Une enquête du Conseil national de l’Ordre des chirurgiens-dentistes sur le burn out fait état d’un mal-être important dans la profession puisque 35 % des chirurgiens-dentistes ayant répondu au questionnaire se déclarent en état d’épuisement professionnel. Parmi eux, près de 1 praticien sur 6 avoue des pensées suicidaires.
Fréquemment pointés du doigt à l’hôpital, les risques psychosociaux gagnent l’exercice libéral, et ce de manière massive. En témoignent les résultats inquiétants d’une enquête menée en novembre dernier par le Conseil national de l’Ordre des chirurgiens-dentistes, conjointement avec l’Académie nationale de chirurgie-dentaire*. Le mal-être au travail s’est sournoisement infiltré dans les cabinets, la souffrance est palpable mais reste silencieuse. Ce n’est en effet qu’une fois interrogés que les praticiens acceptent d’exprimer leur épuisement professionnel. Sur les quelque 34 455 chirurgiens-dentistes auxquels un mail a été adressé en novembre 2017, 6 783 ont répondu. Près de la moitié exerce en cabinet individuel, un quart dans un cabinet de groupe et 13,8 % dans un centre dentaire ; 52 % se situent en zone urbaine, 24 % en zone rurale.
À l’issue d’un questionnaire sur la base du test d’inventaire du burn out de Maslach (MBI) qui leur a été soumis, le constat est alarmant : 35 %, soit 2 378 chirurgiens-dentistes, sont bien en état d’épuisement professionnel ou burn out ; 14 % de ces confrères se déclarant en burn out reconnaissent même avoir des pensées suicidaires.
Ces omnipraticiens, qui exercent en grande majorité (89 %) en libéral, sont 58 % à prendre en charge 50 à 100 patients par semaine ; 11,7 % voient même entre 100 et 150 patients par semaine et 2,8 % plus de 150 ! Cette surcharge de travail est la première cause exprimée de leur souffrance au travail. Mais le stress est également identifié comme un facteur important par la quasi- totalité des chirurgiens-dentistes qui affirment être confrontés à des situations stressantes dans le cadre professionnel : complexité technique et relation avec le patient. Le mal-être professionnel est également provoqué, dans 2 cas sur 3, par les mauvaises relations avec l’administration (organismes sociaux, juridiques et financiers).
Cet épuisement n’est pas sans conséquence sur l’état de santé de ces praticiens. Au cours des cinq dernières années, près d’un tiers d’entre eux ont été contraints d’interrompre leur activité professionnelle pour raisons de santé. Pour autant, plus de la moitié des praticiens a renoncé à s’arrêter de travailler en dépit d’un état de santé alarmant.
Face à la gravité de la situation, le Conseil national de l’Ordre des chirurgiens-dentistes s’est décidé à prendre des mesures d’urgence, notamment en lançant une politique de prévention des risques. Parallèlement, une plate-forme téléphonique d’aide aux praticiens en détresse devrait être prochainement mise en œuvre en coopération avec l’ensemble des Ordres de santé.
* Résultats publiés dans la Lettre de l’Ordre des chirurgiens-dentistes, n° 166, avril 2018.