En dotant la France d’un plan pour l’intelligence artificielle, le gouvernement entendait officialiser l’entrée du pays dans une nouvelle ère du numérique. Celle qui permet d’enrichir en données les technologies afin de les rendre plus performantes. Les entreprises investies dans ce domaine n’ont cependant pas attendu ce signal pour développer de nouvelles solutions, tout particulièrement dans le domaine de la santé.
Permettre à la France de rattraper son retard dans le développement de l’intelligence artificielle et de développer cette compétence dans quatre domaines prioritaires : la santé, le transport, l’éducation et l’agriculture. Pour se donner les moyens de cette ambition, Emmanuel Macron a présenté un plan national pour l’intelligence artificielle, accompagné d’un budget de 1,5 milliard d’euros sur le quinquennat. Cette annonce faisait suite au rapport remis par la mission présidée par le mathématicien et député de l’Essonne, Cédric Villani. Sous le titre « donner un sens à l’intelligence artificielle », le très médiatique médaillé Fields déclinait les grandes lignes d’une stratégie, reprises par le Président de la république.
Voiture autonome, assistants virtuels, reconnaissance d’images mais aussi détection de certaines maladies : les applications de l’intelligence artificielle dans nos vies font partie d’un futur proche. Il s’agit désormais de donner des axes de développement pertinents et des cadres réglementaires à ce que le rapport Villani définit comme la construction de programmes informatiques destinés à accomplir, grâce à des process demandant un haut niveau d’intelligence, des tâches réalisées jusqu’à présent par des êtres humains.
C’est donc en toute logique, note le gouvernement, que dans un contexte technologique marqué plus que jamais par « la mise en données », l’intelligence artificielle émerge comme une évolution inéluctable dans la quête des solutions numériques. Comme le conclut de son côté Cédric Villani dans son rapport : « l’intelligence artificielle est donc une des clés du pouvoir de demain dans un monde numérique ». Face à la concurrence des États-Unis et de la Chine, mais également à l’émergence d’outsiders comme le Canada, la Grande-Bretagne et Israël, la France se devait de ne pas rater ce rendez-vous.
Pour doter l’Hexagone de structures de recherche et industrielles capables de développer ces compétences informatiques requérant à la fois un apprentissage perceptuel, une organisation de la mémoire ainsi qu’un raisonnement critique, le plan national propose une stratégie sur quatre axes. Il s’agit de conforter l’écosystème de l’intelligence artificielle, voire de faire émerger de nouveaux réseaux, comme par exemple des instituts dédiés dans quatre ou cinq lieux de l’Hexagone issus d’une meilleure « porosité entre les universités et les organismes de recherche ». Le plan prévoit également d’instaurer la même “porosité” entre la recherche publique et le monde industriel.
Ces initiatives seront soutenues par une simplification des démarches dans la création de start-ups par les chercheurs, une accélération des procédures contrôlant les projets scientifiques et enfin la possibilité pour les chercheurs de consacrer 50 % de leur temps à un projet privé, contre 20 % actuellement. Pour accompagner la mise en œuvre de ce plan, le nombre d’étudiants formés à l’intelligence artificielle devra être doublé. Ils recevront également une formation à l’éthique liée à l’intelligence artificielle. L’exploration de ces nouveaux champs de recherche et d’application n’est en effet pas sans soulever de nombreuses interrogations, tant sur la collecte et la nature des données que sur leur utilisation. Des changements de paradigme qui vont tout particulièrement toucher le domaine de la santé où le recours à l’intelligence artificielle va faire émerger de nouvelles questions dans les formations médicales et dans les responsabilités, éthiques et juridiques, des professionnels de santé.