Clinic n° 07 du 01/07/2018

 

La Fédération Européenne de Parodontologie (EFP) a décidé de lancer une étude en Europe sur les futures tendances en parodontologie et dentisterie implantaire pour les dix prochaines années.

La méthode Delphi permet de construire un consensus dans le domaine d’intérêt en utilisant un questionnaire pour recueillir les opinions d’un panel d’experts choisis. Les 4 points d’intérêts majeurs de l’étude concernent la santé parodontale et péri-implantaire, les publications en parodontologie des groupes de recherche européens, l’enseignement en parodontologie et la pratique professionnelle en parodontologie jusqu’en 2025 en Europe.

Selon diverses caractéristiques du système de santé national, les pays sont répartis selon 5 modèles de système de santé orale : les modèles nordique, bismarckien, britannique, du Sud et de l’Est. Le système français est proche du modèle bismarckien (fig. 1).

Résultats

Santé et maladies parodontales et péri-implantaires

Il existe un consensus sur la stabilité de la prévalence de la parodontite chronique pour 2025 concernant les modèles nordique et du Sud. Néanmoins, ce consensus n’existe pas au niveau européen. Pour la parodontite agressive, tous les modèles s’accordent sur la stabilité de la prévalence. Pour les pathologies péri-implantaires (péri-implantites et mucosites péri-implantaires), une augmentation de la prévalence est également consensuelle pour tous les modèles.

Publications scientifiques

Les experts de tous les modèles s’accordent sur un consensus concernant :

– l’augmentation des publications relatives à l’implantologie, à la médecine parodontale et à la génétique liée aux maladies parodontales ;

– l’augmentation des publications liées à la « parodontologie implantaire » pour les modèles du Sud et de l’Est.

Il n’y a pas de consensus mais il existe une forte majorité concernant :

– les publications liées aux nouvelles thérapies qui restent au même niveau ;

– l’augmentation des publications en parodontologie comparées à celles en dentisterie.

Aucun consensus concernant :

– l’augmentation des publications en parodontologie au niveau européen.

Éducation

Un consensus est atteint pour :

– tous les modèles, sur l’augmentation de l’enseignement lié à l’implantologie dans le second cycle (undergraduate) et sur l’augmentation de la demande en formation de troisième cycle (postgraduate) en parodontologie et en implantologie ;

– tous les modèles, sur l’augmentation de la demande de formation continue des praticiens en implantologie ;

– le modèle nordique, sur la stabilisation de la place donnée à la parodontologie dans l’enseignement par rapport aux autres disciplines ;

– le modèle de l’Est, sur l’augmentation de la place de la parodontologie dans l’enseignement ;

– les modèles nordique, britannique et de l’Est, sur une augmentation de la demande de formation continue des praticiens en parodontologie ;

– les modèles britannique et de l’Est, sur l’augmentation du rôle des sociétés scientifiques dans la formation continue en parodontologie et implantologie ;

– le modèle britannique, sur une augmentation du rôle des cliniques et compagnies privées dans l’éducation.

Pas de consensus atteint :

– concernant le rôle de l’université dans la formation de troisième cycle (postgraduate) et dans la formation continue des praticiens en parodontologie et implantologie.

Parodontologie

Un consensus est atteint concernant :

– l’augmentation de l’utilisation des brossettes interdentaires par la population (en dehors des modèles nordique et du Sud) ;

– la diminution de l’utilisation du fil dentaire par la population, pour le modèle nordique ;

– l’augmentation de l’utilisation du fil dentaire par la population, pour le modèle de l’Est ;

– l’augmentation de l’utilisation de la brosse à dents électrique (en dehors des modèles de l’Est et européen) ;

– l’augmentation de la population consultant pour un suivi régulier parodontal (en dehors du modèle nordique) ;

– l’augmentation de la demande en soins parodontaux, pour tous les modèles ;

– l’augmentation des traitements implantaires (sauf les modèles nordique et bismarckien) ;

– l’augmentation de la demande de chirurgie plastique parodontale (sauf le modèle nordique) ;

– le besoin de développement de soins préventifs spécifiques péri-implantaires ; – le développement de thérapeutiques efficaces pour les péri-implantites (sauf les modèles nordique et britannique) ;

– l’augmentation du nombre de praticiens exclusifs en parodontologie et implantologie (avec un statut de travailleur indépendant pour le modèle de l’Est) ;

– l’augmentation du nombre de praticiens exclusifs en parodontologie et implantologie avec un statut d’employé pour les modèles du Sud et bismarckien.

Pas de consensus sur :

– l’évolution de l’utilisation du fil dentaire par la population (en dehors des modèles nordique et de l’Est) ;

– l’évolution de l’utilisation des bains de bouche en Europe ;

– l’utilisation des brossettes interdentaires par la population, pour les modèles nordique et du Sud ;

– la proportion des traitements parodontaux comparée à celle des traitements implantaires ;

– la proportion des chirurgies parodontales dans les thérapeutiques parodontales proposées ;

– l’évolution du nombre de praticiens exclusifs en parodontologie et implantologie au niveau européen.

Conclusion

La plupart des experts attendent une stabilisation de la prévalence des parodontites chronique et agressive ainsi qu’une augmentation de la prévalence des maladies péri-implantaires pour les dix prochaines années. Ils s’accordent également sur l’augmentation de la demande de formation en parodontologie et implantologie ainsi que sur l’augmentation des publications scientifiques en implantologie. Concernant les patients, les experts s’attendent à une plus grande demande de suivi de leur part, liée à un meilleur accès à l’information.