URPS
ENQUÊTE
De la démographie professionnelle aux soins bucco-dentaires des personnes résidant en EHPAD en passant par l’éducation thérapeutique du patient, la maîtrise du risque infectieux et la télé-dentisterie, les URPS interviennent depuis 4 ans dans de très nombreux domaines. Petit inventaire non exhaustif d’actions et de projets en cours.
L’amélioration de la répartition des professionnels de santé et les moyens de favoriser la transmission des cabinets constituent l’objectif d’une bonne part des mesures lancées par les URPS :
• en Rhône-Alpes, une étude sur le vécu personnel et professionnel des personnes exerçant dans les zones sous-dotées de la région, commandée par l’URPS, a montré que les praticiens sont globalement très satisfaits de leurs conditions de vie. Le taux de satisfaction de l’exercice s’est même avéré plus élevé que dans les zones surdotées en praticiens. Le comportement des patients a été jugé plus agréable. À partir de cette étude, l’URPS a organisé pour 40 étudiants une journée de ski dans la vallée de la Maurienne couplée avec la rencontre de confrères du lieu et d’élus. Devant le succès de cette journée, une prochaine destination pourrait être l’Ardèche ;
• en Aquitaine, l’URPS a affrété un car pour emmener des étudiants bordelais passer une soirée avec des praticiens exerçant en Dordogne. Surprise des étudiants : il est possible de faire des travaux de qualité et de poser des implants… Dans la foulée de cette soirée, trois cabinets ont trouvé un successeur ;
• en Lorraine, l’URPS a proposé à 30 confrères exerçant dans des zones sous-dotées en praticiens de subventionner des étudiants intéressés par un stage actif dans leur cabinet. Aucune réponse. L’opération est tombée à l’eau ;
• en Bretagne, l’URPS va publier prochainement les résultats d’une étude menée auprès de 150 étudiants des deux facultés bretonnes, Brest et Rennes, afin de connaître les souhaits futurs d’installation ;
• en Bourgogne, l’URPS projette d’établir une cartographie professionnelle interactive afin d’aider les praticiens à identifier les zones d’opportunité d’installation en fonction de toute une batterie de critères fiscaux, sociaux, d’aide…
L’ouverture ou l’extension du service d’odontologie dans des CHU qui n’ont pas de faculté dentaire pour accueillir des étudiants en formation a eu un écho favorable au sein des ARS qui ont facilité l’aboutissement de projets dans plusieurs régions :
• en Basse-Normandie, l’ARS a permis de donner le coup d’envoi à la création du service d’odontologie au CHU de Caen. L’Ordre et les syndicats s’étaient très fortement impliqués dans la mise en place de ce service maintenant en activité depuis 2 ans et demi. L’URPS finance les 10 étudiants qui y poursuivent chaque semestre leurs études et leur propose ensuite un lieu de stage de 6e année dans la région ;
• en Limousin, l’ARS permet au président de l’URPS, Olivier Cane, de concrétiser en partie une idée ancienne : faire revenir au CHU de Limoges ou d’autres villes de la région les 14 étudiants qui, après la PACES, font leurs études dentaires à Bordeaux ou Clermont-Ferrand. L’ARS a financé 3 fauteuils supplémentaires dans l’unité de soins du CHU de Limoges (qui en comptait 3) et le coût de 1 praticien hospitalier pendant 2 ans. L’URPS attribue une prime mensuelle de 470 euros par étudiant. Les deux premiers étudiants sont arrivés en septembre. Ils seront 4 l’an prochain. Seule ombre au tableau, la difficulté de recrutement d’un praticien hospitalier en raison d’une absence de candidature ;
• en Poitou-Charentes, la création d’un service d’odontologie au CHU de Poitiers est encore à l’état de projet. Aujourd’hui, un service ORL accueille quelques vacations de chirurgiens-dentistes. Le projet prévoit le recrutement d’un professeur des universités-praticien hospitalier, de 2 praticiens hospitaliers et de 1 interne en chirurgie orale pour accueillir 12 étudiants de 6e année de la faculté de Nantes. Le CHU de Poitiers pilote le projet en lien avec l’ARS qui assure le financement. L’URPS apporte « une volonté, une expertise technique », explique le responsable de l’URPS, Jean Desmaison, qui espère un démarrage du chantier cette année.
