Clinic n° 12 du 01/12/2017

 

ÉTUDES ET STATISTIQUES

ACTU

ML  

Après un léger infléchissement en 2015, la consommation de soins – dentaires y compris – a de nouveau augmenté en 2016, selon un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Un coup de projecteur dont se serait bien passée cette période de négociations conventionnelles.

Le répit a été de courte durée. Après un ralentissement en 2015, la croissance de la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) a repris son rythme de croisière des années précédentes avec une progression de 2,3 % à 198,5 milliards d’euros. Et ce dans un contexte de baisse des prix de l’ordre de 0,6 %. La hausse des dépenses est donc essentiellement due à un accroissement des volumes. Mais comme le soulignent ces statistiques publiées fin septembre par la Drees, l’hôpital, souvent montré du doigt comme moteur des dépenses de soins, n’est pas le seul facteur. Certes, 1 point de la hausse de la CSBM est imputable aux soins hospitaliers mais la dynamique concerne également les soins de ville dont la croissance, contenue à 1,6 % en 2015, est repartie de plus belle à 2,4 %, l’année dernière. Les soins dentaires n’échappent pas à cette tendance avec une hausse de 2,9 % contre 1,6 % un an auparavant. Là aussi, cette reprise s’explique en majeure partie « par une forte augmentation des volumes de soins, + 2,2 % contre 0,8 % », comme le note le rapport de la Drees.

Avec 11,073 milliards, les soins dentaires contribuent pour 5,58 % à l’ensemble de la CSBM totale et pour 21,20 % aux dépenses de soins de ville. Pour autant, cette part n’a cessé de diminuer au cours des cinq dernières années. En 2012, le poste dentaire représentait encore 5,73 % des dépenses de santé et 22,27 % des soins de ville.

Comme le relève le rapport de la Drees, 77 % de la CSBM est prise en charge par la Sécurité sociale. Cette part a tendance à augmenter (plus 0,1 point entre 2015 et 2016) « en raison de la progression du nombre d’assurés exonérés du ticket modérateur ».

Un reste à charge peau de chagrin

Mécaniquement, la part revenant aux organismes complémentaires au sein de la CSBM diminue une nouvelle fois en 2016, « sous l’effet de la réforme des contrats responsables », souligne la Drees.

Enfin, le reste à charge, l’un des sujets phares de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, fait l’objet d’une mise en lumière dans le rapport de la Drees.

Dans ce contexte politique, la tendance révélée par la Drees risque d’apporter de nouveaux arguments. Car, note le rapport, pour la cinquième année consécutive, le reste à charge des ménages se réduit : il n’équivaut plus aujourd’hui qu’à 8,3 % de la CSBM, contre 9,2 % en 2011.

Ce taux est du reste le plus bas des quinze pays qui appartenaient à l’Union européenne avant 2004 (UE-15) et étudiés par la Drees. En effet, selon les relevés effectués, le reste à charge y atteint en moyenne 15 % de la dépense courante de santé au sens international (DCSi) alors que ce taux n’atteint que 7 % pour les Français. Avec pour conséquence qu’en 2015, en moyenne, 4 % de la population de l’UE-15 déclarait renoncer à des soins médicaux et près de 6 % à des soins dentaires. En France et en Irlande, les taux de renoncement déclarés sont légèrement inférieurs à cette moyenne, déclare la Drees, ajoutant qu’ils sont « très faibles en Espagne, en Allemagne et quasiment nuls aux Pays-Bas ». Au contraire, ils sont élevés en Suède et depuis 2008 en Grèce ainsi qu’en Italie, tout comme dans les États membres qui ont rejoint l’Union européenne depuis 2004.

Source : Bureau d’analyse des comptes sociaux et Mission des relations et des études internationales (Drees). En 2016, les dépenses de santé retrouvent leur dynamisme. Études et Résultats 2017;1024:1-4.