Clinic n° 09 du 01/09/2017

 

ÉQUIPEMENT

ERGONOMIE

David BLANC  

Le miroir est un élément emblématique du chirurgien-dentiste. Il est indispensable pour chaque acte et fait partie de son quotidien.

C’est un outil précieux pour travailler en vision indirecte, accéder à des zones postérieures telles qu’un fond de cavité carieuse ou des entrées canalaires et, surtout, éviter de se pencher en avant en orientant la lumière. Il est indispensable autant au maxillaire qu’à la mandibule, notamment pour voir des fonds de cavités occluso-distales dans les secteurs postérieurs.

La vue est la base du métier du chirurgien-dentiste, c’est la distance de travail qui conditionne sa posture. Donc le miroir va permettre de placer l’image devant ses yeux, c’est le travail qui va s’adapter à l’homme et non l’inverse, respectant ainsi la définition de l’ergonomie.

Cependant le miroir est souvent détourné pour servir d’écarteur, ce qui est très traumatisant pour l’épaule et la main. Cela amène à lever l’épaule et sollicite les muscles de la coiffe des rotateurs, qui sont des muscles faibles réservés à la stabilisation et non au mouvement. Les fabricants proposent des manches de miroirs larges pour une soi-disant ergonomie. C’est une fausse bonne idée. Un manche large permet d’avoir de la force. Or, en ergonomie, on veut faire le moins d’effort possible. Le miroir doit être tenu verticalement entre 2 doigts (le pouce et l’index) et être le plus léger possible. Il faut donc un manche fin et léger, suffisamment épais pour être saisi facilement sur la tablette, mais pas trop pour éviter de le saisir avec force : 4 ou 5 mm sont suffisants.

Le praticien ressent souvent le besoin d’avoir une surface réfléchissante la plus grande possible. Or, la zone de travail est très petite, souvent de la taille d’une fraise et au maximum de celle d’une dent. Il n’y a donc pas de raison d’avoir un miroir plus large qu’une dent. D’autant que plus le miroir est petit, plus on pourra le positionner à des endroits difficilement accessibles, là où se trouvent déjà un instrument rotatif et une canule d’aspiration. L’œil humain et surtout le cerveau ont une capacité de focalisation sur une tâche précise en faisant abstraction de ce qui est autour.

Un diamètre de 14 mm est suffisant pour voir une dent et a fortiori le bout de la fraise.

Une surface réfléchissante front surface sera beaucoup plus confortable. Cela évite le dédoublement de l’image provoqué par les miroirs traditionnels, dont la surface réfléchissante est sous 1 mm de verre.

L’angulation entre le miroir et le manche est souvent de 30°. Or, si on veut éviter les projections d’eau, il faut éloigner le miroir le plus possible et, donc, augmenter l’angulation du miroir pour compenser (fig. 1). Un angle de 45° est satisfaisant. N’hésitez pas à augmenter vous-même cet angle ou à demander à votre fabricant de modifier ses modèles.

Les deux principaux freins à l’utilisation du miroir sont l’inversion des gestes et la gestion du spray d’eau :

• concernant l’inversion des gestes, un peu d’entraînement, un peu d’investissement en temps permettent, en quelques semaines, de se sentir très à l’aise, autant que lorsqu’on se regarde dans un miroir pour se brosser les dents ou les cheveux… ;

• concernant la gestion de l’eau, tous les artifices de miroirs aspirants, tournants… sont inutiles. Il existe un cône de 30° de part et d’autre de l’arrière de la turbine dans lequel il n’y a pas de projections d’eau. Et plus on éloigne le miroir, plus cet espace au sec s’agrandit. Ce cône sans gouttelettes est favorisé lorsque l’aspiration est placée près de la dent et orientée vers le spray (fig. 2). On renforcera le trajet linéaire des gouttelettes en aspirant ce qui est projeté.

Tout cela permettra un confort de travail accru, une meilleure précision et, surtout, un gain de temps immense !