L’autre grand sujet au centre des préoccupations de toutes les régions concerne les soins aux personnes âgées dépendantes, en particulier celles qui résident dans les EHPAD. Le consensus est souvent difficile avec l’ARS sur ce sujet, tant sur la méthode que sur la mise en place d’un financement spécifique.
Voici quelques projets :
• l’URPS de Poitou-Charentes a dû réduire la voilure de son projet de dépistage bucco-dentaire des personnes en EHPAD, mené en collaboration avec l’ARS. Il était prévu de former le personnel des EHPAD, de nommer un référent dans l’établissement et choisir un chirurgien-dentiste correspondant. L’URPS concentre désormais le projet sur la formation du personnel des EHPAD et réalise parallèlement une étude épidémiologique des patients ;
• pour les handicapés plus jeunes, à la demande de l’ARS, l’URPS élabore un programme de prévention avec des visites de dépistage et la formation à l’hygiène bucco-dentaire dans les IME. Le principe d’un examen bucco-dentaire annuel est acquis par l’ARS. Reste un problème financier avec les caisses primaires d’assurance maladie. L’examen bucco-dentaire est honoré à 30 euros alors que l’URPS demande 60 euros pour ce type de visite ;
• en Lorraine, l’URPS a lancé un programme de soins aux personnes âgées résidant en EHPAD copiloté par l’ARS. Ce projet, mûri pendant toute l’année 2014, a fédéré les compétences de nombreux acteurs : la faculté, le Conseil général, la direction des EHPAD, les mutuelles et des praticiens libéraux. L’URPS devait financer le surcoût lié aux soins aux personnes dépendantes pendant la phase d’expérimentation. Et la Sécurité sociale, la mutualité et la caisse de retraite prenaient le relais si le projet était viable. Mais depuis décembre dernier, l’ARS est muette. Le président de l’URPS craint un revirement de l’ARS qui ferait échouer ce projet ;
• l’URPS a réussi à faire intégrer dans la fiche de sortie d’hôpital, dans le cadre du parcours de santé des aînés PAERPA (personnes âgées en risque de perte d’autonomie), 2 lignes sur l’état bucco-dentaire : la personne est-elle porteuse d’un appareil, s’en plaint-elle ? A-t-elle des difficultés pour manger ? Plusieurs praticiens ont été contactés à la suite de ce questionnaire.
L’URPS du Languedoc-Roussillon participe à l’expérience de télé-dentisterie qui a jusqu’à présent été menée uniquement dans un univers hospitalier (cf. Clinic mars 2015 p. 19). Des praticiens libéraux recrutés dans chaque département de la région vont expérimenter le diagnostic à distance des patients en EHPAD, depuis leur cabinet. L’ARS a financé les caméras que des infirmières vont manœuvrer dans la bouche des patients. L’URPS recrute les praticiens et les finance le temps de l’expérimentation. Elle finance aussi les modifications du logiciel qui permet un flux sécurisé pour l’envoi des données.
En Limousin, l’URPS projette de mettre en place une démarche contractuelle avec l’ARS. L’URPS cofinancerait une plaquette regroupant les recommandations indispensables pour le cabinet dentaire. La diffusion de cette plaquette serait accompagnée de formations dans plusieurs villes auxquelles le pharmacien inspecteur de l’ARS serait associé.
En Bourgogne, l’URPS organise des visites confraternelles. Des chirurgiens-dentistes libéraux volontaires sont formés pour visiter les cabinets et analyser le risque infectieux en s’appuyant sur la grille technique établie par l’ADF. Tout praticien peut demander à bénéficier de la visite d’un binôme de confrères « conseils en qualité » qui lui adresse ensuite un rapport.
