Clinic n° 01 du 01/01/2019

 

RÉGLEMENTATION

Philippe ROCHER  

Les risques psychosociaux (RPS) sont de plus en plus évoqués dans les cabinets dentaires. Tout le monde parle de stress, de violence, de mal-être au travail, d’épuisement professionnel ou burn-out. Mais sait-on exactement à quoi cela correspond ? Arrêtons-nous sur le burn-out.

Les professionnels de santé en activité ou en formation constituent une population à risque historiquement identifiée et objet de nombreuses études récentes montrant un risque élevé de burn-out.

État des lieux

Les chirurgiens-dentistes sont exposés au risque d’épuisement professionnel étant donné la pénibilité de leur travail, que ce soit pour des causes intrinsèques liées à la nature même de l’activité médicale (confrontation avec la souffrance, prises en charge impliquant l’entrée dans l’intimité des patients…) ou pour des causes extrinsèques (charge et organisation du travail).

Une enquête de l’ONCD montre que 35 % des répondants sont en burn-out. Chez les étudiants, l’enquête réalisée par l’UNECD ne donne pas de chiffre mais la notion de burn-out est évoquée dans les témoignages.

Définition

Le syndrome d’épuisement professionnel, ou burn-out en anglais, se traduit par un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ». C’est un processus de dégradation du rapport subjectif au travail à travers 3 dimensions :

• l’épuisement émotionnel : sentiment d’être vidé de ses ressources émotionnelles ;

• la dépersonnalisation ou le cynisme : insensibilité au monde environnant, déshumanisation de la relation à l’autre (les patients deviennent des objets), vision négative des autres et du travail ;

• le sentiment de non-accomplissement personnel au travail : sentiment de ne pas parvenir à répondre correctement aux attentes de l’entourage, dépréciation de ses résultats, sentiment de gâchis.

ifférentes phases du burnout

On distingue 4 phases dans le burn-out :

• la phase d’alarme, qui est une manifestation du stress ;

• la phase de résistance, durant laquelle le métabolisme s’adapte aux sensations de stress, le corps devient plus résistant ;

• la phase de rupture, qui enclenche la réapparition des réactions caractéristiques au stress de la phase d’alarme, mais ces réactions sont alors irréversibles ;

• la phase d’épuisement, qui se traduit par un épuisement professionnel.

Burn-out ou dépression ?

Le burn-out est nécessairement lié au travail. Dans la dépression, le travail n’est pas la cause première mais peut être un facteur aggravant. De plus, en cas de burn-out, la personne atteinte est toujours en situation de stress chronique alors que ce n’est pas toujours le cas pour la dépression.

Comment en être sûr ?

Il existe des questionnaires permettant d’évaluer l’état de burn-out d’une personne (Maslach ou Copenhagen Burnout Inventory…). Ces questionnaires ne peuvent être utilisés que par des professionnels de santé ayant les compétences spécifiques indispensables.

Conclusion

Le burn-out est certes fréquent dans le monde médical mais des personnes utilisent ce terme ou se définissent en burn-out sans vraiment en connaître les symptômes. En cas de doute sur l’état de santé d’un membre de l’équipe soignante, il ne faut pas hésiter à contacter un médecin de santé au travail qui est la personne-ressource pour diagnostiquer et suivre ce syndrome. ?

BURNOUT :

→ Le choc. La Lettre de l’ONCD avril 2018 ; n° 166.

→ Épuisement professionnel ou burnout. Quand l’investissement professionnel devient trop lourd à porter. INRS, janvier 2017.

→ Repérage et prise en charge cliniques du syndrome d’épuisement professionnel ou burnout. HAS, mars 2017.