On cherche parfois très loin ce qui se trouve déjà chez soi… Élisabeth Demésy-Villemin en a fait l’expérience. L’omnipraticienne a toujours aimé travailler en équipe. C’est un peu par surprise qu’elle s’installe avec celui qui partage sa vie lorsque sa collaboratrice la quitte. Retour sur le parcours d’une praticienne fait de séparations et de nouveaux départs.
Hiver 2009, à Obernai. L’air humide alsacien s’est engouffré au milieu des remparts de la ville. Parmi les maisons à colombages, au détour d’une rue pavée du centre-ville, la porte du cabinet d’Élisabeth Demésy-Villemin apparaît sous un porche. Au premier étage, toute l’équipe s’active alors que les premiers patients sont accueillis dans la toute nouvelle structure créée par cette praticienne à l’énergie débordante !
L’aventure professionnelle d’Élisabeth Demésy-Villemin débute en 1997 à Strasbourg où la jeune doctoresse achève son parcours universitaire avec l’obtention de son diplôme. Elle commence par une collaboration très fructueuse dans un cabinet du côté de Mulhouse. Après une thèse de recherche soutenue deux années plus tard et une dernière année de collaboration pour parfaire sa formation, elle se « jette à l’eau » et rachète la patientèle d’un praticien qui prend sa retraite.
La jeune femme s’installe dans une « demeure assez pittoresque » datant du XVIIe siècle en centre-ville. La configuration des lieux n’est pas très adaptée à l’exercice. Un mur très fin sépare une salle de soins à gauche et une salle d’attente à droite. Une configuration qui laisse à désirer pour la confidentialité avec les patients. « Mais c’était parfait pour commencer à me faire connaître », reconnaît la jeune femme. Rapidement, Élisabeth Demésy-Villemin effectue des travaux, reconsidère la fameuse cloison, réagence la structure. Elle conserve néanmoins le seul fauteuil du précédent praticien et poursuit la collaboration avec Fabienne Musser, assistante. Cette dernière, habituée des lieux, lui permet de faire le lien avec la patientèle de son prédécesseur.
En 2003, Catherine Oury intègre le cabinet à temps partiel en tant que collaboratrice. Élisabeth peut alors organiser son activité et garder du temps pour sa vie de famille. Elle y voit également l’occasion de partager son savoir avec des jeunes qui se lancent.
L’année 2007 sera une année de formation. L’omnipraticienne intègre un cycle de management et organisation de 1 an. Cette période lui fait prendre conscience du manque d’espace et d’un mauvais aménagement de son cabinet pour aborder en toute confidentialité les présentations de projets de traitement, les ententes financières. « J’étais consciente qu’il fallait aussi développer mon cabinet avec un fauteuil en plus. Mon nouvel objectif a été d’offrir un cadre de soin et de travail optimal pour moi et mes patients », explique Élisabeth. Elle mûrit alors un projet d’agrandissement et d’association avec Catherine. Décidées, les deux femmes passent à l’action. Pourtant, rien ne se passe comme prévu.
Élisabeth achète un ancien local d’esthétique dans la petite ruelle pavée du centre d’Obernai… mais seule. Catherine a fait marche arrière lorsqu’elle a eu l’occasion de récupérer la patientèle de deux praticiens dans une autre ville. L’omnipraticienne fait reconstruire entièrement les lieux avec un accueil, un bureau de confidentialité, une salle de stérilisation vitrée… et un second fauteuil. Elle investit également dans du nouveau matériel. Une radiographie panoramique trouve sa place.
En 2009, c’est entourée d’une nouvelle équipe, Lise, sa nouvelle collaboratrice, et Fabienne, son assistante de longue date, qu’elle ouvre sa structure : « II fallait penser à beaucoup de choses, prévenir la patientèle du déménagement, etc. C’était stressant. Mais les patients étaient contents. Ils remarquaient tout le travail accompli et trouvaient le résultat réussi ».
Les journées de Lise, Fabienne et Élisabeth sont chargées. Mais le déménagement est bénéfique. Rapidement, l’agenda passe de 2 semaines de délai pour les rendez-vous à 2 mois. Un an plus tard, l’équipe s’agrandit. Sandrine, une nouvelle assistante, vient rejoindre en renfort Lise, Fabienne et Élisabeth. Mais un jour, Lise décide de se tourner vers d’autres horizons et quitte le cabinet.
Élisabeth, pourtant de nature optimiste, finit par voir ce départ comme une énième dépense d’énergie. Un soir, elle lance spontanément à son époux : « J’arrête tout ! Je quitte mon cabinet et je me mets en collaboration avec toi. » Simon lui fait une autre proposition : « Et si j’apportais ma spécialité en implantologie chez toi… »
Spécialisé en chirurgie complexe, Simon Villemin exerce depuis 2001 à une vingtaine de kilomètres de son épouse, dans le petit village de Schirmeck. Élisabeth lui adresse ses patients en parodontie, endodontie et implantologie depuis leurs débuts.
Des patients sont parfois freinés par la distance qui sépare les deux cabinets. Ils évoquent pour la première fois la question d’un rapprochement et la synergie qui peut en découler leur semble tout à coup évidente. Avec le départ de Lise, le deuxième fauteuil est disponible. Simon peut être remplacé par son collaborateur plusieurs jours par semaine dans son cabinet : « Je vois dans cette idée une complémentarité et une synergie qui coulent de source. Cela nous permettrait un meilleur suivi des patients. Mais pourquoi n’y avons-nous pas pensé plus tôt ? », s’étonne Simon Villemin.
L’année suivante, la collaboration des deux praticiens est en marche. Ils forment Fabienne et Sandrine à l’implantologie. Chaque membre de l’équipe se fait petit à petit à la nouvelle organisation et à la nouvelle répartition des tâches. L’activité de Simon se développe rapidement. Et le praticien est de plus en plus présent à Obernai. Bien qu’ils partagent leur lieu de travail, mari et femme se croisent peu : « Même nos assistantes nous disent en riant que l’on ne se voit jamais », sourit Élisabeth.
Nouvelle évolution de l’équipe en 2014. Fabienne prend sa retraite. « Après 15 ans passés ensemble, laisser une personne de confiance comme elle, ce fut comme un nouveau cap à passer pour moi », se souvient Élisabeth.
Après le départ de la fidèle assistante, les choses s’accélèrent dans la vie professionnelle du couple. Ils approfondissent encore le rapprochement de leurs activités en rachetant le rez-de-chaussée du cabinet. L’espace est doublé, passant de 100 à 200 m2. Leur objectif est de créer une véritable clinique dentaire. Les projets en cours visent à compartimenter le cabinet par spécialité. Le 1er étage doit être totalement transformé. Trois salles d’omnipratique occuperont le rez-de-chaussée et la partie opératoire se trouvera à l’étage : « Nous avons choisi d’ordonner les travaux par niveaux, pour continuer à exercer dans celui qui est libre. En ce début d’année 2015, nous avons la tête dans les devis, les patients, les travaux ! »
À moyen terme, Simon devrait cesser son activité à Schirmeck pour s’installer à temps plein avec son épouse dans la rue pavée d’Obernai, au milieu des maisons à colombages. La transformation du rez-de-chaussée est déjà en cours. La fin des travaux est prévue pour septembre 2015. Affaire à suivre !
Le plafond tendu violet qui fait un effet « waouw ! » auprès des patients (et qui sera conservé après les travaux).