Inquiétudes sur le projet gouvernemental

Un projet d’ordonnance actuellement en préparation au ministère de la Santé autorise explicitement des établissements privés à but lucratif à gérer des centres de santé. « C’est une atteinte profonde, sérieuse et grave à l’essence même des centres de santé et qui va altérer leur mission de service public », s’inquiète Éric May, président de l’Union syndicale des médecins des centres de santé (USMCS). Avec cette ordonnance, les professionnels des centres de santé dénoncent « l’ouverture programmée du secteur de la médecine de ville et de la chirurgie dentaire au secteur financier industrialisé ».

Un premier projet d’ordonnance rétablissant un agrément de l’Agence régionale de santé (ARS) avant toute ouverture d’un centre de santé avait été retiré précipitamment au printemps dernier. Les centres de santé s’opposent à cette mesure réclamée par l’Ordre des chirurgiens-dentistes pour empêcher qu’une nouvelle affaire Dentexia ne se reproduise. Pour Éric May, « il y a toujours des gens mal intentionnés qui détourneront » les textes. Pour lutter contre les dérives, c’est aux services de l’État - Inspection du travail, services de santé, services fiscaux… - « d’intervenir plus tôt ».

Onze pour cent de la profession exerce en centre de santé

Près de 11 % des chirurgiens-dentistes exercent aujourd’hui dans des centres de santé, soit 4 572 praticiens. Un panorama dressé par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) à partir de données transmises par 1 619 centres de santé (1 931 sont répertoriés), et présenté lors de leur congrès national du 6 octobre dernier, met aussi en évidence que les centres de santé emploient 7,4 administratifs pour 10 soignants en centre dentaire. Par secteur d’activité, les centres de santé dentaires totalisent 40 % des centres de santé devant les centres infirmiers (30 %), les centres pluriprofessionnels (21 %), les centres médicaux (6,6 %) et les centres polyvalents (2,6 %).