Clinic n° 01 du 01/01/2018

 

INTERVIEW SFCD

ACTU

Élue présidente du Syndicat des femmes chirurgiens-dentistes (SFCD) pour trois ans le 30 novembre dernier, Nathalie Delphin ambitionne de former des femmes qui puissent s’investir dans des postes de décision de la profession. Cette praticienne qui exerce en libéral avec une assistante à Cenon, près de Bordeaux, affirme que le SFCD a « plus que jamais son rôle à jouer ».

Un syndicat spécifiquement féminin a-t-il encore sa place ?

Oui et plus que jamais. La profession a besoin du regard différent que nous portons. Nous avons une autre façon de penser et, surtout, nous menons un travail de fond qui se rapproche beaucoup des think tank. Pourquoi des femmes ? Parce que la parole des femmes n’est pas souvent écoutée. Mais des hommes peuvent être supporters de notre syndicat, et il y en a. Nous avons des praticiens qui ne se retrouvent pas dans ce qui est proposé dans les autres syndicats et qui adhèrent à notre façon de travailler.

Quelle est votre différence ?

Quand nous réfléchissons à notre profession, nous la pensons par rapport à nos patients. Pendant longtemps, nous étions centrés sur le cabinet et sa rentabilité, ce que j’appelle le dento-dentaire, alors que notre travail se situe autour du patient. Il est au centre et nous sommes autour, avec tout ce que l’on peut mettre en application pour ce patient. Nous sommes donc là pour conseiller et défendre les praticiennes, mais aussi le patient car nous envisageons notre métier par rapport à la santé publique et l’intérêt du patient. Beaucoup adhèrent chez nous pour ces raisons.

D’autres syndicats revendiquent aussi cette position…

Depuis très peu de temps. Tant mieux s’ils changent de discours. Nous avons peut être aidé à faire évoluer les mentalités.

Quels sont vos projets pour le syndicat ?

Nous voulons continuer à conseiller et défendre nos supporters et avoir un maillage territorial pour valoriser nos travaux. Mon objectif est aussi de valoriser les femmes lors des élections. Avec la parité, je n’ai pas envie que l’on pense que des femmes vont aller combler des binômes en potiches. Je veux les former à s’investir dans la profession à des postes décisionnels. Le rôle du SFCD est d’être une pépinière qui permette aux femmes d’être légitimes dans des rôles électifs.

Nous travaillons beaucoup sur des dossiers politiques en cours. Nous ne sommes pas un syndicat négociateur mais nous amenons notre expertise, nous donnons notre avis sur des dossiers politiques en cours. Marlène Schiappa nous a sollicités pour parler du congé maternité unique. Mais nous en sommes déjà à un nouveau stade. Nous ne parlons plus de maternité mais de parentalité. La société, les praticiens et praticiennes évoluent dans leurs envies. L’arrivée d’un enfant est partagée en deux moments : avant et après. Avant, c’est très féminin mais, lorsque l’enfant paraît, c’est une affaire de famille et de parentalité et nous allons travailler pour que les praticiens et les praticiennes puissent s’intégrer pleinement dans leur rôle.