Il coule, c’est pas cool

La société américaine Pulpdent distribue ses produits via un réseau de revendeurs que l’on peut aisément repérer en consultant son site Internet. Cette firme propose un catalogue de plus en plus fourni de matériaux de restauration dentaire et d’accessoires, dont l’un des plus connus est le sealant Embrace, distingué à sa sortie pour ses propriétés hydrophiles. J’ignore si le wet bonding (collage sur des surfaces humides) est un argument publicitaire ou s’il trouve un réel fondement scientifique. Toujours est-il que ce concept a été décliné pour une série de composites de collage et de restauration dont celui essayé ici, le Spee-Dee™ Build-Up. J’ai été étonné par ses caractéristiques : un matériau de reconstitution en cartouche à prise duale, hydrophile, qui libère du fluor, autoadhésif et automordançant à la dentine. Excusez du peu ! Le rêve en somme, avec un gain de temps inespéré et une réduction considérable d’étapes délicates et fastidieuses.

Bonding recommandé

Le matériau est disponible en cartouche de 25 ml, mais aussi de 50 ml pour pistolet mélangeur, ce qui est rare. J’ai préféré commander une cartouche de la plus petite contenance, me disant qu’il valait mieux être prudent. Celle-ci est livrée avec des embouts mélangeurs noirs et des embouts jaunes intrabuccaux. Une seule teinte semble disponible, un Universel blanc crème, opaque, qui s’éclaircit encore un peu après la polymérisation. La lecture du mode d’emploi m’apprend que mes espoirs n’étaient qu’illusion : le fabricant, malgré l’annonce des propriétés magiques de son produit, recommande dans la plupart des cas le mordançage à l’acide phosphorique et l’application d’un adhésif – sans préciser lequel – avant la mise en place du Spee-Dee™. Seules les cavités très rétentrices peuvent être obturées sans traitement adhésif, mais cela ne semble pas devoir être la règle. Rien de bien original finalement. Encore un soufflet qui tombe !

Un peu trop fluide

L’extrusion de la cartouche de 25 ml ne pose pas de difficulté particulière. Le produit oppose une résistance modérée mais tarde à sortir de l’embout car, ce dernier étant entièrement opaque, on ne le voit arriver qu’en fin de course. Si le matériau se révèle modérément visqueux au sortir de la canule, il apparaît vraiment très fluide dès qu’il se trouve sur la dent. Il est donc quasi impossible de « monter » entièrement une restauration coronaire autour d’un tenon sans devoir, à plusieurs reprises, flasher l’obturation à la lampe pour la figer. Habitué que je suis aux seringues de 5 ml et aux embouts intracanalaires, je remarque que celui de la cartouche de 25 ml est trop gros pour entrer dans un canal et servir au collage d’un tenon dans la foulée. Une fois le matériau polymérisé, après une attente relativement rapide d’à peine plus de 3 minutes en bouche, il est recommandé d’exposer l’ensemble à la lumière pour améliorer sa dureté. Le fraisage est aisé, le composite étant d’une excellente tenue. Sa teinte claire, qui se distingue de la dentine, est pratique pour les reconstitutions corono-radiculaires à recouvrir d’une prothèse mais un peu trop voyante pour les restaurations conventionnelles. Un produit finalement beaucoup moins extraordinaire qu’annoncé mais, à la décharge du fabricant, assorti d’une notice qui ne laisse aucune équivoque sur ses prétentions finalement limitées.