C’EST MON AVIS
Président du GEB
Intervenant devant les adhérents du Comident le 15 juin dernier, Edmond Binhas a évoqué les changements que le règlement arbitral impliquerait pour la filière dentaire. Depuis la publication de ce dernier au Journal officiel, des mouvements de protestation ont manifesté le mécontentement de la profession. Même si ce règlement arbitral est reporté d’un an depuis le 13 juillet, il est crucial de bien comprendre les raisons profondes qui ont abouti à cet état de fait....
Intervenant devant les adhérents du Comident le 15 juin dernier, Edmond Binhas a évoqué les changements que le règlement arbitral impliquerait pour la filière dentaire. Depuis la publication de ce dernier au Journal officiel, des mouvements de protestation ont manifesté le mécontentement de la profession. Même si ce règlement arbitral est reporté d’un an depuis le 13 juillet, il est crucial de bien comprendre les raisons profondes qui ont abouti à cet état de fait. Edmond Binhas évoque ainsi deux phénomènes qui ont des conséquences directes sur l’évolution de la profession :
• la difficulté de l’État à financer la santé en raison du vieillissement de la population. Cette difficulté a pour conséquence un transfert des remboursements dentaires de la Sécurité sociale vers les complémentaires de santé ;
• la difficulté de l’État à augmenter le pouvoir d’achat de la population depuis de nombreuses années. En conséquence, une forte pression s’exerce sur les prix des professionnels, ainsi qu’une exigence de transparence et de concurrence.
Le règlement arbitral s’avère être une des nombreuses déclinaisons d’une tendance de fond.
Les effets se font sentir sur toute la filière dentaire. Si le règlement arbitral (ou son substitut éventuel) est maintenu en l’état malgré tous les efforts de la profession, ces mêmes effets se feront sentir sur les chirurgiens-dentistes (remise en cause du modèle économique actuel), les industriels, les fabricants et les distributeurs (accompagnement des praticiens dans plus d’efficience, être un point d’appui pour l’image de la profession, toujours plus d’innovation) et, enfin, les prothésistes (nécessité d’industrialiser les process, intégration des nouvelles technologies, plus de difficultés pour les petits laboratoires de proximité).
Les financeurs veulent mettre en œuvre une évolution du système de santé dentaire. Le programme du président Macron met en avant la « révolution » de la prévention, la lutte contre les inégalités de santé et la concurrence, a rappelé Edmond Binhas qui a formulé 7 propositions d’actions :
• convaincre l’État et les complémentaires que les tentatives de mise sous tutelle sont contre-productives y compris pour eux, que la profession a des spécificités particulières et, enfin, que la qualité et l’incitation à la prévention sont plus rentables que la réduction des coûts ;
• combiner de façon coordonnée les actions de protestation et de pression avec des actions de communication positive ;
• mettre en œuvre une nouvelle philosophie de soins valorisant la prévention, l’éducation thérapeutique du patient (ETP), la prise en charge globale, les nouvelles technologies, les traitements modernes et une dentisterie plus médicale ;
• proposer à l’État et aux complémentaires un plan d’action pour rendre vraiment vers un système dentaire plus préventif fondé sur une dentisterie moderne, c’est-à-dire précis, détaillé, réaliste en 10 ans pour une transition progressive et financé à sa valeur ;
• mettre en place un référentiel de standards cliniques ;
• faire appliquer le référentiel de service existant ;
• créer une commission unifiée de la filière dentaire.
Et Edmond Binhas de conclure que, malgré l’incertitude et les difficultés de la situation actuelle, le maintien d’une dentisterie de qualité est toujours possible. Cela exige de la profession des efforts et une certaine remise en cause. Pour ceux qui sont prêts à relever leurs manches, les occasions existent vraiment.