ENQUÊTE
La création du métier d’assistante dentaire de niveau 2 est actuellement en discussion en commission paritaire et avec le ministère de la Santé. Dans la profession, un consensus se dégage sur le niveau de formation requis pour ce nouveau métier et sur les tâches qui pourraient être déléguées.
Depuis l’inscription des assistantes dentaires au code de la santé publique en 2016, les travaux menés en commission paritaire et avec la profession ont porté sur l’établissement de référentiels d’évaluation, de formation et de compétences de l’assistante dentaire actuelle. Parallèlement, l’idée de la création d’une assistante dentaire plus qualifiée a fait son chemin. Et, aujourd’hui, un large consensus se dégage dans la profession en faveur de la création d’une assistante dite de « niveau 2 » qui serait compétente dans deux grands domaines techniques supplémentaires : le détartrage et la prise de radio panoramique et rétro-alvéolaire. L’utilisation du cone beam qui nécessite une formation complémentaire ne ferait pas partie de ses attributions.
Dans tous les cas « on part du principe que l’assistante dentaire de niveau 2 ne travaille jamais sur un tissu pathologique mais toujours sur des tissus sains », précise Doniphan Hammer. L’assistante dentaire pourrait vérifier les cavités mais ne pourrait pas utiliser les rotatives. On peut aussi imaginer qu’elle effectue des sealant. Dans tous les cas, les actes sont réalisés « sous la responsabilité et le contrôle effectif du chirurgien-dentiste ». Elle ne pourrait donc pas exercer en l’absence du chirurgien-dentiste.
D’autres actes non techniques comme l’éducation thérapeutique pourraient aussi lui être confiés.
La question du niveau des études est aussi à l’ordre du jour. Pour devenir assistante dentaire de niveau 2, il faudrait d’abord exercer en tant qu’assistante de niveau 1 et prouver une certaine ancienneté. La qualification de niveau 2 serait alors obtenue après une formation complémentaire de 2 ans alternant théorie et pratique.
Ce temps de formation supplémentaire n’est pas anodin. Le niveau Bac étant requis pour les assistantes actuelles, ce personnel plus qualifié serait employé à un niveau Bac+2, suffisamment distant du niveau Bac+6 des chirurgiens-dentistes.
Il permet de « marquer la différence » entre la profession médicale de chirurgien-dentiste et la profession paramédicale d’assistante dentaire de niveau 2 et également avec l’assistante dentaire d’aujourd’hui, explique Doniphan Hammer.
Ces 2 années permettraient aussi de préserver la profession de l’accès partiel. Avec un nombre d’années d’études équivalent à celui des hygiénistes en Europe (2 ou 3 ans) et des domaines de compétences proches, les conditions seraient réunies pour qu’une hygiéniste ne puisse pas faire valoir son statut pour bénéficier de l’accès partiel. Elle travaillerait en France en tant qu’assistante de niveau 2.
Les travaux sont actuellement menés en relation avec le ministère de la Santé « sans volonté de mainmise particulière sur le dossier », estime Doniphan Hammer. Il faut dire que le ministère est conscient de ne pas avoir toute la main sur le sujet puisque la formation est financée par la profession. Il reste cependant « très vigilant » sur l’avancée des travaux et « très demandeur » de la liste des tâches qui pourront être déléguées.
Il reste encore du chemin à parcourir avant que les premières assistantes dentaires de niveau 2 soient disponibles à l’embauche. Les participants à la commission paritaire tablent sur 4 à 5 ans.
L’équipe dentaire en Europe et prospective en France.