Dans la choucroute

On voit, jour après jour, de plus en plus d’instruments endodontiques, copies plus ou moins conformes des ProTaper®, ce best-seller de la société Dentsply depuis près de 20 ans.

La compagnie américaine EdgeEndo commercialise ainsi deux modèles de limes rotatives fortement inspirées de celles du grand fabricant mondial, les EdgeTaper™ et EdgeTaper Platinium™. Les premières sont réalisées en nickel-titane conventionnel, les secondes en alliage à mémoire de forme traité thermiquement. N’ayant jamais apprécié la raideur des premières ProTaper®, j’ai préféré tester les Platinium qui ressemblent plus aux Gold qu’aux Universal. Les limes sont au nombre de 6, en métal bleu foncé presque noir. Leur manche est doré et le stop en caoutchouc de la même couleur que la bague, selon la nomenclature ISO, sauf pour la première, jaune qui ressemble au SX. La séquence est bien connue : la SX sert à évaser l’entrée du canal. Elle semble avoir la même conicité variable et la même forme de Tour Eiffel que la lime de chez Dentsply. Les autres ont la même section triangulaire et se déclinent en tailles 10, 15, 20, 25 et 30.

Sécurité maximale

Contrairement aux Gold qui présentent une très légère élasticité, ici nous avons un métal totalement mou qui conserve n’importe quelle courbure quand on le plie légèrement. Cela peut parfois compliquer l’introduction des premières limes dans le canal insuffisamment élargi, mais on finit toujours par surmonter cette petite difficulté. Contrairement aux ProTaper® Gold qui ont un manche de 11 mm, plus court que celui des Universal, les manches des EdgeTaper™ mesurent 13 mm de long. Le raccourcissement du manche est un atout important pour le travail sur les dents postérieures. Dommage que le fabricant n’ait pas pris à son compte, ici, cette intéressante amélioration. La très grande souplesse et l’absence totale d’élasticité des EdgeTaper Platinium™ les rendent extrêmement sûres et sécurisantes. On a vraiment l’impression qu’elles sont incassables. Et même si, la SX notamment se détord facilement, elle retrouve parfaitement sa morphologie d’origine une fois passée sous l’eau chaude. Sur les canaux de dents jeunes, la préparation s’effectue d’une manière conventionnelle, assez laborieuse puisqu’il faut utiliser quand même les 5 ou 6 instruments l’un après l’autre, sans compter au moins une lime manuelle, pour cathétériser, puis atteindre la longueur de travail.

Elles n’avancent pas

Mais sur les dents adultes avec une dentine à peine un peu plus dure, la progression est vraiment très lente, voire décourageante. La capacité de coupe, associée à la faible dureté de l’alliage, se révèle très médiocre. Et ce que l’on gagne en sécurité risque d’être mis à mal en raison de l’agacement qui peut pousser l’opérateur à trop forcer en direction apicale pour atteindre enfin le foramen. Même si la qualité de fabrication semble tout à fait satisfaisante, ces nouvelles limes m’ont déçu en comparaison du modèle d’origine. Malgré un prix de vente près de 50 % inférieur à celui de leurs homologues, une résistance à la fracture et la déformation permanente exceptionnellement élevées, leur capacité de coupe est trop médiocre pour donner réellement envie de les adopter.