Clinic n° 11 du 01/11/2018

 

ENQUÊTE

L’hygiène orale ne se décrète pas par un « brossez-vous les dents » ! C’est un apprentissage comme un sport ou un instrument de musique. Le cabinet dentaire peut être ce lieu d’apprentissage. Frédéric Duffau organise une Masterclass pour permettre aux chirurgiens-dentistes de se saisir de cette discipline.

« On explique depuis des années que de simples gestes d’hygiène orale permettent d’éviter les problèmes carieux et parodontaux. Si c’était si simple, 98% de la population n’auraient pas des dents cariées et une personne sur deux ne serait pas atteinte de maladie parodontale », constate Frédéric Duffau. La connaissance de la pratique de l’hygiène orale et la façon de la transmettre au patient reste souvent très rudimentaire pour le praticien. La formation initiale n’est sans doute pas le meilleur moment pour les sensibiliser. « Il faut être confronté aux patients, à l’application immédiate, pour s’y intéresser », reconnaît Frédéric Duffau. Mais par la suite, cette discipline est souvent laissée de côté. « On recherche la performance en blanchiment, en chirurgie parodontale ou encore en implantologie, mais pas en hygiène orale. » Et puis, les praticiens craignent d’ennuyer les patients. « Pourtant, quand on fait le pas, cela les intéresse, ils sont contents et même prêts à payer pour des séances non remboursées par la sécu », observe ce praticien parisien qui en a fait l’expérience dans son cabinet.

S’adapter au patient

Frédéric Duffau donne plusieurs conseils. D’abord expliquer au patient qu’il doit se battre contre des bactéries fortement organisées les unes avec les autres contre les molécules antiseptiques. Le seul moyen efficace pour les combattre est le brossage.

Ensuite, il s’agit de repérer la technique qui convient le mieux au patient. En France, c’est comme s’il n’existait que celle du rouleau alors que dans d’autres pays elle n’est pas la première mise en avant. Des études montrent d’ailleurs que le rouleau n’est pas forcément le plus efficace. Certains patients améliorent leur hygiène orale en en apprenant une autre. C’est donc au praticien de connaître toutes les techniques existantes pour adapter à son patient celle qui lui conviendra le mieux.

Choisir l’outil

S’agissant de l’outil utilisé, « c’est plus la façon de l’utiliser qui importe » explique Frédéric Duffau. Entre une brosse électrique et une brosse manuelle, les études semblent montrer que la brosse électrique est légèrement supérieure en efficacité. Pourtant « cela ne se ressent pas du tout d’un point de vue clinique », remarque le praticien, ajoutant que cette perception tient à la masse de données statistiques sur la brosse électrique. L’idée est que le praticien sache être efficace avec tous les outils pour choisir le plus adapté pour le patient.

L’incontournable brossette

S’il est en revanche un outil qui ne fait plus débat, c’est la brossette interdentaire. Une méta analyse publiée en mai dernier à partir de la compilation de toutes les études comparatives avec le fil, montre qu’elle est de très loin la plus efficace en cas d’inflammation gingivale. L’hydropulseur que l’on pense souvent inutile vient en seconde position, très loin devant le fil. En fait, c’est la difficulté à bien utiliser le fil qui explique sa position de dernier de classe. Un patient est sans doute plus à l’aise avec des brossettes bien calibrées et faciles à passer. Le fil permet d’accéder à certains espaces quand ce n’est pas possible avec la brossette. Mais après un apprentissage !

Masterclass

B16 - Prévention : hygiène orale