L’opération est réalisée en partenariat avec l’Ordre qui garantit la confidentialité, le CHU qui forme ces praticiens-conseils en qualité et l’ARS qui finance l’opération. Depuis 2 ans, ce modèle a permis la visite de 70 cabinets.
La diffusion d’ouvrages de référence et/ou l’organisation de formations gratuites ont été un bon moyen pour faire connaître l’URPS parmi les confrères. La diffusion du guide de l’ADF dans de nombreuses régions a connu un franc succès. Mais aussi d’autres initiatives comme dans le Nord-Pas-de-Calais. L’URPS a financé la diffusion d’une édition spéciale de l’ouvrage de Didier Gauzeran, sur les cancers de la muqueuse buccale*, auprès des 1 800 chirurgiens-dentistes de la région. Le but était de fournir une base documentée riche en photos pour que l’attention du praticien soit attirée, lors de l’examen de son patient, par des lésions inhabituelles qu’il pouvait comparer à celles de l’ouvrage. L’auteur a aussi été sollicité pour faire des formations dans plusieurs villes de la région.
Dans le Limousin, les URPS de médecins et chirurgiens-dentistes projettent de mener une campagne de communication commune sur les recommandations concernant les anticoagulants.
En Lorraine, toutes les URPS se réunissent, depuis 2 ans, tous les 2 mois pour travailler sur le diabète. Un dépliant destiné aux patients a été élaboré, montrant que toutes les professions sont concernées par cette maladie. Dans la foulée, l’URPS des chirurgiens-dentistes va proposer des formations sur le diabète.
En Bourgogne, l’URPS des chirurgiens-dentistes s’est associée à 5 autres URPS pour élaborer un module d’éducation thérapeutique du patient (ETP) dans le cadre de maladies chroniques. L’ARS a soutenu financièrement la démarche et s’est associée à la rédaction d’une plaquette envoyée à tous les professionnels de santé concernés.
En Rhône-Alpes, 8 URPS se sont rassemblées dans le but de mutualiser des moyens, d’échanger et de mettre au point des projets interprofessionnels.
En Île-de-France, l’activité de l’URPS s’est focalisée sur l’achat d’un siège à Paris. Cette « maison des chirurgiens-dentistes conventionnés libéraux d’Île-de-France », acquise par autofinancement pour 2,2 millions d’euros dans le quartier de l’Étoile, dispose de 3 niveaux dont un rez-de-chaussée qui sera équipé de 2 fauteuils pour accueillir des patients handicapés soignés par des praticiens franciliens qui ne peuvent les accueillir dans leur propre cabinet (80 % des cabinets parisiens ne pourront pas être mis aux normes, selon l’URPS).
Dans les Pays de Loire, avec le soutien de l’ARS, l’URPS :
• a créé un panel d’observation des conditions d’exercice des chirurgiens-dentistes afin de recueillir régulièrement l’opinion des confrères sur leur environnement professionnel et de mieux connaître leur choix d’organisation et les difficultés qu’ils rencontrent dans leur exercice ;
• organise la formation de chirurgiens-dentistes qui deviendront des « praticiens facilitateurs ». Ils aideront les professionnels de santé qui veulent créer une maison de santé pluridisciplinaire à bâtir leur projet de santé ;
• intervient dans les maisons de santé pluridisciplinaires pour présenter la profession dentaire et expliquer les pathologies sur lesquelles les chirurgiens-dentistes peuvent intervenir, comment travailler ensemble, etc.
En Lorraine, l’URPS finance un prix de thèse.
L’URPS de Basse-Normandie finance les frais de déplacement d’un architecte qui se rend dans les cabinets pour la mise aux normes d’accessibilité.
En Bretagne, l’URPS prévoit d’organiser des réunions de secteur pour sensibiliser les confrères à l’utilisation d’une messagerie sécurisée afin d’échanger de façon « étanche », comme le font les pharmaciens et les médecins. L’ARS devrait financer ce projet.
* D. Gauzeran. Des lésions à risque aux cancers des muqueuses orales. Editions CdP ; 2014.