Depuis près d’un an, les côtes bretonnes sont saisies par une lame de fond, celle de la prévention bucco-dentaire. Grâce à Antoine Gloanec, jeune chirurgien-dentiste sensibilisé à la parodontologie, et à sa compagne, Chloé, les enfants bénéficient à bord de l’Océan dentiste, de recommandations en hygiène, s’initient à un brossage efficace et, surtout, oublient leur peur du dentiste.
Ils voguent pour la santé bucco-dentaire. Et quand Antoine Gloanec, Chloé Gauthier et Max, leur fils âgé de 5 mois, jettent l’ancre, c’est pour inviter les enfants et leurs parents à découvrir l’hygiène dentaire dans un décor inédit, celui d’un cabinet dentaire flottant situé dans la nacelle centrale d’un catamaran équipé d’un matériel de stérilisation et d’un équipement radio. En un an, plus de 2 000 élèves du primaire et de grande section de maternelle ont ainsi bénéficié d’une formation et de conseils à l’hygiène bucco-dentaire, voire, dans le cas de pathologies, d’une orientation vers un dentiste. Car, à bord de l’Océan dentiste, le cap est mis sur la prévention. « Il s’agit de dédramatiser la visite chez le dentiste et d’inciter les enfants comme leurs parents à se faire suivre. Car ce projet est né d’un constat : 80 % des adultes sont touchés par une parodontie et, au-delà des ravages sanitaires, les dégâts humains, notamment sur la socialisation, sont énormes. Il s’agit donc de démystifier le cabinet dentaire par l’expérience sur le bateau afin de remettre petits et grands sur le chemin du dentiste », énonce Antoine Gloanec, au parcours très investi dans la parodontologie.
Cabotant du nord au sud de la Bretagne, avec TS42, un catamaran de 13 mètres conçu spécialement pour cette mission, le chirurgien-dentiste et sa compagne ont réussi le pari de réunir leurs deux passions, la voile et la prévention. Rien n’était gagné pour ce Breton de 35 ans, diplômé de l’université de Rennes, et cette Canadienne de 32 ans qui assure la logistique, les relations extérieures et le multimédia. « Nous avons voulu construire quelque chose de logique, de structuré autour d’un concept innovant », expose Antoine Gloanec. Le skipper et son second n’ont pas hésité à investir leurs économies dans ce projet et même à contracter un emprunt pour réunir le financement (500 000 euros) de leur catamaran construit sur mesure par les chantiers navals Marsaudon Composites de Lorient.
Une coque est réservée au matériel d’information, notamment aux 11 000 kits qui sont distribués en partenariat avec Bioseptyl, la branche bucco-dentaire de la société La Brosserie française. « Avec ses deux coques, le catamaran est le bateau qui nous paraissait le mieux adapté en termes d’espace et de stabilité pour accueillir du public et la charge d’un cabinet dentaire, notamment le fauteuil. Il gîte beaucoup moins qu’un monocoque », précise Antoine Gloanec. « Le lancement de la construction de ce bateau, sans même avoir de commanditaire, a évidemment été une prise de risque financier mais nous voulions avancer rapidement. Nous n’avions donc pas d’autre solution que de nous lancer nous-mêmes, dans un premier temps, dans cette aventure », poursuit le chirurgien-dentiste, estimant que l’attente de subventions et d’aides financières aurait retardé leur projet.
Le couple a donc choisi de mettre les voiles et d’entraîner dans leur sillage le Conseil de l’Ordre des Côtes-d’Armor, l’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD) et même 22 chefs de service de facultés dentaires. Ils ont également embarqué quelques mécènes, tels les sociétés Henry Schein, Philips et Arcade dentaire.
Retours médiatiques aidant, une cinquantaine de chirurgiens-dentistes affichent leur soutien sur la coque et des étudiants de l’université de Rennes puis de celle de Brest viennent leur prêter main-forte. Leur réputation les précède désormais sur les côtes bretonnes. À quai, les appontements stratégiques leur sont réservés et, parfois même, ils ont la surprise d’être exemptés des frais d’emplacement. À chaque fois, Antoine Gloanec et Chloé Gauthier se rendent dans les terres, où ils sont reçus dans les écoles. Après avoir exposé les grandes lignes de leur projet, ils glissent un mot dans le cahier de texte des enfants les invitant à venir leur rendre visite avec leurs parents.
Antoine Gloanec et Chloé Gauthier naviguent cependant à vue. Il n’est pas rare qu’à la demande d’une mairie, ils détournent leur route. D’autres projets s’inscrivent désormais dans leur carnet de bord. Dans les prochains mois, ils longeront les côtes françaises jusqu’à La Rochelle d’où ils largueront ensuite les amarres, fin septembre, vers les Antilles pour une seconde Transatlantique. « Nous sécuriserons la mini-transat en solitaire avant de rallier la Guadeloupe et la Martinique pour effectuer la même opération qu’ici, en Bretagne », annonce le chirurgien-dentiste, rappelant la première mission « hygiène et prévention », effectuée il y a 2 ans, avec les centres de protection maternelle et infantile (PMI) de Martinique.
Océan dentiste mettra ensuite le cap sur la Gaspésie, la pointe nord-est du Québec, et Saint-Pierre-et-Miquelon pour délivrer son message de santé bucco-dentaire. L’équipage prévoit ensuite de revenir en France*, de longer les côtes de l’Atlantique et, vraisemblablement, de gagner la Méditerranée : il a déjà une demande à Nice. Avant d’entamer, sans doute, un tour du monde bucco-dentaire, à la voile.
* Des commanditaires et des soutiens financiers sont recherchés pour continuer la mission. Informations sur : https://www.ocean-dentiste.com