DE BOUCHE À OREILLE
D’un côté, le lobby « mutuallo-assurantiel » exerce une pression soutenue sur notre profession en incitant à propager le cancer des réseaux de soins, qui seront la fin de l’exercice libéral. De l’autre, le Gouvernement, considérant cette étape comme acquise, fignole la prise en tenaille des professions de santé : le tiers payant. Résultat : une fois que les assureurs contrôleront en amont le flux des patients et en aval celui des règlements, nous serons devenus des...
D’un côté, le lobby « mutuallo-assurantiel » exerce une pression soutenue sur notre profession en incitant à propager le cancer des réseaux de soins, qui seront la fin de l’exercice libéral. De l’autre, le Gouvernement, considérant cette étape comme acquise, fignole la prise en tenaille des professions de santé : le tiers payant. Résultat : une fois que les assureurs contrôleront en amont le flux des patients et en aval celui des règlements, nous serons devenus des prestataires de services de soins corvéables à merci. Je me répète ? Il faut que le message passe.
Or, il est intéressant de chercher la raison qui pousse les assureurs à mettre la main sur nos professions. Inutile d’approfondir : c’est ultra-profitable. En effet, après avoir multiplié des offres promotionnelles plus alléchantes les unes que les autres, promis de rembourser les cures thermales, l’ostéopathie, les transports par véhicule sanitaire léger, les orthèses sportives et les couvertures chauffantes, les assureurs font un constat : les seules garanties qui peuvent leur amener des clients sont celles liées au dentaire et à l’optique. Nous sommes donc un produit d’appel. Or, un produit d’appel doit être le plus rentable possible, c’est-à-dire coûter peu et rapporter beaucoup. Donc, afin de rembourser le moins possible ce que les assureurs sont obligés de rembourser, il faut que les prix pratiqués par les dentistes diminuent. D’où la création des réseaux de soins, destinés avant tout à laminer notre profession. Ensuite pour attirer le client et le faire payer, ils n’hésitent pas à promettre des remboursements fantasmagoriques, mais à condition qu’ils soient pris en charge par la CPAM : 500 % de 0, cela fait toujours 0. De plus, une surenchère ridicule concernant les remboursements leur permet d’augmenter les montants de leurs contrats en proposant aux clients de payer le plus possible des services dont ils ne verront jamais la couleur. Résultat : les assurés payent toute leur vie très cher pour des services qu’ils n’utiliseront jamais ou qui leur seront prodigués au compte-gouttes en cas de besoin. Du point de vue des assureurs, c’est juteux. Du point de vue des clients, c’est du racket. Je fais souvent ce calcul avec mes patients : prenons une couronne céramo-métallique a environ 1 100 €. Le patient paye 120 € de mutuelle par mois, sur laquelle il y a 45 € de forfait hospitalier et 75 € pour les extras, soit 900 € par an. Sa prothèse remboursée 800 €, il aura un reste à charge de 300 €. Donc pour l’année considérée il aura payé 1 200 € de sa poche pour sa santé. S’il n’avait pas de mutuelle, il aurait payé 750 €… Quant aux soins lourds, il est plus intéressant pour le patient de contracter un prêt santé auprès de sa banque. Pour un remboursement égal au coût de sa mutuelle, il aura l’intégralité de sa prothèse prise en charge et, une fois le prêt remboursé, il pourra faire autre chose de son argent…
CQFD : les mutuelles et assurances dentaires ne servent à rien pour les patients.