LE CAS CLINIC
Alexia FANGET* Isabelle FERERES** Violaine SMAÏL-FAUGERON*** Frédéric COURSON****
Lucie, 9 ans et demi, vient en consultation car elle a perdu sa restauration coronaire et présente, en outre, une voussure en regard de l’incisive centrale maxillaire gauche (21). La dent lui fait « mal » en appuyant dessus. On constate la présence d’une lésion apicale au niveau de la 21 (fig. 1). La maman relate un trauma survenu à l’âge de 8 ans.
Le diagnostic de nécrose pulpaire suite au trauma initial est posé. La maturation radiculaire de la dent controlatérale (11) atteste un arrêt de formation radiculaire de la 21. La maman confirme qu’il n’y a pas eu de suivi depuis le trauma initial. La décision de tenter une revitalisation sur cette dent avec un apex élargi est prise.
Après anesthésie locale et mise en place d’un champ opératoire, la première étape consiste à réaliser une désinfection canalaire ; la pâte antibiotique autrefois préconisée peut aujourd’hui être abandonnée pour cette étape. La phase de désinfection canalaire consiste en un premier rinçage à l’hypochlorite de sodium (à faible concentration, 1,5 %) ; s’ensuivent un rinçage avec une solution physiologique saline et un rinçage final à l’EDTA (17 %) avant séchage intra-canalaire à l’aide de cônes de papier. Un remplissage avec de l’hydroxyde de calcium est réalisé en prenant soin de ne pas dépasser la partie apicale (fig. 2).
Trois semaines plus tard, l’hydroxyde de calcium est éliminé du canal et un contrôle radiographique est réalisé (fig. 3). On réalise un rinçage à l’EDTA permettant de libérer des facteurs de croissance dentinaires qui pourront interagir avec les cellules souches recrutées apicalement. Pour cela, un saignement est provoqué avec une lime Hedström de gros diamètre au niveau péri-apical (fig. 4 et 5). Après hémostase, on décide de placer de la Biodentine® (Septodont) au contact de la pulpe au niveau de la jonction amélo-cémentaire (fig. 6). Une obturation temporaire au ciment verre-ionomère vient coiffer hermétiquement l’ensemble et un contrôle radiographique est effectué (fig. 7).
Lors de la consultation suivante, on réalise une coiffe composite par la technique du moule en acétate de cellulose (Frasaco, Prodentis).
Six mois plus tard, on peut commencer à objectiver la guérison parodontale (fig. 8).
Un an plus tard, la radiographie de contrôle est positive mais on n’arrive pas à discerner une réelle barrière au contact du matériau. On décide de réaliser un cone beam qui vient confirmer la présence de cette barrière minéralisée. On ne note toutefois pas, pour l’instant, d’élongation radiculaire ; il existe seulement un léger épaississement des parois canalaires (fig. 9 à 11).
La vue clinique à 15 mois est satisfaisante (fig. 12).
Un traitement classique d’apexification est possible. À la place de la Biodentine® (Septodont), il est possible aussi d’utiliser du Mineral Trioxyde Agregate (Dentsply) lors de la procédure de revitalisation.
En traumatologie, le traitement des dents permanentes immatures nécrosées par la technique de revitalisation est une option thérapeutique intéressante, dont le protocole doit être strictement respecté. En cas d’échec, un traitement d’apexification est toujours possible.