Clinic n° 04 du 01/04/2018

 

ENQUÊTE

« J’aimerais une vraie réglementation pour notre profession »

Isabelle Vincelot

J’assiste un praticien libéral avec lequel je travaille au fauteuil à quatre mains. Je ne gère ni les facturations ni les appels, assurés par son épouse. Pour moi, le rôle propre de l’assistante dentaire, métier que j’exerce depuis 1989, est d’être au fauteuil, s’occuper du patient, gérer les consommables et le suivi des prothèses dentaires. Mais une assistante...


« J’aimerais une vraie réglementation pour notre profession »

Isabelle Vincelot

J’assiste un praticien libéral avec lequel je travaille au fauteuil à quatre mains. Je ne gère ni les facturations ni les appels, assurés par son épouse. Pour moi, le rôle propre de l’assistante dentaire, métier que j’exerce depuis 1989, est d’être au fauteuil, s’occuper du patient, gérer les consommables et le suivi des prothèses dentaires. Mais une assistante dentaire qui est seule pour tout faire ne peut pas être au fauteuil. J’aimerais qu’il y ait une vraie réglementation pour notre profession et que chaque chirurgien-dentiste ait une assistante dentaire diplômée à ses côtés. Il faudrait que nous puissions être formées dans des écoles comme les infirmières et que nous soyons rattachées aux facultés dentaires. Cela permettrait aux futurs praticiens de comprendre notre métier et de se rendre compte de l’intérêt de travailler avec une assistante dentaire.

« C’est le relationnel avec le patient qui m’intéresse le plus »

Mounia Santou

J’exerce mon métier avec passion dans le même cabinet depuis 18 ans. C’est le relationnel avec le patient qui m’intéresse le plus. J’assure les soins à quatre mains au fauteuil, ainsi que le secrétariat. Nous avons essayé d’avoir une secrétaire médicale mais les patients me connaissent et demandent généralement à me parler. J’ai le temps de tout faire, c’est une question d’organisation et de gestion. Récemment, j’ai terminé un diplôme universitaire sur la prise en charge de la santé orale des patients en situation de handicap. Mon praticien m’a soutenue dans ce choix. D’ailleurs, nous nous formons actuellement ensemble en implantologie. Pour moi, l’évolution du métier passe par ces formations complémentaires qui permettent d’accueillir au mieux tous les patients au cabinet.

« L’assistante dentaire est la clé du cabinet »

Marie-Élodie Belot

Je travaille depuis 8 ans avec une autre assistante dentaire pour deux chirurgiens-dentistes et leurs deux collaborateurs. Normalement, je suis censée être exclusivement au fauteuil. Nous avons cherché une secrétaire médicale mais nous n’en avons pas trouvé. Nous sommes donc polyvalentes. Mais nous aurions vraiment besoin d’une secrétaire pour pouvoir dégager du temps, être complémentaires des chirurgiens-dentistes et permettre au patient d’être reçu dans des conditions optimales pour ses soins. Je considère vraiment que l’assistante dentaire est la clé du cabinet. J’aimerais d’ailleurs que notre métier évolue, notamment par rapport au diplôme, que nous ayons une vraie reconnaissance à Bac + 2. Il y aurait un meilleur professionnalisme avec un accès plus sélectif au diplôme. Car notre métier n’est pas aussi simple qu’on veut le faire croire.

« Nous assurons la continuité des soins »

Nawal Belaïd

Je travaille au sein d’un cabinet libéral où exercent quatre chirurgiens-dentistes qui ont chacun leur assistante. J’assiste le praticien au fauteuil et j’assure également le travail administratif : facturation, télétransmission des actes à la sécurité sociale, prise des rendez-vous. La partie administrative n’est pas celle que je préfère mais je considère que cela fait partie intégrante du métier. J’apprends tous les jours, je ne reste pas sur mes acquis. J’ai d’ailleurs suivi une formation en prophylaxie. C’est important car nous intervenons dans ce domaine auprès de nos patients. Nous assurons la continuité des soins du praticien en donnant des conseils aux patients. J’aimerais que notre profession puisse évoluer vers un rôle d’hygiéniste avec bien entendu une formation complémentaire. Ce serait un plus pour nous et cela permettrait aussi de décharger le praticien.

« On est traité de la manière dont on accepte d’être traité »

Loïc Beuriot-Bayeux

Je suis assistant dentaire depuis 8 ans et j’exerce dans un cabinet de ville depuis 5 ans. J’assure toutes les fonctions : l’accueil, la stérilisation, le fauteuil. Tout se passe très bien car mon praticien sait pourquoi je suis là, même si des mises à jour sont parfois nécessaires. Et si quelque chose ne va pas, il faut en parler. Être un homme dans ce métier ne change pas vraiment mes rapports avec les praticiens. On est traité de la manière dont on accepte d’être traité. Concernant la reconnaissance de notre métier, elle est actée par la loi mais dans les faits, j’estime qu’il faudrait clarifier le rôle de l’assistant dentaire en fonction du type d’acte effectué par le chirurgien-dentiste. Par exemple, un assistant dentaire qui travaille à 4 mains avec un implantologiste exclusif aura une activité plus stressante qu’avec un omnipraticien. Je ne pense pas que la création d’autres métiers soit possible pour le moment car nous ne sommes pas qualifiés et il ne faut pas oublier les responsabilités qui vont aller avec. Néanmoins, pour la prise d’empreintes et les radios, il est temps que ce soit inscrit dans notre fiche de poste.

Isabelle Vincelot, Paris Mounia Santou, Besançon (Doubs) Marie-Élodie Belot, Arras (Pas-de-Calais) Nawal Belaïd, Malakoff (Hauts-de-Seine) Loïc Beuriot-Bayeux, Lyon (Rhône)