VU PAR LES INTERNES
Dans le cadre de la consultation de prothèse amovible complète, une patiente de 62 ans se présente afin d’améliorer la rétention de sa prothèse mandibulaire.
À l’examen clinique, la crête osseuse mandibulaire apparaît fortement résorbée. Nous lui proposons la réfection de ses anciennes prothèses, d’adaptation imparfaite. L’indication d’une prothèse amovible complète supra-implantaire (PACSI) mandibulaire est posée, conformément aux recommandations du consensus de Mc Gill (2002).
Après accord de la patiente, son ancienne prothèse mandibulaire a été dupliquée, permettant la réalisation d’un guide radiologique pour l’examen tomodensitométrique.
Cet examen a permis de planifier la pose de deux implants para-symphysaires Straumann (SP, diamètre 4,1 mm RN, SLA®, 10 mm, TiZr) en sites des 33 et 43, en un temps chirurgical. Après la chirurgie implantaire, l’ancienne prothèse mandibulaire a été évidée en regard des implants pour permettre leur bonne ostéo-intégration.
Une fois cette dernière acquise, les empreintes primaires pour les prothèses d’usage ont été effectuées à l’aide d’un alginate, vis de cicatrisation en place à la mandibule. Ces empreintes primaires ont été coulées et deux porte-empreintes individuels (PEI) confectionnés. À la mandibule, le PEI a été perforé en regard des moulages des vis de cicatrisation, afin de permettre le passage de deux transferts d’empreinte au travers du bourrelet. Le marginage des PEI a été réalisé classiquement à la pâte de Kerr.
Le surfaçage maxillaire a été réalisé à l’aide d’une pâte à base d’oxyde de zinc eugénol (SS White).
À la mandibule, les transferts d’empreinte ont été vissés et une radiographie rétro-alvéolaire de contrôle a permis de valider leur bonne indexation, puis le surfaçage a été réalisé selon la technique du porte-empreinte ouvert, toujours à l’aide d’une pâte à base d’oxyde de zinc eugénol (SS White). Après prise complète du matériau, les transferts d’empreinte ont été solidarisés au PEI à l’aide d’une résine chémopolymérisable (Unifast Trad, GC®).
Après désinsertion de l’empreinte, les analogues d’implant ont été vissés aux transferts toujours solidarisés au PEI, en créant un contre-couple afin d’éviter toute mobilisation (fig. 1 à 3).
Les maquettes d’occlusion ont été classiquement réalisées sur maîtres modèles issus de la coulée des empreintes secondaires. Ces dernières ont été réglées en bouche et les repères esthétiques indexés. La relation inter-maxillaire a ensuite été enregistrée pour permettre la mise en articulateur des modèles (fig. 4).
La teinte et la forme des dents ont été choisies ; dents Vivodent SPE (Ivoclar Vivadent) en teinte A2, formes A32, A4, N3.
Après validation du montage sur cire (fig. 5), le choix du système de rétention complémentaire s’est porté sur le système Novaloc®, développé par Straumann®, qui s’inspire du système de rétention Locator®, jusqu’alors le plus utilisé. Il s’agit d’un système d’attachements axiaux en carbone, disponible en différentes hauteurs de 1 à 6 mm pour la partie secondaire droite et de 2 à 6 mm pour la partie secondaire angulée et sous deux angulations (0 et 15). Les boîtiers femelles, inclus dans la résine prothétique, sont disponibles en deux matériaux différents, le titane et le PEEK (PolyEtherEtherKetone), et ils peuvent recevoir 6 inserts de rétention d’intensités différentes ; le grammage de rétention optimal est choisi par le praticien en fonction de la force d’arrachement voulue de la prothèse et de la dextérité du patient à retirer sa PAC (fig. 6).
La maquette mandibulaire a été évidée en regard des implants afin de choisir la hauteur de la partie secondaire à l’aide d’un kit de planification (RC planification kit, Novaloc) (fig. 7 à 9).
Dans ce cas clinique, nous avons opté pour deux piliers Novaloc droits de 4 mm de hauteur (fig. 10).
Les parties femelles ont ensuite été solidarisées dans l’intrados prothétique à l’aide des inserts de rétention transparents de laboratoire.
Au moment de la mise en bouche, les piliers Novaloc choisis ont été torqués à 35 N.cm, puis les inserts de rétention transparents ont été remplacés par des inserts cliniques de rétention de couleur verte correspondant à la rétention strong (fig. 11 et 12).
L’occlusion bilatérale équilibrée a été contrôlée (fig. 13).
La patiente a été informée sur les modalités de maintenance de ses prothèses et de ses implants (nettoyage) et sur la nécessité de changement au long cours des inserts de rétention.
Le système Novaloc® apparaît comme un système fiable permettant la réalisation de PACSI, améliorant le confort et la rétention des PAC mandibulaires, conformément au consensus de Mc Gill.
Pompignoli M, Doukhan JY, Raux D. Prothèse complète : clinique et laboratoire (5e éd). Paris : Éditions CdP, 2011, 384 p.
Rignon-Bret C, Descamp F, Bernaudin E, Bloch M, Hadida A. Stratégie de traitement en prothèse amovible complète supraimplantaire mandibulaire. Réalités Cliniques 2003;14:141-159.