Congrès ADF 2017 Notre sélection de conférences
AVANT-PREMIÈRE
La perte osseuse autour d’un implant ostéo-intégré est un phénomène complexe et multifactoriel. La surface implantaire est peut-être l’un de ces facteurs. Apparues dans les années 2000 et remplaçant progressivement les surfaces usinées encore appelées surfaces lisses, les surfaces modérément rugueuses ont permis d’améliorer sensiblement les taux d’ostéo-intégration, notamment dans l’os peu dense [1,
La perte osseuse autour d’un implant ostéo-intégré est un phénomène complexe et multifactoriel. La surface implantaire est peut-être l’un de ces facteurs. Apparues dans les années 2000 et remplaçant progressivement les surfaces usinées encore appelées surfaces lisses, les surfaces modérément rugueuses ont permis d’améliorer sensiblement les taux d’ostéo-intégration, notamment dans l’os peu dense [1, 2] et dans les greffes sinusiennes [3-5]. Mais, plus récemment, des discussions ont évoqué un possible rôle négatif à long terme et une augmentation des péri-implantites avec ce type de surface.
La description des états de surface est régie par la norme ISO 4287. Le Sa (µm) est l’unité la plus couramment utilisée pour définir la rugosité d’un état de surface. Il s’agit de la moyenne arithmétique des hauteurs de pic. Les surfaces implantaires qualifiées de modérément rugueuses ont un Sa compris entre 1 et 2 µm [6]. C’est ce type de surface que l’on retrouve sur la plupart des implants commercialisés actuellement.
Plusieurs revues de littérature scientifique [7-9] nous indiquent que, pour des périodes d’observation de 5 à 10 ans, le pourcentage de patients affectés par une péri-implantite varie entre 18 et 22 %. Une étude récente [10] s’intéresse à un groupe de patients ayant reçu un traitement implantaire et non inclus dans un programme de maintenance régulière. Cette situation, bien que critiquable, évoque celle de beaucoup de cabinets. Dans ce contexte, c’est seulement au bout de 5 ans que 1 patient sur 5 présente une péri-implantite.
Ces chiffres ne sont pas bons et amènent les praticiens soit à ne réserver le traitement implantaire qu’à des patients se pliant aux contraintes de la maintenance, soit à remettre en cause sa fiabilité et sa pérennité !
En France, les premiers implants ostéo-intégrés ont été posés au milieu des années 1980. Jusqu’au début des années 2000, on utilisait principalement des implants à surface usinée (Sa 1 µm) dite parfois surface lisse même si ce n’était pas tout à fait le cas. En dehors de quelques échecs dans l’os peu dense et de quelques fractures liées, d’une part, à l’utilisation du titane pur plus fragile que l’alliage de titane et, d’autre part, à l’apparition tardive des implants larges, les résultats étaient excellents et très fiables à très long terme [11-18].
Les praticiens acceptaient de perdre une petite quantité de tissu osseux cervical dès les premières semaines de mise en fonction. Ce phénomène était appelé remodelage osseux physiologique. Il s’agissait d’une perte osseuse intéressant le col lisse (usiné) de l’implant et se stabilisant au niveau de la première spire. Sur des implants du type vis de Brånemark, cette perte initiale était d’environ 1,5 mm [11, 19].
Des études à long terme montrent que les variations de ce niveau osseux étaient peu importantes et que, lorsqu’elles se produisaient, elles étaient souvent peu évolutives [14-18] (fig. 1 à 3).
À cette époque, on ne parlait donc qu’exceptionnellement de péri-implantite ! Lorsqu’une surface usinée était exposée, bien que colonisée par le biofilm, il était très rare de voir la situation se dégrader rapidement (fig. 4 à 6). On observait même parfois des phénomènes incroyables où les implants à surface usinée perduraient sans problème dans des contextes hautement favorables à l’apparition d’une péri-implantite (fig. 7 à 9) !
À partir des années 2000, les fabricants ne vont plus produire que des implants à surface modérément rugueuse. Cela va permettre, comme indiqué plus haut, d’améliorer sensiblement les taux d’ostéo-intégration. Ce sont ces implants qui sont utilisés depuis maintenant plus d’une quinzaine d’années.
Cependant, quelques praticiens ont constaté une nette augmentation des pathologies péri-implantaires, associant ces surfaces à un risque accru de péri-implantite, et ils ont tenté de nous alerter [20, 21] (fig. 10 à 13). Ces témoignages sont fondés sur leur seule expérience clinique et n’ont donc pas de valeur scientifique. Il semble pourtant que, lorsqu’ils émanent de personnalités reconnues pour leur compétence et leur éthique professionnelle, ils doivent être pris en compte.
Par ailleurs, quelques études cliniques évoquent un risque accru de péri-implantite avec les surfaces rugueuses [22-26] et les études animales les mieux conduites montrent que, lorsque la rugosité augmente, la perte osseuse est significativement plus importante [27, 28].
Le débat sur le rôle possible de la surface implantaire dans le développement d’une péri-implantite est très actif. Les études scientifiques ne parviennent pas, à ce stade, à dégager un consensus. Nos deux conférenciers internationaux, reconnus pour la valeur de leurs contributions scientifiques, leur compétence et leur probité, nous présenteront leurs arguments scientifiques et cliniques sur ce sujet controversé. Enfin, ils tenteront de répondre à la question qui intéresse les cliniciens : péri-implantite et surface implantaire, où en sommes-nous ?
Péri-implantites et surface implantaire : où en sommes-nous ?
Vendredi 1er décembre 2017, 14 h-15 h 30
Interprétation simultanée français-anglais
Objectifs
• Mieux connaître les différents états de surface implantaire
• Redécouvrir les avantages des surfaces rugueuses
• Débattre de la question : les surfaces rugueuses favorisent-elles l’apparition ou la progression d’une péri-implantite ?
Surfaces modérément rugueuses ou usinées : une analyse rétrospective de l’expérience de la clinique Brånemark
Torsten Jemt (Suisse)
Les surfaces modérément rugueuses pourraient-elles jouer un rôle dans le développement de la péri-implantite ?
Massimo Simion (Italie)