Clinic n° 09 du 01/09/2018

 

PRESSE INTERNATIONALE

NOTRE SÉLECTION

Contexte

Les dentistes et le grand public prennent conscience du rôle compromettant de l’érosion dans l’état de santé dentaire. Au Royaume-Uni, l’usure des dents comprend l’érosion, l’attrition et l’abrasion alors que, en Europe, l’érosion est mise en avant, l’attrition et l’abrasion étant considérées comme des processus indépendants. En conséquence, la différence de terminologie a compliqué les discussions sur l’usure des dents. Actuellement,...


Contexte

Les dentistes et le grand public prennent conscience du rôle compromettant de l’érosion dans l’état de santé dentaire. Au Royaume-Uni, l’usure des dents comprend l’érosion, l’attrition et l’abrasion alors que, en Europe, l’érosion est mise en avant, l’attrition et l’abrasion étant considérées comme des processus indépendants. En conséquence, la différence de terminologie a compliqué les discussions sur l’usure des dents. Actuellement, l’expression « usure dentaire érosive » est de plus en plus adoptée comme un compromis reconnaissant que les acides, qu’ils soient intrinsèques ou extrinsèques, contribuent à l’usure des dents lorsqu’ils sont combinés à une érosion. L’état actuel de la connaissance sur l’usure dentaire érosive ainsi que le rôle du système d’évaluation de l’érosion dentaire (BEWE, Basic Erosive Wear Examination) ont été décrits.

Prévalence du problème

L’usure dentaire érosive semble être commune et augmenter avec l’âge. Entre 2 et 10 % des adultes présentent une usure, avec des valeurs encore plus élevées chez les enfants. L’utilisation de l’indice BEWE dans un échantillon européen a identifié une usure visible au cours de l’examen dentaire chez 30 % des adultes. Chez environ 3 % des individus examinés, l’usure était sévère.

Aucune donnée n’est disponible pour définir un taux d’usure normal. Cependant, l’usure semble se produire naturellement tout au long de la vie avec des périodes d’activité accrue lorsque des facteurs de risque entrent en jeu. Cela indique que des mesures préventives peuvent être utiles à tout âge. Même les dents avec une usure sévère bénéficieront de la diminution ou de l’élimination des facteurs de risque.

Il semble également que certaines personnes présentent un risque plus élevé que la majorité de la population.

Quelques parallèles ont été démontrés entre l’usure dentaire et la maladie parodontale, les deux ayant des périodes de progression naturelle et des périodes où l’érosion augmente. Il existe aussi des individus à risque plus élevé pour les deux pathologies.

Découvertes cliniques

Le BEWE a été développé pour enregistrer la sévérité de l’usure des dents et tenter de sensibiliser les praticiens et les patients sur l’usure dentaire afin que des programmes de prévention puissent être mis en place. La mesure évalue la surface dentaire la plus sévèrement usée dans chaque sextant sur une échelle de 0 à 3, puis elle est enregistrée dans le dossier clinique du patient. Le BEWE prend en compte l’importance de l’érosion mais aussi l’impact de l’usure dentaire en progression. Un inconvénient de cette échelle est la détermination subjective de la mesure, en particulier entre 0 et 1 ; cependant, la différence entre les valeurs 2 et 3 a la plus grande pertinence clinique. Récemment, deux sociétés ont développé des applications pour aider à l’utilisation du BEWE et sensibiliser à l’usure dentaire érosive.

Recherches en cours et efforts préventifs

La recherche actuelle confirme que la lésion de l’émail est plus pertinente, conduisant au développement de fluorures et autres minéraux. L’exposition de la dentine indique une atteinte plus grave ; la recherche sur les efforts de prévention des lésions dentinaires manque.

Le fluor semble prévenir l’érosion de façon similaire à son effet sur les caries. Plus précisément, il durcit l’émail, ce qui augmente la résistance à la déminéralisation ou re-minéralise la surface. L’érosion peut créer une couche plus molle après une exposition acide, qui peut être re-minéralisée dans des conditions favorables sans usure. La perte de tissu se produit si la re-minéralisation n’a pas lieu et si le tissu ramolli est soumis à une attrition ou à une abrasion. De nouvelles lésions peuvent survenir, même après une perte importante de tissu. Le processus présente des périodes d’activité et d’inactivité, il n’est donc pas continuellement progressif au même rythme.

