Clinic n° 07 du 01/07/2017

 

DE BOUCHE À OREILLE

Frédéric BESSE  

Il y a seulement 30 ans, préparer une couronne consistait à tailler vaguement une dent (pas trop pour ne pas user les fraises ni perdre de temps) puis à demander au prothésiste, qui officiait souvent dans son garage, de former et souder autour une bande de métal bouchée par une face occlusale vaguement sculptée.

Pour traiter une carie, le praticien excavait la dentine à la curette et obturait en bourrant autant d’amalgame qu’il pouvait en mettre.

En y laissant parfois...


Il y a seulement 30 ans, préparer une couronne consistait à tailler vaguement une dent (pas trop pour ne pas user les fraises ni perdre de temps) puis à demander au prothésiste, qui officiait souvent dans son garage, de former et souder autour une bande de métal bouchée par une face occlusale vaguement sculptée.

Pour traiter une carie, le praticien excavait la dentine à la curette et obturait en bourrant autant d’amalgame qu’il pouvait en mettre.

En y laissant parfois ses empreintes digitales ! Quant à l’endodontie, quelques coups de tire-nerf suivis d’une obturation avec des résines phénoliques ?injectées au lentulo faisaient l’affaire.

C’était l’époque de la parodontie sans solution, des extractions automatiques et des prothèses amovibles.

Aujourd’hui, nous travaillons avec des contre-angles ultra-efficaces et la parodontie n’est plus un problème. Les obturations et les pièces de reconstitution des pertes dentaires nous sont proposées par des laboratoires de prothèse aux allures de centres de recherche spatiaux. Et la précision de leur ajustage, grâce aux progrès des techniques et des matériaux d’empreinte, est micrométrique. Les endodonties s’exécutent à l’aide d’instruments aux capacités de coupe et à la souplesse stupéfiantes, avec des résultats enfin prédictibles. Quant aux techniques implantaires, leur précision mécanique est incroyable.

Mais nous travaillons toujours avec nos pauvres yeux, souvent imparfaits donc corrigés par des lunettes. Et qui sont systématiquement fatigués en fin de journée. Le décalage entre l’imprécision de notre vision, et donc de nos gestes opératoires car l’esprit guide la main, et la précision des techniques à notre disposition est devenu préoccupant. Il suffit pour s’en convaincre d’examiner nos empreintes de prothèse fixée…

De nombreux confrères, conscients de ces limites, utilisent des loupes binoculaires. Mais leur grossissement est faible et elles entraînent des problèmes de cervicales. Alors, en attendant les caméras intrabuccales qui nous permettront de travailler sur des écrans, la solution passe par le microscope opératoire : il permet de faire des préparations de prothèse fixée sur des dents de la taille d’un bol (grossissement × 4) ou d’une assiette (× 8). Il révèle quantité de microcaries invisibles à l’œil et décèle le tartre le plus indécelable. Il autorise l’élaboration de composites antérieurs multicouches aux formes parfaites et sans hiatus. Et, comme le dit le proverbe périgourdin, quand c’est propre au microscope (× 8, voire × 16), c’est invisible à l’œil.

Enfin, parfois, le microscope opératoire permet aussi de détecter les entrées canalaires cachées et il facilite la microchirurgie.

Tout cela avec le dos droit et sans accommoder, ce qui réduit considérablement la fatigue en fin de journée. Pour travailler depuis 12 ans, plusieurs heures par jour, avec cette merveille, je puis vous assurer que son acquisition est le meilleur moyen de retrouver le plaisir de la dentisterie. Alors, faites au moins l’essai et n’hésitez pas à me demander des précisions !