Clinic n° 11 du 01/11/2017

 

ENQUÊTE

Catherine Faye  

Des avancées scientifiques et des progrès substantiels ont été réalisés depuis 10 ans dans la compréhension de la physiopathologie des douleurs oro-faciales. L’identification des mécanismes en jeu chez chaque patient qui souffre devrait permettre de le traiter de façon personnalisée et plus efficace.

L’unité de recherche Inserm, dirigée par Radhouane Dallel, dont une des priorités est la neurobiologie de la douleur trigéminale, est l’un des rares centres de recherche en Europe à associer recherche clinique et fondamentale dans le domaine des douleurs céphaliques. Un de ses objectifs est d’éviter les errances thérapeutiques des chirurgiens-dentistes confrontés aux douleurs ressenties par leurs patients. Car si l’origine de ces douleurs est difficile à établir, celles-ci sont bien réelles. Savoir les reconnaître est donc important.

En effet, toutes les douleurs oro-faciales n’ont pas des mécanismes physiopathologiques identiques. Et certaines douleurs résultent d’un dysfonctionnement du système nerveux lui-même. Ces douleurs sont dites neuropathiques. Elles sont relativement fréquentes et souvent mal diagnostiquées. Leur expression clinique est différente des douleurs nociceptives et inflammatoires (allodynie, paroxysmes, perception de distorsion faciale, composante autonome, etc.). Elles ne répondent pas aux mêmes schémas physiopathologiques ni aux mêmes traitements. Telles les douleurs oro-faciales chroniques dont l’origine peut être neuropathique ou fonctionnelle : pour les traiter de façon optimale, il faut en comprendre les mécanismes physiopathologiques. Ou encore, les douleurs aiguës oro-faciales qui résultent d’une activation du système nociceptif trigéminal : le message nociceptif est activement amplifié ou inhibé par des mécanismes de contrôle à tous les niveaux du système nerveux. Néanmoins, il existe, pour les douleurs neuropathiques, des outils diagnostiques comme le DN4 (4 questions dans le cas d’une suspicion) pour les dépister, ce qui permet ensuite d’orienter si nécessaire le patient vers un neurologue. Nous disposons également des traitements spécifiques de ces douleurs qui peuvent être mis en œuvre par le chirurgien-dentiste. Ces traitements sont multidimensionnels, pharmacologiques (topiques et généraux) et comportementaux – notamment l’hypnose qui a un effet antalgique ou anxiolytique sur le cerveau. Par ailleurs, d’autres types de traitements peuvent être mis en œuvre par des spécialistes.

B25 - La douleur, nouvelles avancées diagnostiques et thérapeutiques Radhouane Dallel, Yves Boucher et Daniel Voisin Mercredi 29 novembre, de 10 h 30 à 12 h