Clinic n° 01 du 01/01/2018

 

PHYTOTHÉRAPIE

Florine BOUKHOBZA  

Chirurgien-dentiste homéopathe
et phytothérapeutePrésidente de l’Academy des savoirsPrésidente du Pôle bucco-dentaire
et stomatologie de l’Institut homéopathique scientifique (IHS)Membre de la Société française
d’homéopathie (SFH)Enseignante de phytothérapie
universités Paris 7, Paris 13 et de Lorraine

La phytothérapie est une branche de la médecine allopathique conventionnelle. La thérapeutique par les plantes au travers de leurs principes actifs peut accompagner et renforcer notre médication habituelle. La santé du patient a tout à y gagner. Le but de cette rubrique est de proposer des prescriptions faciles aux chirurgiens-dentistes.

La solution phytothérapique d’une plante à boire, Echinacea angustifolia, destinée à renforcer le terrain du patient va être abordée au travers, notamment, d’un cas clinique.

Cas clinique

Un patient de 60 ans, fumeur, vient consulter pour « un problème parodontal récurrent ».

Suivi sur le plan général pour de l’hypertension et du cholestérol. Il prend un traitement médicamenteux allopathiques au long cours. Ses gencives saignent. Selon ses propres termes, il fait des « abcès de gencives ».

La nécessité d’un traitement parodontal et d’un suivi régulier est constatée.

Un accompagnement par une prescription médicamenteuse phytothérapique peut lui être bénéfique. Une plante à boire est à envisager.

Echinacea : principes actifs

L’échinacée (fig. 1) est une plante à tropisme buccal, de la famille botanique des Astéracées.

Ses nombreux principes actifs ont des propriétés médicinales dans la pratique odontologique.

Parmi ses constituants figurent en particulier des dérivés de l’acide caféique, des alkylamides, une huile essentielle et des polysaccharides.

Sa composition confère à l’échinacée des propriétés immunomodulantes et/ou stimulantes. Echinacea angustifolia et Echinacea purpurea sont capables de stimuler l’activité des macrophages ainsi que le nombre des globules blancs et des immunoglobulines.

Indications dentaires

L’échinacée est indiquée en utilisation interne et externe.

En usage interne, cette plante a une action de stimulant adaptogène. Ce point est particulièrement intéressant chez un fumeur qui est aussi polymédiqué ou chez un patient à risque. Ce remède va aider le terrain à mieux se défendre face à :

• une maladie parodontale ;

• une chirurgie parodontale si elle s’avère nécessaire ;

• une pathologie.

Echinacea angustifolia ou Echinacea purpurea agit sur le renforcement du terrain du patient. Cette plante a un rôle de stimulation des défenses immunitaires. L’objectif de sa prescription est de participer à la prévention du risque infectieux.

Le praticien dispose d’une solution efficace et sans effets secondaires qui renforcera :

• le terrain réactionnel face à une chirurgie ;

• le terrain parodontal dans la phase de suivi et de récupération après une intervention.

Formes galéniques et posologie

Cette plante à boire existe sous différentes formes galéniques (fig. 2 et 3). Puisque l’échinacée a des rôles complémentaires en usage externe et en usage interne dans le cas considéré, il y a deux façons majeures de la prescrire en usage interne :

• boire l’échinacée sous forme de teinture mère qui est placée dans un flacon ambré et en verre, diluée dans un peu d’eau. La teinture mère contient un peu d’alcool ;

• utiliser la forme EPS (extrait fluide de plante standardisée) qui a l’avantage de ne contenir ni alcool ni sucre. Cette forme est particulièrement indiquée chez les enfants, les diabétiques, les personnes atteintes d’insuffisance hépatique et celles qui ne doivent pas consommer du tout d’alcool.

Voici la première façon de rédiger l’ordonnance :

• Echinacea en teinture mère, flacon de 125 mL ;

• 50 gouttes dans un peu d’eau, à boire 1 fois par jour pendant 3 mois pour moduler l’immunité adaptogène du sujet.

La seconde façon est la suivante :

• Echinacea sous la forme galénique d’EPS, flacon de 125 mL ;

• boire 1 cuillère à café tous les matins, pendant 3 mois, pour moduler l’immunité adaptogène du patient.

La phytothérapie est ici l’alliée de l’allopathie conventionnelle.

En résumé

Le médicament phytothérapique Echinacea angustifolia ou Echinacea purpurea à boire renforce le terrain du patient et ses défenses immunitaires.

Ces deux plantes adaptogènes sont particulièrement indiquées avant une chirurgie chez des ?patients fragilisés, en vue de favoriser la prévention d’infection.

Bibliographie

  • Barrett B. Medicinal properties of Echinacea : a critical review. Phytomedicine 2003;10:66-86.
  • Bockhorst H, Gollnick N, Guran S, Heinrich HJ, Misic B, Potthast B et al. Therapy of herpes simplex in practice. Report on the treatment of herpes simplex labialis with Esberitox. ZFA (Stuttgart) 1982;58:1795-1798.
  • Boukhobza F. Homéopathie clinique pour le chirurgien-dentiste. Rueil-Malmaison : CdP, 2010.
  • Boukhobza F, Goetz P. Phytothérapie en odontologie. Malakoff : CdP, 2014.
  • Buckle J. Clinical aromatherapy: essential oils in practice. Londres : Churchill Livingstone, 2003.
  • George J, Hegde S, Rajesh KS, Kumar A. The efficacy of a herbal-based toothpaste in the control of plaque and gingivitis: a clinico-biochemical study. Indian J Dent Res 2009;20:480-482.
  • Goel V, Lovlin R, Barton R, Lyon MR, Bauer R, Lee TD et al. Efficacy of a standardized Echinacea preparation (Echinilin) for the treatment of the common cold : a randomized, double-blind, placebo-controlled trial. J Clin Pharm Therap 2004;29:75-83.
  • Karsch-Völk M, Barrett B, Linde K. Echinacea for preventing and treating the common cold. JAMA 2015; 313:618-619.
  • Khare CP. Indian herbal remedies. Rational Western therapy and other traditional usage, botany. Berlin : Springer-Verlag, 2004.
  • Koch C, Reichling J, Schneele J, Schnitzler P. Inhibitory effect of essential oils against herpes simplex virus type 2. Phytomedicine 2008;15:71-78.
  • Lutz M, Perrot R, Ribaux C. Apport des textes médicaux anciens dans la connaissance des pathologies bucco-dentaires et de leur traitement au Moyen Âge. Paleobios 2006;14.