Depuis le 15 janvier, le CHU de Rennes dispose d’un centre de soins dentaires tout neuf à Pontchaillou. Une nouvelle situation géographique et de nouvelles installations qui améliorent considérablement la fonctionnalité du pôle odontologie et lui permettent d’assurer sa triple mission de soin, d’enseignement et de recherche dans des conditions optimales.
Déménager un centre de soins dentaires installé depuis 1969 en centre-ville, place Pasteur, pour le faire entrer dans l’enceinte même du CHU de Pontchaillou, à l’ouest de Rennes, représente un changement d’envergure. Surtout quand il s’agit d’investir 5 000 m2 dans un bâtiment flambant neuf ! Dirigé par le Pr Guy Cathelineau, le nouveau centre de soins répartit son activité sur deux plateaux de surface équivalente. Le plateau spécialisé se situe au rez-de-chaussée avec les urgences, la chirurgie orale, la parodontologie, l’odontologie pédiatrique, les soins adaptés, les consultations pour les maladies rares orales et dentaires et, enfin, l’orthodontie. Tandis que le niveau 1 accueille le plateau généraliste avec le laboratoire de prothèses, les consultations douleurs et dysfonctions orofaciales et, surtout, l’unité fonctionnelle des soins adultes (odontologie conservatrice, prothèses et bilans). Un vaste ensemble dans lequel exercent pas moins de 88 praticiens (dont 38 attachés hospitaliers), 43 professionnels paramédicaux (infirmières, aides-soignantes, assistantes dentaires), 3 prothésistes et une vingtaine d’internes. Sans oublier les 220 externes qui sont ici encadrés pour leur formation clinique.
« Nous avions plusieurs défis à relever : absorber l’augmentation du numerus clausus et les nouvelles exigences en matière de formation, répondre à la croissance de l’activité du centre de soins, assurer une meilleure prise en charge des patients en situation de handicap, et intégrer la technicité grandissante des investigations de recherche clinique » expose Guy Cathelineau. L’urgence à changer d’outil était d’autant plus grande que l’ancien centre de soins était très vétuste et ne répondait plus aux exigences de sécurité.
Du côté de la hausse d’activité, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 44 000 passages de patients en 2017 pour 57 000 attendus en 2019. Quant à la prise en charge des patients en situation de handicap, « c’est une très forte demande de la population, qui ne trouve pas forcément de réponse satisfaisante dans les cabinets libéraux de ville, pas toujours accessibles et en capacité de proposer du MEOPA comme ici » ajoute Guy Cathelineau.
Avec des locaux beaucoup plus vastes et mieux équipés en matériels de pointe, une organisation facilitant l’interdisciplinarité et désormais autant de salles de soins qu’il y a de fauteuils, la qualité des soins apportés aux patients du bassin rennais ne peut qu’être améliorée. L’ensemble du service dispose maintenant de 79 fauteuils, soit 24 de plus que dans l’ancienne configuration. Les 79 salles de soins individuelles, toutes accessibles aux patients sur fauteuil ou brancard, sont aussi plus grandes (de 12 à 16 m2) et disposent d’un fauteuil opérateur et d’un fauteuil assistant, indispensables pour pouvoir travailler en binôme. Fait nouveau, tous les units du plateau généraliste sont équipés d’un générateur radio, ce qui a nécessité de plomber murs et portes et a représenté un important budget d’acquisition pour l’hôpital. « Cet équipement radiologique permet de passer d’une séance de prothèse à une séance d’endodontie avec une grande facilité, sans déplacer le patient » indique le Dr Yann-Loïg Turpin, responsable de l’unité fonctionnelle des soins adultes. Le fait de regrouper l’odontologie conservatrice et la prothèse au sein d’un seul et même secteur était d’ailleurs une volonté affichée du projet de déménagement, pour un suivi plus global du patient et donc une meilleure prise en charge. « Cette organisation pluridisciplinaire, avec des praticiens spécialisés en odontologie conservatrice et en prothèse qui encadrent les mêmes patients, est très enrichissante pour tous » ajoute Yann-Loïg Turpin. Pour les consultations douleurs orofaciales, les cabinets ont une conception légèrement différente des autres, avec un bureau qui permet de s’entretenir en face à face avec le patient et de l’écouter dans de bonnes conditions, en dehors du fauteuil.
Dans ce nouveau centre, l’expression la plus symbolique de la place accordée à l’informatique et au numérique est la complète dématérialisation du dossier patient, grâce au logiciel Logos interfacé avec le CHU. Si un patient vient en consultation avec un document papier comme une ordonnance ou un bilan sanguin, il est scanné pour pouvoir être intégré à son dossier numérique. Les salles de radiologie réparties sur les deux niveaux sont équipées de panoramiques et de cone beam. Dans les couloirs, plusieurs développeuses radiologiques numériques (une par secteur) sont à disposition, offrant ainsi aux externes un accès direct à leur imagerie. Deux systèmes CEREC, dont un neuf avec caméra Omnicam, servent très régulièrement. Trois microscopes, dont deux Zeiss extrêmement récents, sont couplés avec de la vidéo. Comme le souligne le Dr Matthieu Pérard, MCU-PH délégué au développement du volet informatique et numérique du centre, « d’un point de vue purement pédagogique, ces nouvelles installations vidéo vont nous permettre de filmer des interventions en salle blanche ou en cabinet (par exemple un traitement endodontique complexe) et de les diffuser dans notre salle de conférence, mais aussi via Internet dans un amphithéâtre de la faculté, ou pour la formation continue des praticiens. C’est très intéressant ». Le laboratoire de prothèses bénéficie lui aussi de l’implantation d’une chaîne numérique plus développée que la précédente, ouvrant sur davantage de CFAO.
Conséquence immédiate de l’installation sur le site de Pontchaillou, le lien entre les praticiens du centre de soins et les autres services du CHU est renforcé. « Auparavant, nous étions complètement isolés de l’hôpital. Aujourd’hui, les relations avec le pharmacien responsable, les techniciens du biomédical ou le responsable de la stérilisation sont par exemple beaucoup plus faciles » témoigne Yann-Loïg Turpin. « Nous avons plus d’échanges avec nos collègues médecins, notamment sur les patients lourdement médicalisés » ajoute Matthieu Pérard.
En tant que centre applicatif de l’UFR d’odontologie de Rennes, le centre de soins dentaires de Pontchaillou ambitionne de dispenser une qualité d’enseignement poussée en second cycle. Le fait d’avoir des salles de soins complètes où les étudiants pratiquent comme dans un vrai cabinet est un choix pédagogique d’importance. Céline Genissel et Émeline Rousval, étudiantes de 4e année, le disent : « les salles de soins individuelles favorisent de meilleurs échanges avec les patients et on s’y sent plus autonome. La nouvelle organisation permet de faire sur un même patient aussi bien des soins prothétiques que des traitements de canaux par exemple. C’est un avantage pour nous. Avec les équipements radio, on gagne aussi du temps. Et, en ayant plus de fauteuils à disposition, on peut davantage pratiquer ». Autre nouveauté appréciée, la présence de plusieurs salles de staff dans lesquelles praticiens, internes et externes peuvent se réunir, ainsi que de bureaux informatisés où les externes qui ne sont pas en soins peuvent préparer des cas cliniques dans d’excellentes conditions.
La lumière naturelle qui baigne chacun des cabinets, grâce à de larges fenêtres donnant toutes sur l’extérieur du bâtiment.