Charlotte, 9 ans, vient accompagnée de sa mère parce qu’elle suce encore son pouce. Maman dit qu’elle ne parle pas bien et nous observons, lorsqu’elle déglutit, qu’elle interpose sa langue entre les dents, ce qui est facilité par sa béance antérieure, et qu’il existe une contraction des muscles péribuccaux. Nous demandons un bilan radiographique et un bilan ORL car nous notons la présence de cernes et la maman nous rapporte un endormissement difficile le soir (fig. 1 à 3).
Sur la radiographie panoramique (fig. 4), tous les germes sont présents, les incisives latérales sont bien présentes mais légèrement en rotation. Sur la téléradiographie de profil (fig. 5), les valeurs indiquent un type II squelettique avec biproalvéolie. Le bilan ORL confirme la présence d’un peu de végétations mais ne nécessitant pas d’intervention chirurgicale. Un traitement médicamenteux est mis en place.
Dans un premier temps, il est décidé de réaliser le port permanent d’un appareil maxillaire avec écran lingual pour faire cesser la succion non nutritive et empêcher l’interposition linguale. Une expansion lente (tous les 10 jours) est réalisée pendant 3 mois. Un bilan des fonctions orofaciales avec séances de rééducation est prescrit parallèlement au port de l’appareil (fig. 6).
Après 10 mois, la succion du pouce ayant définitivement cessé le premier mois, la béance s’est réduite (fig. 7 et 8). On décide alors de faire porter le soir (2 heures) et la nuit un éducateur fonctionnel (Myobrace K2, Orthodeal) (fig. 9).
Deux ans après, la succion non nutritive a disparu et les fonctions orofaciales sont normalisées (fig. 10 à 12). Une surveillance est mise en place. Deux semestres d’ODF ont été utilisés et il reste 4 semestres pour une éventuelle finition orthodontique en denture adolescente jeune. La dysharmonie dento-maxillaire existante au départ s’est réduite également.
On peut utiliser directement la séquence des éducateurs fonctionnels (K1, K2, K3) si l’enfant a cessé sa succion du pouce et les porte. On peut aussi mettre une grille anti-langue (ou anti-pouce !) scellée sur les premières molaires permanentes mais qui doit permettre la rééducation linguale.
Boileau MJ. Orthodontie de l’enfant et du jeune adulte. Traitement des dysmorphies et malocclusions. Tome 2. Paris : Elsevier Masson, 2013; 289 p.
Lopes Freire GM, Espasa Suarez de Deza JE, Rodrigues da Silva IC, Butini Oliveira L, Ustrell Torrent JM, Boj Quesada JR. Non-nutritive sucking habits and their effects on the occlusion in the deciduous dentition in children. Eur J Paediatric Dent 2016;17:301-306.
La prise en charge précoce des malocclusions associées à des parafonctions et des dysfonctions linguales permet une correction rapide de celles-ci avec une meilleure stabilité à long terme.