La boucle est bouclée

Kuraray a toujours été à la pointe de l’innovation en matière de collage amélo-dentinaire. Ses adhésifs automordançants ont longtemps dominé le marché en raison de leurs performances. Pourtant, le Clearfil® New Bond de la fin des années 1980 fut l’un des premiers à fonctionner en « total etch ». Un produit à la fois sans danger et plus efficace pour obtenir des obturations étanches que ses concurrents de l’époque à mordançage uniquement amélaire. Après sa série de SAM 2, puis 1, nous assistons aujourd’hui à la sortie d’un « Universal Bond », à l’instar de ce qui se passe chez les autres grands fabricants. On revient donc aux fondamentaux, en se demandant bien ce qu’ils pourront nous offrir de mieux dans les années à venir.

Avec ou sans mordançage

Le Clearfil® Universal Bond est un liquide jaune – très jaune – abrité dans un petit flacon noir au bouchon rose, de bien jolie facture comme toujours chez le fabricant japonais. L’utilisation de ce produit n’est pas bien différente de celle de ses homologues : il suffit d’en déposer une goutte sur un applicateur, soit directement soit via un petit godet fourni dans le coffret, et de badigeonner avec insistance la microbrosse sur les surfaces dentaires à encoller. Un mordançage préalable à l’acide phosphorique est possible, voire recommandé, au minimum sur l’émail seul ou sur l’ensemble de la cavité si l’on préfère. Le Clearfil® Universal Bond peut également s’utiliser sans préparation de la dent puisqu’il est automordançant. Ces propriétés sont intéressantes dans les situations où le rinçage après mordançage peut faire saigner la gencive, ou chez les enfants et personnes âgées pour améliorer le confort ou réduire le temps d’intervention. Grâce au fameux MDP contenu dans le produit, on ne doute pas de ses performances quelles que soient les circonstances. Il faut tout de même regretter que cette apparition permanente de nouveaux produits empêche les recherches comparatives et la publication de résultats scientifiques assez tôt pour se forger une opinion autrement qu’en lisant l’argumentaire des fabricants ou en appréciant leur utilisation clinique.

À peine trop fluide

À cet égard, il s’avère difficile de formuler une critique sensée. Tout au plus ai-je pu remarquer une fluidité un peu élevée du liquide qui s’écoule généreusement de la buse du flacon. Sa couleur jaune disparaît après la polymérisation et ne pose strictement aucun problème esthétique. Aucune sensibilité postopératoire non plus, même après mordançage total, pourvu que l’on ait respecté les quelques règles d’usage élémentaires. Comme beaucoup de ces adhésifs automordançants, le Clearfil® Universal Bond n’est pas indiqué tel quel pour le collage des composites à prise duale ou chimique employés pour les reconstitutions à tenons fibrés, sauf avec ceux de la marque. Un autre composant, le Clearfil® DC Activator, doit être mélangé à l’Universal Bond dans un godet pour obtenir un adhésif autopolymérisable ou photopolymérisable qui conviendra alors parfaitement. Attention cependant, car le mélange durcit de lui-même en 1 minute et demie. Dans un logement de tenon, il est préférable d’éponger le trop-plein de liquide avec une pointe de papier avant d’y introduire le composite.