Clinic n° 07 du 01/07/2018

 

C’EST MON AVIS

Edmond Binhas  

Président du GEB

Le monde dentaire est confronté aujourd’hui à un changement qui jette le trouble dans les esprits. La nouvelle convention effraie un certain nombre de praticiens.

Au-delà de cette peur légitime se pose une question pragmatique : comment réagir ?

La première étape est d’éviter d’être dans le déni. Oui, la nouvelle convention va être signée ; oui, sans cette signature le règlement arbitral aurait été imposé et enfin ; oui, même si ce n’est pas...


Le monde dentaire est confronté aujourd’hui à un changement qui jette le trouble dans les esprits. La nouvelle convention effraie un certain nombre de praticiens.

Au-delà de cette peur légitime se pose une question pragmatique : comment réagir ?

La première étape est d’éviter d’être dans le déni. Oui, la nouvelle convention va être signée ; oui, sans cette signature le règlement arbitral aurait été imposé et enfin ; oui, même si ce n’est pas solidaire, un certain nombre de praticiens sont ravis de la voir signée. Cela va leur permettre d’augmenter leurs honoraires ! La seconde étape est d’éviter de se bercer d’illusion et croire que les choses vont revenir comme avant.

Contrairement à la morosité actuelle et même si la situation est délicate, je reste convaincu qu’un exercice épanouissant de la profession est toujours possible. À condition d’appréhender avec réalisme trois tendances marquantes de la société française : le désengagement financier de l’assurance maladie au profit des assurances complémentaires, les patients connectés et plus exigeants, et la pression très forte à la baisse des honoraires.

Des points positifs importants viennent cependant compenser ces éléments négatifs. Parmi eux, citons : une démographie professionnelle durablement favorable, la concurrence entre les complémentaires santé, la problématique des déserts médicaux et la volonté d’une majorité de patients de bénéficier d’une dentisterie de qualité et de traitements esthétiques.

Des solutions collectives et individuelles existent. Au niveau collectif, nos patients doivent nous considérer comme des médecins de la bouche et non comme des vendeurs de prothèse. Au niveau individuel, nos cabinets doivent être gérés comme des entreprises de santé. Ceux qui refusent cette réalité s’exposent à de douloureuses désillusions. Les enseignements non cliniques tels que la gestion, l’organisation, la communication, le management, ou encore les finances, sont désormais incontournables et conditionnent la survie des cabinets. Ceux qui sont prêts à mettre en place de nouvelles formes d’organisation sortiront la tête de l’eau. La situation deviendra en revanche de plus en en plus difficile pour les autres.

En conclusion, il va bien falloir affronter la réalité avec pragmatisme mais aussi un optimisme réaliste. Cela exige des efforts, du courage et une remise en cause des modèles traditionnels d’exercice. À ces conditions, la pratique libérale est loin d’être morte et une carrière épanouissante est toujours possible. Et il y aura toujours une frange non négligeable de la population prête à payer pour une dentisterie de qualité, à condition qu’elle soit réelle, tangible et démontrée.