Clinic n° 01 du 01/01/2018

 

EHPAD

ACTU

Anne Chantal de Divonne  

Pour faciliter l’accès à la santé orale des personnes handicapées et résidants en Ehpad, l’UFSBD vient de lancer un programme qui associe la formation du personnel et le suivi régulier de la santé orale des résidents avec l’aide d’un smartphone. Explications avec Benoît Perrier, secrétaire général de l’UFSBD.

Qu’est-ce que le programme Oralien ?

C’est un programme d’accompagnement à la santé bucco-dentaire au quotidien dans les établissements médico-sociaux. Il a été démontré que l’accès à la prévention est primordial pour améliorer le quotidien des résidents. L’UFSBD a maintenant plus de 15 ans d’expérience dans ce domaine et a mis en place des programmes de formation des accompagnants. Mais, pour aller plus loin au quotidien, il fallait garder un lien avec ces accompagnants. Nous avons travaillé avec un leader mondial de l’intelligence artificielle en dentaire à l’élaboration d’un système qui va au-delà du simple dépistage. En associant la télé-expertise à nos cycles de formation, nous pouvons surveiller les paramètres de la santé bucco-dentaire des résidents des établissements.

Concrètement, comment cela fonctionne-t-il ?

Nous avons recours à un outil du quotidien, le smartphone. Il est utilisé par le cadre de santé pour prendre des images de la cavité buccale. Les images sont analysées par des algorithmes selon divers critères. S’ensuivent des recommandations pragmatiques pour le personnel qui s’occupe des résidants. Le but est surtout de déterminer s’il y a des défauts d’hygiène. Mais on observe aussi s’il y a des besoins en soins.

Ce n’est plus l’œil du chirurgien-dentiste mais la machine qui permet de détecter les problèmes ?

Oui, mais il y a toujours un contrôle par un chirurgien-dentiste. Les informations sont envoyées sur une plate-forme où elles sont contrôlées par un chirurgien-dentiste qui décide si ce qui est préconisé doit ou non être corrigé. Nous avons utilisé un système qui existait dans le monde de l’orthodontie. L’algorithme a été réadapté à la dépendance avec plusieurs critères selon qu’il s’agit d’un enfant ou d’un adulte handicapé, d’une personne âgée dépendante, et nous prévoyons aussi de traiter le cas de la personne dépendante à domicile.

Une expérimentation a déjà été lancée pour la surveillance à distance à l’aide d’une caméra intra-buccale…

Nous sommes allés plus loin en ajoutant de l’intelligence. Parce que c’est bien de voir s’il y a des caries mais c’est mieux de voir pourquoi. En outre, l’utilisation d’une caméra buccale est plus compliquée, d’autant plus qu’il s’agit d’un geste intrusif. Ici, un simple smartphone permet de faire le cadrage, la vidéo. Et, derrière, les images sont analysées. On voulait quelque chose de pragmatique, d’efficace et utilisable à grande échelle. L’important est aussi que ce dispositif est intégré dans un cadre cohérent : la formation des cadres de santé de l’établissement ainsi que le passage régulier d’un chirurgien-dentiste pour faire le point, analyser les tableaux de bord qui montrent si les pratiques au quotidien évoluent dans le bon sens, observer si les protocoles sont bien en place, détecter les difficultés… L’encadrement est essentiel. Tout le monde peut faire de la télémédecine. Le problème est de mettre en place des protocoles d’hygiène, sinon cela ne sert à rien. Suivre les personnes, accompagner les équipes, conseiller les soignants au quotidien, c’est l’intérêt du dispositif qui doit vraiment s’intégrer dans un projet d’établissement.