Des recherches récentes indiquent que différentes formulations de fluor peuvent avoir des résultats différents sur l’émail. Divers ions métalliques peuvent également avoir plus d’effet sur la prévention : la recherche est ciblée sur les ions sodium, stanneux et titane. De plus, la formulation des dentifrices ou bains de bouche peut altérer la résistance de l’émail aux acides. Les produits à base de calcium sont également étudiés mais aucune preuve clinique directe n’est encore disponible.

La recherche a indiqué que l’usure dentaire érosive progresse pendant la durée de la vie comme un processus normal, mais que les phases actives sont liées à l’introduction de facteurs de risque dans l’environnement. Les efforts de prévention devraient être axés sur ces périodes d’activité, mais aucun signe clinique fiable ou symptôme n’a été identifié pour indiquer qu’une période active d’usure dentaire est en cours.

L’usure dentaire est également liée à l’alimentation. Bien que la réponse initiale à l’usure était une interdiction de tous les aliments et boissons acides, d’autres recherches indiquent que c’est la fréquence de consommation acide et pas nécessairement le contenu de la nourriture ou boisson qui est le facteur de risque le plus important dans l’usure dentaire érosive. Ceci est particulièrement important parce que les fruits et les boissons à base de fruits font partie d’une alimentation saine et équilibrée. Les professionnels de soins dentaires devraient souligner que ces aliments sont sains mais que grignoter des fruits tout au long de la journée peut significativement augmenter le risque d’usure dentaire érosive.

La salive et le biofilm dentaire ont également été étudiés en ce qui concerne l’usure dentaire érosive. Il peut y avoir des différences dans la composition et la quantité du biofilm chez les patients atteints d’érosion. Le biofilm sert de barrière à l’action de l’acide sur l’émail ou la dentine, mais son exposition répétée aux acides peut entraîner un affaiblissement ou une réduction de son épaisseur. Le rôle de protéines spécifiques et de l’épaisseur de la pellicule est en cours d’étude.

Les patients qui souffrent de régurgitations ou reflux acides gastriques peuvent avoir une usure dentaire érosive sévère. Les troubles de l’alimentation ou le reflux gastrique peuvent être la cause de l’exposition à l’acide régurgité. Les enzymes dans le liquide gastrique peuvent détruire le biofilm, de sorte que l’émail est exposé à l’acide chlorhydrique du liquide gastrique, entraînant une usure érosive. Plus de recherches sont nécessaires mais les patients avec des désordres alimentaires ou un reflux gastrique doivent, le cas échéant, être orientés vers leur médecin.

Le bruxisme est généralement traité par des gouttières. Celles-ci sont conçues pour recouvrir complètement les surfaces occlusales et peuvent être portées sur la denture supérieure ou inférieure. Leur contribution à l’usure des dents reste à déterminer mais implique probablement une attrition ou une abrasion.

Les patients ayant une sensibilité dentinaire ont des symptômes similaires à ceux qui ont une usure dentaire érosive. Ces patients ont tendance à être très motivés en matière d’hygiène bucco-dentaire. La fréquence de consommation d’aliments et de boissons acides est un facteur contributif important aux périodes actives de ces pathologies. Les dentistes peuvent aider les patients en leur conseillant de réduire la fréquence de consommation de ces aliments et d’utiliser des dentifrices désensibilisants pour traiter l’hypersensibilité.

SIGNIFICATION CLINIQUE

L’usure dentaire érosive peut compromettre la longévité de la structure dentaire et causer une multitude de problèmes. Bien que l’usure soit un processus naturel, certains facteurs de risque peuvent faire partie de l’équation et provoquer une usure des dents loin d’être normale. Le contrôle des facteurs alimentaires et l’utilisation de dentifrices à base de calcium ou de fluor offrent des moyens de prévention de la progression de l’usure dentaire érosive et de préservation d’une meilleure fonction orale.