et prothétiques effectués il y a une dizaine d'années. L'examen endobuccal montre, à la mandibule, l'absence de 36, 37, 45, 46 et 47 et, au maxillaire, l'égression de 16, 17, 26 et 27 jusqu'au contact de la crête édentée (fig. 2). L'état d'hygiène oral est satisfaisant et la patiente semble compliante.
Les modèles d'étude ainsi que les radiographies panoramique et rétro-alvéolaires ont été réalisés.
Après l'acceptation du plan de traitement par la patiente, il a été décidé de réaliser l'ingression à l'aide de plaques d'ancrage maxillaire vestibulaire et de mini-vis palatines posées respectivement par M. Samama et Y.-L. Vu Van Tuan.
Dans un premier temps, un arc trans-palatin à distance de la muqueuse a été posé mais la patiente n'a pas supporté son volume. Une traction palatine et vestibulaire en hamac a donc été choisie.
Des mini-vis de 2 mm de diamètre pour 9 mm de long ont été placées entre les dents 16, 17 et 26, 27 (fig. 3 à 6). Par la suite, les dents à ingresser ont été solidarisées à l'aide d'attaches secteur 10 et d'un composite chargé secteur 20. L'ingression a été effectuée durant 7 mois jusqu'à sur-correction. La technique du hamac ne permettant pas le contrôle transversal, les dents se sont fortement palato-versées mais une ingression de 7 mm a été obtenue malgré la présence de racine procidente.
Une fois l'espace prothétique obtenu (fig. 7), une prothèse transitoire a été réalisée afin de valider la position du plan d'occlusion et de maintenir l'ingression molaire (fig. 8). Le maxillaire a été bagué complètement et les étapes de nivellement se sont déroulées avec la solidarisation des molaires aux ancrages osseux (fig. 9 et 10). Le recul molaire a nécessité la dépose des mini-vis palatines afin d'éviter toute interférence avec les racines. Les mini-plaques infra-zygomatiques on permis d'obtenir ce recul sans risque.
Dans le cas présenté l'importance de l'égression molaire contre-indiquait toute élongation coronaire pré-prothétique car la furcation aurait été atteinte rapidement. Deux alternatives se sont donc imposées : l'extraction ou l'ingression molaire. L'ingression a l'avantage d'être peu mutilante, améliore l'accès chirurgical mais la durée de traitement est allongée et le risque de résorption n'est pas à négliger.