Clinic n° 04 du 01/04/2018

 

CONVENTION

ACTU

ML  

Plus de 200 universitaires en odontologie ont adressé un courrier à Nicolas Revel, directeur général de l’UNCAM, ainsi qu’à Agnès Buzyn, ministre de la Santé, pour les alerter des dérives qu’encourrait la chirurgie dentaire si les propositions de la négociation conventionnelle restaient en l’état.

Des incohérences… À l’inverse de la pertinence des soins… Une négation de notre engagement… Les mots ne sont pas assez durs pour dénoncer les risques encourus par les propositions de revalorisations émises dans le cadre des négociations conventionnelles. C’est en ces termes que 5 maîtres de conférences des universités-praticiens hospitaliers(1) (MCU-PH) ont adressé une lettre à Nicolas Revel, directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (UNCAM), et à Agnès Buzyn, ministre de la Santé, dans laquelle ils leur font part de leurs inquiétudes. Ce courrier a également été signé par 238 autres universitaires dont les noms n’ont pas été dévoilés afin de ne pas interférer sur les négociations en cours entre les syndicats et l’UNCAM.

Des RPCI prioritaires

Les universitaires se sentent d’autant plus habilités à intervenir qu’ils avaient été sollicités par l’assurance maladie, avant même le début des négociations conventionnelles. La direction prise depuis par celles-ci leur apparaît pour le moins inquiétante. Car, même si l’objectif affiché par l’UNCAM « d’améliorer la prévention et le recours à des soins conservateurs plus respectueux des dents et des tissus dentaires, en favorisant la qualité des pratiques » est salué par les universitaires, ces derniers ne manquent pas de souligner « la valorisation insuffisante des soins conservateurs » qui vont « à l’inverse de la pertinence des soins ». Il en va également, selon les signataires, de la qualité de leur enseignement. « Comment pouvons-nous continuer à enseigner la nécessité d’indiquer des restaurations conservatrices à des honoraires plafonnés et non évolutifs ? », ne manquent-ils pas de s’interroger. Ils prennent pour exemple le plafonnement des restaurations partielles collées indirectes (RPCI ou inlays/onlays/overlays), tel qu’il est envisagé dans les nouvelles propositions de l’UNCAM. « De plus, avec des honoraires parfaitement inadaptés aux conditions thérapeutiques nécessaires pour réaliser de façon optimale les technologies de collages », précisent-ils. La position de l’UNCAM est d’autant plus paradoxale, soulignent les universitaires, que l’évolution des pratiques actuelles enseignées est « en faveur de la préservation maximale des dents ». Ils estiment ainsi que les RPCI doivent être désormais systématiquement envisagées « comme le traitement de première intention des dents pulpées ou dépulpées délabrées ».

Des arguments scientifiques qui devraient abonder en faveur des revendications syndicales dans les prochaines séances de négociations conventionnelles.

(1) Jean-Pierre Attal (Paris Descartes), Michel Bartala (Bordeaux), Pascal de March (Nancy), Olivier Étienne (Strasbourg) et Gil Tirlet (Paris Descartes).