Clinic n° 04 du 01/04/2015

 

L’ÉVÉNEMENT

ANNE-CHANTAL DE DIVONNE  

Le projet de loi de Marisol Touraine poursuit imperturbablement son chemin malgré l’opposition des professionnels de santé qui ne faiblit pas. Ces derniers mois, la fermeture des cabinets des libéraux, le retour des feuilles de soins papier, les grèves et les manifestations se sont succédé. Celle du 15 mars a été un succès pour les organisateurs. Plus de 40 000 - 19 000 pour la police - médecins et non-médecins, toutes générations confondues, venus de toute la France, ont...


Le projet de loi de Marisol Touraine poursuit imperturbablement son chemin malgré l’opposition des professionnels de santé qui ne faiblit pas. Ces derniers mois, la fermeture des cabinets des libéraux, le retour des feuilles de soins papier, les grèves et les manifestations se sont succédé. Celle du 15 mars a été un succès pour les organisateurs. Plus de 40 000 - 19 000 pour la police - médecins et non-médecins, toutes générations confondues, venus de toute la France, ont battu le pavé parisien. Les chirurgiens-dentistes, nombreux, avaient répondu à l’appel unitaire de tous leurs syndicats pour s’opposer à la mesure phare du projet, la généralisation du tiers payant, mais aussi, à « l’étatisation de la médecine », au développement des réseaux de soins, aux centres low cost qui résultent des honoraires de soins sous-évalués, à la dissociation de l’acte prothétique, à la centralisation des données de santé…

Rien n’y a fait. La généralisation du tiers payant en 2017 a franchi une première étape parlementaire avec un vote favorable de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale dans la nuit du 19 mars. Et le projet de loi devait être débattu dans l’Hémicycle à partir du 31 mars. Tout pourrait ensuite aller très vite puisque la procédure accélérée a été retenue. Le Gouvernement affiche une détermination sans faille. Manuel Valls comme Marisol Touraine sont restés inébranlables devant les médecins, seuls conviés, après la manifestation. Ni l’Ordre des chirurgiens-dentistes, ni les syndicats de la profession n’ont jamais été reçus par la ministre, malgré les demandes.

Face au mur dressé par les pouvoirs publics, la profession a décidé de s’adresser directement au grand public. Le dimanche 12 avril sera une journée portes ouvertes des cabinets dentaires pour expliquer directement aux patients les raisons de l’opposition de la profession au projet de loi, mettre en exergue ses compétences et ses responsabilités et montrer l’organisation d’un cabinet dentaire. Bref, sensibiliser le grand public car « à la fin, c’est le patient qui sera toujours le grand perdant », entendait-on dans les rangs de la manifestation.