C’est le temps de la justice dans l’affaire Dentexia. Le fondateur des centres est placé en détention provisoire. Et 4 anciens chirurgiens-dentistes sont interdits d’exercer pendant 6 mois.
Une enquête judiciaire ouverte à Paris en juillet 2016, après les plaintes de patients mal soignés ou abandonnés en cours de traitement, a franchi une étape importante avec la mise en examen et le placement en détention provisoire de Pascal Steichen le 20 septembre. Les juges soupçonnent le fondateur de Dentexia de « pratique commerciale trompeuse », « tromperie aggravée », « blanchiment en bande organisée », « banqueroute », « abus de confiance », « abus de biens sociaux », « fraude fiscale » et « escroquerie en bande organisée ». Sont aussi mis en examens et placés sous contrôle judiciaires son épouse pour « recel d’escroquerie en bande organisée » et le trésorier de l’association pour « tromperie aggravée », « pratique commerciale trompeuse », « blanchiment en bande organisée », « fraude fiscale », « escroquerie en bande organisée » et « complicité de banqueroute ».
Aujourd’hui, 1 553 plaintes d’anciens patients des centres de Dentexia de Paris, Lyon et Chalon-sur-Saône sont enregistrées. Le dossier est instruit par des magistrats du pôle santé publique à Paris et des juges de la Juridiction inter-régionale spécialisée de Paris, compétente en matière de criminalité organisée. L’enquête porte à la fois sur les conditions dans lesquelles le modèle économique des centres s’est effondré et sur les défauts dans les soins.
Parallèlement au volet pénal visant le fondateur de Dentexia, la chambre disciplinaire de Saône-et-Loire a condamné, le 1er octobre, 4 anciens chirurgiens-dentistes du centre Dentexia de Chalon-sur-Saône à 6 mois d’interdiction d’exercer, avec 2 fois 1 mois ferme pour 2 praticiens et 2 fois 3 mois fermes pour les 2 autres. Ils sont chacun redevables de 1 000 euros de frais d’avocats…
« Ce qui a été reconnu, c’est la responsabilité de ces chirurgiens-dentistes dans cette affaire, analyse Michel Kerlo, président de l’Ordre de Saône-et-Loire, interrogé par Clinic. Ces praticiens ne peuvent en aucun cas être dédouanés de leurs responsabilités parce qu’un administratif ou un directeur leur a demandé d’effectuer un plan de traitement ou d’efdoncfectuer des règlements de soins à l’avance. »
Les condamnations sont susceptibles d’un appel. Le conseil de l’Ordre de Saône-et-Loire devrait se réunir pour en décider. Michel Kerlo estime que la sanction « peut être considérée comme étant peu clémente. Ces praticiens, jeunes, n’avaient jamais été traduits devant des chambres disciplinaires », note le responsable ordinal.
Seuls les 4 chirurgiens-dentistes en activité dans le centre Dentexia de Chalon-sur-Saône quand l’action a débuté ont été inquiétés. Il se trouve aussi qu’ils ont exercé pendant un temps assez long dans ce centre. Une action contre les autres praticiens aurait été trop complexe à mener.
Selon nos informations, un chirurgien-dentiste sur les 4 qui ont été convoqués s’est rendu à l’audience qui avait lieu à la chambre disciplinaire de Dijon le 17 septembre. Les 3 autres chirurgiens-dentistes, 2 portugais et 1 marocain, exerceraient maintenant hors d’Europe.
Une action au pénal doit suivre pour ces praticiens.