Le Premier ministre, accompagné de la ministre de la santé Agnès Buzyn, a donné le 13 février, depuis l’hôpital Simone Veil d’Eaubonne dans le Val d’Oise, le coup d’envoi d’une « transformation du système de santé ».
La réforme est structurée autour de 5 chantiers : la qualité et la pertinence des soins, les modes de financement et les rémunérations, le numérique en santé, les ressources humaines et l’organisation territoriale. « Le temps des rafistolages est révolu » a lancé le Premier ministre. Pour conduire cette grande réforme qui concerne les établissements de soins, mais aussi les soins de ville, 3 mois sont laissés à la concertation et une enveloppe de 100 millions sera allouée chaque année.
Pour mieux prendre en compte la qualité des soins et la pertinence des actes, la HAS doit proposer « des indicateurs de qualité des parcours » sur 10 pathologies les plus fréquentes parmi lesquelles le diabète et l’insuffisance rénale. Ces indicateurs seront systématisés en 2019. La satisfaction des patients sera aussi mesurée et tous les établissements mèneront régulièrement des enquêtes auprès des personnels sur leur perception du service rendu aux patients. Les Conseils nationaux professionnels des différentes spécialités seront saisis en coordination avec la HAS pour proposer des actions afin d’améliorer la pertinence des soins d’ici l’été prochain.
Une task-force pilotée par Jean-Marc Aubert, directeur de la Drees, et placée auprès de la ministre de la Santé, travaillera en concertation avec les professionnels de santé pour proposer d’ici fin 2019 « des modèles de financement nouveaux » qui prennent en considération les logiques de prévention, de parcours et de qualité des soins. Ces évolutions doivent concerner la tarification hospitalière et les rémunérations des professionnels de santé, y compris en ville.
Une mission va coordonner les actions conduites par le ministère en matière de numérique en santé. Trois objectifs seront poursuivis : permettre aux patients d’accéder en ligne à l’ensemble de leurs données médicales, dématérialiser les prescriptions et simplifier le partage de l’information entre tous les professionnels de santé. Les syndicats et l’Assurance maladie vont déterminer les conditions de réalisation et de tarification des actes en télémédecine.
Une réflexion « sans tabou » sera conduite. Suppression, augmentation ou variation du numerus clausus, aucune solution n’est a priori écartée. La seule certitude du Premier ministre est « que le profil des étudiants en santé mérite d’être diversifié et leurs études décloisonnées ». Des mesures législatives sont attendues au début de 2019. Le rapport de Loïc Vaillant sur le service sanitaire des étudiants en santé – ils doivent exercer des missions de prévention dans les écoles et collèges –, bientôt publié, permettra de préparer son déploiement pour la rentrée universitaire de 2018.
« L’exercice isolé doit devenir l’exception » a affirmé le Premier ministre. Il attend des professionnels de santé qu’ils organisent la continuité des soins, l’accès au premier recours et la coordination avec le secteur médico-social. Le bon parcours du patient doit être « au centre des organisations, pour tous les professionnels ». Des expérimentations « sans tabous » sur le parcours du patient seront lancées dans 3 à 5 territoires d’ici la fin de 2018 après appels à projets.
Édouard Philippe veut aussi « alléger au maximum le carcan administratif ». Une vaste mission de simplification va être lancée « sans délai » et concernera l’ensemble des acteurs de santé.