Clinic n° 06 du 01/06/2018

 

PHYTOTHÉRAPIE

Florine BOUKHOBZA  

Chirurgien-dentiste homéopathe
et phytothérapeute
Présidente de l’Academy des savoirs
Présidente du Pôle bucco-dentaire
et stomatologie de l’Institut
homéopathique scientifique (IHS)
Membre de la Société française
d’homéopathie (SFH)Enseignante
Universités Paris 7, Paris 13 et de Lorraine

Nous allons aborder, au travers notamment d’un cas clinique concret, la solution phytothérapique d’une boisson à boire avant et après une chirurgie bucco-dentaire pour faciliter la réparation post-chirurgicale.

Cas clinique

Un patient d’une soixantaine d’années est poly-médiqué du fait de pathologies métaboliques suivies au long cours, hypertension et cholestérol (fig. 1 et 2).

Une chirurgie parodontale est programmée du fait de lésions angulaires marquées, de dénudations radiculaires, de caries, de lésions de collets, entre autres.

Une ordonnance peropératoire est exécutée et nous associons une plante à boire de drainage des émonctoires pour bien éliminer les déchets de l’organisme et permettre aux organes de mieux répondre lors de la récupération post-chirurgicale.

Artichaut : principes actifs en synergie drainante

Cynara scolymus est la plante incontournable en phytothérapie dentaire, utilisée depuis des siècles pour faciliter les fonctions d’élimination urinaire, digestive, hépatique et rénale (fig. 3).

Nom latin : Cynara scolymus.

Nom commun : Artichaut.

Famille : Composées. Parties de la plante utilisées : feuilles.

Principes actifs majeurs :

• la cynarine, un depside confère les propriétés cholérétiques, hypocholestérolémiantes et hépatoprotectrices ;

• les acides nombreux tels que les acides caféique, chlorogénique, citrique, contribuent à un effet diurétique associé à une activité cholérétique ;

• les flavonoïdes ont des propriétés anti-oxydantes et participent à combattre les radicaux libres mis en causes dans de nombreux processus dégénératifs, accélérant le vieillissement des tissus et des cellules.

Indications dentaires

Le drainage va faciliter la digestion et favoriser le travail de protection du foie.

Les feuilles d’artichaut administrées dans un cadre de prescription phytothérapique pré-opératoire vont stimuler le foie et mettre en action ses fonctions participant à la réparation tissulaire et à l’élimination des déchets. Son indication lors d’interventions chirurgicales va faciliter la réparation des tissus et contribuer à un effet anti-fatigue associé.

Formes galéniques et posologie

Plusieurs formes galéniques existent.

Teinture mère

La forme galénique aisée est celle de la teinture mère, TM en abréviation sur l’ordonnance. Les teintures correspondent à des extraits de plantes hydro-alcooliques à haute concentration. Il est important d’en informer les patients car certains ne veulent pas du tout d’alcool (fig. 4).

Voici la façon pratique de le noter sur une ordonnance :

• En usage interne

• Cynara scolymus TM, flacon de 60 ml

• Prendre 30 gouttes 3 fois par jour dans un peu d’eau, pendant 1 mois.

Gélules

La forme galénique en gélules est sans alcool : Cynara scolymus, boîte de 45 à 150 gélules, selon les marques.

• Prendre 1 gélule 3 fois par jour avant le repas pendant 1 mois.

Pour une gélule, la quantité de feuilles d’artichaut est de 200 mg en poudre totale, ce qui amène à 3 à 5 gélules par jour. Il est important de vérifier selon les marques les quantités de poudre de feuilles d’artichaut dans les gélules.

Les avantages apportés par cette plante vont porter sur les fonctions biliaire et hépatique ainsi que sur la régularisation du taux de cholestérol. Le foie est chargé du recyclage des déchets et des microbes en faisant le tri, en les transformant et en les éliminant. D’où l’importance du bon fonctionnement du foie, qui peut être aidé par drainage par une ou des plantes adaptées.

Un bon fonctionnement du foie protège aussi d’une infection.

Remarque : il est à retenir que Cynara scolymus est contre-indiqué pendant l’allaitement du fait de son action inhibitrice sur la sécrétion lactée.

En résumé : l’artichaut stimule le foie et la vésicule biliaire. Le drainage favorise le terrain pour aider à la récupération et à la réparation après une chirurgie bucco-dentaire.

Pour en savoir plus

Barnes J, Anderson AL, Phillipson DJ. Herbal Medicines, 2nd édition. Grande-Bretagne : Pharmaceutical Press, 2002.

Boukhobza F. Homéopathie clinique pour le chirurgien-dentiste. Rueil Malmaison : Éditions CdP, 2010, 225 p.

Boukhobza F, Goetz P. Phytothérapie en odontologie. Rueil Malmaison : Éditions CdP, 2014, 203 p.

Brown JE, Rice-Evans CA. Luteolin-rich artichoke extract protects low density lipoprotein from oxidation in vitro. Free Radic Res 1998;29:247-255.

Ernst E. The desktop guide to complementary and alternative medicine. Grande-Bretagne : Mosby, 2001.

Gebhardt R. Anticholestatic activity of flavonoids from artichoke (Cynara scolymus L.) and of their metabolites. Med Sci Monit 2001;7 (suppl. 1):316-320.

Gebhardt R. Inhibition of cholesterol biosynthesis in primary cultured rat hepatocytes by artichoke (Cynara scolymus L.) extracts. J Pharmacol Exp Ther 1998;286:1122-1128 (Texte intégral : jpet.aspetjournals.org).

Holtmann, Adam B, Haag S, Collet W, Grünewald E, Windeck T. Efficacy of artichoke leaf extract in the treatment of patients with functional dyspepsia: a six-week placebo-controlled, double-blind, multicentre trial. Aliment Pharmacol Ther 2003;18:1099-1105.

Marakis G, Walker AF, Middleton RW, Booth JC, Wright J, Pike DJ. Artichoke leaf extract reduces mild dyspepsia in an open study. Phytomedicine. Phytomedicine 2002;9: 694-699.

Miccadei S, Di Venere D, Cardinali A, Romano F, Durazzo A, Stella Foddai M, et al. Antioxidative and apoptotic properties of polyphenolic extracts from edible part of artichoke (Cynara scolymus L.) on cultured rat hepatocytes and on human hepatoma cells. Nutr Cancer 2008;60: 276-283.

Therapeutic Research Faculty (Ed). Artichoke, natural medicines comprehensive database. www.naturaldatabase.com.

Wegener T, Fintelmann V. Pharmacological properties and therapeutic profile of artichoke (Cynara scolymus L.). Wien Med Wochenschr 1999;149:241-247.