On n’en perd pas une goutte

Les composites fluides sont d’apparition récente. Ils se sont, petit à petit, imposés sur le marché jusqu’à devenir incontournables. Attention cependant : plus riches en résine que les autres, ils ont une contraction de prise près de deux fois supérieure à celle des matériaux hautement chargés et une résistance mécanique assez faible. Leur stress de polymérisation, en revanche, est plus limité, ce qui est plutôt intéressant.

Des indications ciblées

Leurs usages sont multiples, mais ils devraient être employés avec parcimonie : copolymérisés en couche fine avec un composite hybride conventionnel, ils facilitent l’adaptation de l’obturation au voisinage d’une matrice ou du fond d’une cavité, mais sont en revanche discutables tels quels pour les remontées de marges cervicales. Intéressants pour améliorer la mouillabilité d’un matériau un peu ferme, ils rendent les obturations de classe V moins précises car ils ont tendance à couler. On les appréciera au niveau occlusal, pour combler des fissures étroites dans lesquelles un matériau plus visqueux ne pourra s’insinuer. Les composites fluides sont disponibles dans une grande variété de viscosités. Il faut rechercher les produits qui s’extrudent le mieux possible de la seringue, mouillent bien les surfaces dentaires, ne coulent pas trop une fois en place et sont assez opaques, utilisés seuls, pour ne pas sembler trop gris comme c’est souvent le cas s’ils sont faiblement chargés. Il y a un peu plus de 2 ans, la société allemande Voco a renouvelé son offre avec des composites de composition différente, dont la matrice est un Ormocer® (organically modified ceramics). J’avais essayé à l’époque l’Admira Fusion, qui est assez intéressant mais dont la teinte change beaucoup après la polymérisation.

Bien sous tous rapports

L’Admira Fusion Flow qui en dérive se présente en petites seringues de 2 grammes, munies d’une aiguille de taille moyenne, ce qui laisse augurer d’une viscosité optimale. La teinte A3 est très claire, pratiquement opaque au sortir de l’embout. Sa consistance est dans la bonne moyenne et, pourvu qu’on limite son usage aux indications mentionnées plus haut, il remplit sa fonction sans le moindre défaut. Comme son aîné de haute viscosité, sa teinte change effectivement beaucoup après la prise. On retrouve alors le A3 nominal, beaucoup moins opaque, nettement plus esthétique et suffisamment saturé pour éviter le grisé d’une translucidité trop accentuée. La nouvelle résine offrirait, selon le fabricant, une rétraction de prise plus réduite que celle des composites conventionnels, avec des charges de céramique optimisées. En usage clinique, le matériau est irréprochable. Si les aiguilles, de forme standard, présentent à mon goût une angulation un peu faible pour un confort parfait dans les secteurs postérieurs, la grande originalité de Voco est de nous proposer des seringues équipées d’un système anti-goutte extrêmement agréable. Il évite à la seringue de fuir une fois que l’on s’en est servi. Une petite innovation, direz-vous, mais bien pratique car ainsi, non seulement on ne souille pas le plateau ou le tiroir qui contient la seringue mais le précieux produit, qui ne s’en écoule plus, reste à l’abri de la lumière ambiante sans se figer de manière inopportune et agaçante.