Le soin présenté est réalisé suite à notre expérience, avec l’aide des recommandations formulées par les concepteurs de la technique [1]. L’analyse clinique et radiographique permet de déterminer l’état pulpaire de la dent, qui ne doit être ni en inflammation irréversible ni nécrosée. Elle doit être « restaurable » et le patient ne doit pas présenter de contre-indication liée à son état de santé.
La technique de Hall consiste à mettre en place une coiffe pédodontique préformée métallique (CPPm) scellée par un ciment verre ionomère sur une dent présentant une lésion carieuse. Le scellement est réalisé sans préparation dentaire préalable ni éviction du tissu carieux, à l’inverse de ce que nécessitent les techniques de restauration conventionnelles. Elle ne nécessite ni anesthésie ni instrumentation rotative. L’objectif est de priver le biofilm à l’origine de la lésion carieuse de nutriments et ainsi d’arrêter la progression de la lésion carieuse [1].
L’entretien et l’examen clinique doivent confirmer (fig. 1) :
• l’absence de douleur d’origine pulpaire ;
• la présence d’une lésion carieuse dépassant la jonction amélo-dentinaire ;
• la possibilité de restaurer la dent à l’aide d’une CPPm ;
• l’absence de mobilité dentaire ;
• l’absence d’exposition pulpaire ;
• l’absence de signe de nécrose (abcès, fistule).
L’examen radiologique sert à valider (fig. 2) :
• la présence d’une continuité radiologique dentinaire entre la lésion carieuse et la pulpe ;
• l’absence d’atteinte osseuse ;
• l’absence de rhizalyse.
En cas de point de contact fort, la mise en place de séparateur orthodontique pendant au mois 48 heures permet de ménager l’espace suffisant pour permettre la pose de la CPPm (fig. 3). Nous réalisons un nettoyage prophylactique professionnel des surfaces dentaires. L’objectif est d’éliminer les débris alimentaires présents et de désorganiser le biofilm (fig. 4). La CPPm peut être préparée en proximales pour être ajustée en cervicale, éventuellement bouterollée. Elle est ensuite polie afin de prévenir tout risque de blessure. Pour lui donner plus de rétention, elle peut être bouterollée à l’aide de la pince adaptée (fig. 5 et 6). Une fois la CPPm choisie et correctement adaptée, la dent est séchée et isolée à l’aide de cotons. La CPPm est remplie de ciment verre ionomère de scellement, afin d’obturer complètement la lésion carieuse et de sceller la coiffe. Elle est mise en place et maintenue jusqu’à la prise du matériau et l’élimination des excès (fig. 7 et 8).
La surocclusion induite par l’absence de préparation ne semble pas gêner les enfants prévenus et tend à s’adapter en quelques semaines [2].
La technique de Hall est un véritable changement de paradigme dans la prise en charge des lésions carieuses sur les molaires temporaires. Bien qu’elle existe depuis maintenant plus de 15 ans et bénéficie de preuves scientifiques [3] qui la présentent comme une technique non iatrogène pour l’enfant, les détracteurs sont encore nombreux et sa faible utilisation en France en est une illustration [4]. À l’inverse, dans les pays anglo-saxons, les sociétés scientifiques commencent à la recommander et la technique de Hall tend à se démocratiser [5].
Le Dr Norma Hall a mis en place une technique fondée sur les nouvelles connaissances en microbiologie pour soigner les lésions carieuses sur les molaires temporaires, sans anesthésie ni instrumentation rotative. Après une démarche diagnostique rigoureuse, afin d’exclure toute atteinte pulpaire, la dent est nettoyée avec une brossette et la coiffe pédodontique préformée métallique est scellée afin d’isoler la lésion carieuse. Cette technique validée par la littérature permet à tous les praticiens de soigner plus aisément les enfants les moins coopérants.